Ce matin la presse thaïlandaise a rendu public le nom du 11e riziculteur mort suicidé depuis le début de la faillite du programme de soutien aux prix du riz.

Anant Saiprayong, 49 ans, agriculteur dans le district de Pathumthani a été retrouvé pendu chez lui. Selon son épouse Chantana, 47 ans, son mari se plaignait d’être lourdement endetté et de ne plus pouvoir rembourser ses dettes, après avoir vendu sa récolte de riz au gouvernement.

Les subventions aux prix du riz, qui ont servi de tremplin électoral  au gouvernement Shinawatra depuis deux ans, se sont transformées au fil du temps en une véritable bombe à retardement pour la Thaïlande.

Une mauvaise gestion des stocks, aggravée par une opération de spéculation ratée sur les cours mondiaux du riz, ont converti une politique populiste en désastre économique et politique.

Dernier épisode en date plutôt embarrassant pour le gouvernement : les épargnants se sont rendus en masse aux guichets de la Government Saving Bank (GSB), sorte de Caisse d’épargne thaïlandaise, pour vider leur compte, dès qu’ils ont appris que la banque avait consenti un prêt au gouvernement pour reprendre les paiements aux agriculteurs.

Au départ un objectif  sensé…

Au départ, l’objectif du programme de subvention au riz n’avait rien d’extravagant : assurer aux agriculteurs un revenu stable, et stimuler le pouvoir d’achat dans les régions les plus pauvres de Thaïlande.

Une politique qui avait le double avantage de conjuguer un rééquilibrage de la distribution des richesses entre Bangkok et les zones rurales, et de récompenser l’électorat du Pheu Thai, le parti qui soutien le gouvernement Shinawatra.

mais doublé d’un pari spéculatif risqué

Le gouvernement a cependant assorti son plan d’un pari spéculatif sur les cours mondiaux du riz, prévoyant que la thésaurisation de stocks massifs de riz ferait monter les prix, et lui permettrait de réaliser une bonne opération financière en sus de son programme populiste.

Mais c’est le contraire qui s’est produit : les dernières années ont vu le marché mondial du riz s’orienter vers des capacités excédentaires en raison de conditions météorologiques favorables.

D’autres pays en ont profité pour augmenter leur production et s’approprier les parts de marché de la Thaïlande, qui a perdu son titre de premier exportateur de riz au profit de l’Inde et du Vietnam.

Même si le système de nantissement des récoltes de riz a réussi à augmenter de manière significative les revenus des agriculteurs, il a dans le même temps provoqué un effet secondaire lourd de conséquences sous forme d’un endettement excessifs des ménages ruraux.

Pris au piège de l’endettement

Les producteurs de riz ont cru pouvoir s’endetter en s’appuyant sur un flux de revenus stables et surtout durables. Ils ont acheté de nouveaux pickups, des motos et des smartphones grâce aux crédits à la consommation, sans penser que le gouvernement pourrait un jour revenir sur ses engagements.

Malheureusement, lorsque Mme Yingluck Shinawatra a dissous la Chambre le 9 décembre dernier, elle a oublié de sécuriser les finances du gouvernement pour payer les agriculteurs. Compte tenu de son statut de Premier ministre par intérim, son gouvernement est maintenant confronté à des restrictions légales pour contracter de  nouveaux emprunts, ce qui a à son tour a découragé les banques de consentir des prêts relais pour payer les agriculteurs.

Selon les estimations rendues publiques par un sous-comité du ministère des Finances chargé de la comptabilité du régime de nantissement, les pertes pourraient atteindre 400 milliards de baht pour les deux premières saisons de récolte. L’ancien ministre des Finances et gouverneur de la Banque de Thaïlande M. Pridiyathorn Devakula estimé à plus de 425 milliards de baht en pertes.

 

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