Ces dernières années, l’euro s’est continuellement apprécié face au dollar. Et comme le yuan chinois et les autres devises d’Asie orientale sont indexées sur le dollar, l’euro s’est aussi apprécié sans interruption face à elles toutes. C’est ce mécanisme qui aboutit indirectement à un taux élevé de l’euro en baht thaïlandais.

Les inquiétudes européennes sur les taux de change sont justifiées. Mais c’est vers les devises d’Asie orientale qu’elles devraient être dirigées, pas vers le dollar. L’acteur clé est désormais la Chine. C’est elle qui a les plus gros excédents. En outre, les pays d’Asie orientale sont peu disposés, à ajuster leurs devises en l’absence d’une réévaluation chinoise, craignant de perdre leur compétitivité.

Le refus de la Chine de réévaluer de façon significative sa devise par rapport au dollar provoque donc un processus de réajustement, qui fait porter le fardeau du rééquilibrage du déficit commercial des Etats-Unis exclusivement sur l’Europe.

Depuis 2007, la Chine teste un rôle plus important pour sa devise nationale

A terme c’est bien la question de la place du yuan et du dollar dans le système monétaire mondial qui est posé, face aux incertitudes qui minent la position dominante du dollar.  On peut penser qu’à moyen terme le déclin relatif du dollar pourra profiter à une plus grande utilisation des monnaies asiatiques par le biais d’une accélération des échanges commerciaux et financiers dans le cadre de l’ASEAN.  La Chine a tout intérêt à ce que le Yuan serve de monnaie de référence dans la région à la place du dollar.

Hong Kong, place financière internationale, utilise d’ailleurs de plus en plus la devise continentale pour ses échanges. Même si son cours et sa convertibilité reste étroitement surveillés par les autorités chinoises, plusieurs indices laissent à penser qu’une plus grande ouverture vers des mécanismes de marché est possible pour le yuan.

Depuis octobre 2007, la Chine a permis aux institutions financières du continent d’émettre des obligations à Hong Kong. Fin 2008, le Conseil des Affaires d’Etat autorise les firmes hongkongaises réalisant le gros de leur activité sur la partie continentale à émettre des obligations libellées en yuans, le but étant de développer l’utilisation du yuan par les entreprises. Aujourd’hui, les obligations émises à Hong Kong représentent 30 milliards de yuans.

La Thailande semble aussi servir de test pour la monnaie chinoise. Le mois dernier la Chine a accordé à la Bangkok Bank, une licence exclusive pour autoriser des opérations en yuan dans le royaume. Une opération susceptible d’élargir progressivement le rôle du renminbi, (RMB plus connu comme yuan) en Asie. La Bangkok Bank, la plus grande banque commerciale de Thaïlande en termes d’actifs, dispose déjà de quatre succursales en Chine continentale et d’un réseau de succursales dans tout le Sud-Est asiatique.

La sous évaluation du yuan pourrait être un problème aussi pour l'Europe

Depuis son plus bas historique face au dollar, le 26 octobre 2000, l’euro s’est apprécié d’environ 70%. Cette appréciation était économiquement justifiée étant donné l’excédent commercial important de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis. Cet excédent a connu son apogée en 2005 et commence à se résorber progressivement alors que l’euro s’apprécie, ce qui est exactement la façon dont une économie de marché mondialisée est censée corriger les déséquilibres financiers internationaux.

Quelques-uns en Europe son enclins à tirer la sonnette d’alarme, mais, en réalité, cette appréciation dans les limites du raisonnable. Bien que l’euro se soit apprécié de 70% depuis son plus bas historique, il ne s’est apprécié que de 20% depuis sa parité de lancement, en janvier 1999.

Dans un sens, l’Europe se retrouve désormais involontairement sur la même voie que celle dans laquelle les Etats-Unis se sont volontairement enfermés à la fin des années 90. Elle se caractérise par des déficits commerciaux, un affaiblissement des investissements industriels et la perte d’emplois industriels.

La sous-évaluation du yuan risque d’affaiblir les exportations européennes et d’accroître les importations en provenance de la Chine, alors que les dépenses sont redirigées vers les produits chinois meilleur marché. Le déficit commercial accru qui en résultera coûtera directement des emplois et une contraction de la demande et de la profitabilité des entreprises industrielles européennes fera baisser les dépenses d’investissement. A ceci, il faut ajouter que les industriels européens seront incités à fermer des usines et à déplacer la production et les nouveaux investissements vers la Chine, exactement comme cela s’est passé aux Etats-Unis.

La vérité est que, selon tous les critères, la devise chinoise est sous-évaluée à la fois par rapport au dollar et à l’euro. La Chine enregistre des excédents commerciaux énormes et croissants tant avec l’Europe que les Etats-Unis ; et, par-dessus le marché, sa balance des paiements est encore plus excédentaire, puisque à son excédent commercial il faut ajouter un afflux massif d’investissements étrangers directs.

1 comment
  1. Cela n’arrange pas les affaires des retraites farang.
    14.07.2008 1euro = 53,6878bath
    18.03.2010 1euro = 44,3515bath soit pour une pension de retraite de 1312,36euro
    au 14.07.2008 / 70.457,721bath
    au 18.03.2010 / 58.205,003bath d’ou une perte de 12.252,718bath ENOOOOORME c’est l’equivalent de deux mois de salaire des petites mains, en plus de cela tout les produits de premieres necessites ont serieusement grimpes vers le haut.

    Pauvre pauvre petit peuple, nous comprenons mieux l’action des chemises rouges.

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