Si la Thaïlande semble avoir plutôt bien géré jusqu’à présent la menace d’une épidémie de Covid-2019 sur son territoire, elle n’échappera pas aux conséquences économiques de la crise du coronavirus.

Pour le meilleur et pour le pire la Thaïlande a soudain pris conscience de son extrême dépendance à l’égard du tourisme, au point que l’effondrement constaté du tourisme au début du mois de février (-43% dont -86% pour les touristes chinois) prend presque des allures de catastrophe nationale.

Frappée de plein fouet par la chute brutale du tourisme en provenance de Chine, la Thaïlande devrait peut-être songer à remettre en question les choix qui sont à l’origine de cette dépendance.

En misant tout sur un tourisme de masse, en grande partie alimenté par des voyages organisés en provenance de Chine, la Thaïlande a fait l’impasse sur les conséquences désastreuses sur l’environnement.

Une des locomotives de la croissance thaïlandaise

Dans six mois ou un an, l’épidémie de COVID-19 ne sera peut-être plus qu’un mauvais souvenir, et les millions de touristes chinois seront sans doute de retour vers leur destination favorite : la Thaïlande.

Car c’est peu dire qu’au cours des dix dernières années le tourisme chinois a été une des principales locomotives de la croissance thaïlandaise.

En dix ans le nombre de touristes chinois a été multiplié par 14 : en 2009 la Thaïlande avait accueilli quelques 777 500 touristes en provenance de Chine, sur un total de 14 millions soit 5,5%.

Dix ans plus tard, en 2019, ils étaient 11 millions sur 39,8 millions d’arrivées soit 27,6% du total des touristes visitant la Thaïlande, et plus de 30% des recettes du tourisme.

Les contreparties de la manne chinoise

Plusieurs banques et instituts de conjoncture ont déjà tenté de prévoir la croissance en 2020 en tenant compte de deux paramètres essentiels : le PIB de la Thaïlande, qui s’élève à 504 milliards de dollars, et les apports en devises du tourisme chinois sont évalués à 18 milliards de dollars.

Le calcul est en fait assez simple: une baisse de 50% du tourisme chinois représenterait à lui seul un manque à gagner de 9 milliards de dollars soit 1,8% du PIB de la Thaïlande.

Si un tel scenario se confirme, la croissance thaïlandaise pourrait ne pas dépasser les 1% cette année.

Un tourisme de masse toxique

Le tourisme de masse encouragé par la Thaïlande, en grande partie en se reposant sur un flux en constante augmentation de touristes chinois, a fait l’impasse sur les aspects qualitatifs du problème.

Une croissance à marche forcée qui ne s’est pas faite sans soulever quelques questions, à commencer par les conséquences désastreuses pour l’environnement d’un tourisme de masse développé sans aucun plan de contingentement.

Aéroports surchargés, files d’attente interminables aux contrôles de l’immigration s’accompagnent désormais d’un environnement de plus en plus dégradé : le prix à payer pour encaisser les milliards de la manne chinoise, au détriment d’un autre tourisme plus respectueux de la nature et d’une certaine authenticité.

L’exemple emblématique de cette politique reste la gestion de Maya Bay, une plage paradisiaque située sur une île qui fait partie de l’archipel de Phi Phi au large de la côte de la province de Krabi.

Au bout de quelques année de fréquentation intensive, la plage a purement et simplement été fermée pour une durée indéfinie pour échapper à une catastrophe environnementale pourtant assez prévisible.

D’autres aspects du tourisme de masse encore plus contestables, comme le maintien de parcs animaliers offrant des spectacles douteux pour les touristes, ont récemment été l’objet de plusieurs reportages qui ont sérieusement écorné l’image de la Thaïlande.

Récemment un journaliste ayant enquêté sur les zoos et parcs pour éléphants du royaume en était à se demander si’il ne fallait pas tout simplement interdire le tourisme (“Faut-il interdire le tourisme .”) pour mette fin à la maltraitance des animaux en Thaïlande.

Le coronavirus a fait prendre conscience à la Thaïlande de son extrême dépendance à l’égard des touristes chinois, synonyme d’un tourisme de masse avec des conséquences très importantes sur la dégradation de l’environnement.

Si la Thaïlande veut conserver son statut de destination internationale de premier plan, elle ne peut pas tout sacrifier aux exigences de la rentabilité et du tourisme de masse, qui détruit tout sur son passage.

10 comments
  1. La Thaïlande est un pays agréable, il faudrait un tourisme modéré, attention aux prédateurs
    qui risquent polluer n’importe quel pays, si on n’y prend garde.

  2. Je vis à côté du premier pont de l’amitié en Thaïlande et Laos, les autorités devraient faire respecter la loi sur l’environnement, il y a tellement de plastique partout parterre, ça ne donne pas vraiment envie de rester, sans compter les tracasseries administratives avec l’immigration des 90 jours, le prix du visa et celui des multiples entrées et sorties, et encore le Bath qui était (avant ce virus) devenu par rapport à juin 2019 plus de 10% plus cher, je me questionne de rester ou non,

  3. En mars 2019 je suis allée pour 12 jours, en voyage organisé.
    Notre groupe comportait 30 personnes. Découverte totale, en 1er les chinois qui pour ma part sont exécrables, individualistes, aucun sens civique et mal élevés. Je ne suis pas mécontente que des dispositions du gouvernement Thaïe réfléchisse à de nouvelles formules… Par contre les russes ont mis main basse et je ne suis pas certaine que ce soit mieux !…. Mafia russe/mafia chinoise ?!…

  4. Nous revenons de Phuket et Koh Lipe….. Quel calme, un tourisme “normal”, sans saturation, des îles tranquilles…. On se serait cru 20 ans en arrière ! Le tourisme chinois est nécessaire mais il a pris une ampleur qui n’est plus raisonnable pour un pays qui possède des richesses naturelles uniques. 11 millions de touristes chinois, c’est 10 fois trop….. Malheureusement, il s’agit d’une pause, certes bienfaitrice pour ce pays, mais une pause seulement……

  5. Je me posais la même question
    Tres étrange effectivement.

  6. Ils ont tellement bien compris qu’ils repromotionnent les visas gratuits pour chinois pour cintrer le manque de touristes

  7. Ou le drame total:
    Visas chinois facilités!
    Plus aucun controle de temperature , plus aucune distribution de masque, pas de séparation des touristes chinois à l’aéroport.
    Bref, comme si le fleau avait disparu.
    De plus, nos chers medias qui nous parlent avec insistance dea chiffres en chute libre du tourime (chinois+++). Et tentent de rassurer pour attirer…
    Mais un fait me titille: depuis 8longs jours plus aucun cas !!! , 7 le samedi 8/02 et plus rien!
    Le virus a décidé de s’arrêter de venir embêter l’économie thaie?
    C’est dans ces grands moment de silence politico-mediatiques que je deviens encore plus méfiant….
    Si les touristes chinois reviennent, ils pourront hurler, batifoler sur les derniers coraux, casser les lits des hoteliers et consommer à leur guise, pourvu que leurs TO paient.. Dans la culture thaie, on n’anticipe pas, le moyen ou long terme n’ont pas de sens.

  8. PLUS AUCUN INTERET à ‘aller en THAILANDE les européens l’ont bien compris devenus agressifs , hausse du bath trop elevée il reste heureusement vietnam cambodge etc

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