Le riz qui a longtemps été la culture emblématique de la Thaïlande, est devenu un enjeu politique pour le gouvernement qui l’utilise pour subventionner sa base électorale dans les régions rurales. Ce qui fût longtemps une source de richesse, est en train de devenir un fardeau pour le royaume.

Le gouvernement thaïlandais a mis en place une politique populiste d’achat du riz aux agriculteurs qu’il semble désormais incapable de contrôler. Cette politique a déjà coûté à la Thaïlande sa première place d’exportateur mondial, et elle est maintenant sur le point de remettre en question la stabilité financière du royaume.

Récemment le gouvernement a cédé aux pressions du lobby des agriculteurs et restauré le prix de soutien pour le riz à 15.000 baht par tonne (484 $ US) peu de temps après l’annonce d’une réduction à 12.000 baht.  Le renversement de politique est survenu après un récent remaniement ministériel, et portait la marque de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui avait encouragé sa sœur à instaurer cette subvention en 2011.

Le riz qui a longtemps été la culture emblématique du royaume, est devenu un enjeu politique et un fardeau financier pour le gouvernement

Pourtant la décision de réduire le prix de 15000 à  12000 baht avait été saluée comme une reconnaissance tardive du fardeau que  faisait peser ce système sur ​​le budget du pays, et de la menace à long terme qu’il représente pour les finances publiques.
En effet, la veille de ce soudain revirement, le ministre des Finances, Kittiratt Na-Ranong s’était engagé à limiter le montant de la subvention  à 70 ou 80 milliards de baht par an, le maximum selon lui que le gouvernement pourrait supporter.

Une source de corruption et d’instabilité financière

Le coût pour le gouvernement jusqu’à présent a été évalué à 146 milliards de baht, mais les pertes réelles sont difficiles à calculer en raison du manque d’informations fiables sur la taille réelle et la qualité des stocks, et les prix auxquels le gouvernement a vendu du riz dans les transactions de gouvernement à gouvernement. Le programme est aussi reconnu pour provoquer une corruption massive au niveau des meuniers qui achètent le riz aux agriculteurs pour le revendre ensuite au gouvernement.

Avec des niveaux de revenu en Thaïlande beaucoup plus élevés que ses concurrents que sont le Vietnam, l’Inde ou le Myanmar; la Thaïlande a davantage besoin d’un coup de pouce pour sa  productivité agricole , plutôt que d’une subvention aveugle qui aboutit à laisser moisir des millions de tonnes de riz dans des hangars.

Augmenter à nouveau les subventions intervient aussi à un moment critique où le gouvernement affiche des plans ambitieux pour engager des dépenses massives dans les transports urbains, et les systèmes de contrôle des inondations, qui risquent d’être des énormes sources de corruption.

Le riz n’est pas non plus la seule mesure populiste coûteuse et d’une efficacité douteuse du gouvernement de Yingluck. Une autre étant la désastreuses subvention pour les premiers acheteurs de voiture qui ne peut qu’exacerber les problèmes de circulation urbaine et la facture des importations de carburant.

Dans le même temps les perspectives économiques mondiales sont moins florissantes pour la Thaïlande :  une croissance plus faible en Chine, la volatilité du taux de change du baht, les inquiétudes sur les augmentations brusques de la dette des entreprises alimentées par les prises de contrôle de grande envergure et à prix élevé  de CP Group (Siam Makro) et Thaibev (Fraser & Neave à Singapour), sont autant de facteurs qui devraient inciter à la prudence.

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