Magistralement incarné par Tahar Rahim dans les huit épisodes de la série de Netflix, l’histoire de Charles Sobhraj, dit «Le Serpent» commence le 6 avril 1944 à Saïgon, où il nait d’un père indien et d’une mère vietnamienne.

Emprisonné au Népal dans la prison de Katmandou après avoir été condamné à perpétuité en 2004 pour le meurtre, en 1975, d’une jeune touriste américaine, il a été libéré en décembre 2022 et extradé en France dont il possède la nationalité.

Mais c’est en Thaïlande et plus particulièrement à Bangkok qu’il a commis le plus de crimes, dans les années 70.

Au total, Sobhraj a été accusé d’avoir tué plus d’une vingtaine de jeunes « routards » à l’époque des voyages hippies en Inde en Thaïlande et au Népal.

Le film mélange habilement des images d’archives et des scènes tournées dans le Bangkok d’aujourd’hui pour reconstituer la Thaïlande des années 70.

Au printemps 1975, à Srinagar, Sobhraj rencontre une secrétaire médicale québécoise Marie-Andrée Leclerc en vacances et la persuade de venir le rejoindre en Thaïlande.

Elle tombe amoureuse du “serpent” et lui sert de rabatteuse et de complice d’abord dans des escroqueries, puis dans des meurtres.

Dans un premier temps le couple se contente de droguer des touristes pour les dépouiller, mais ensuite ils éliminent leurs victimes pour leur dérober aussi leurs passeports qu’ils utilisent pour voyager et commettre d’autres crimes dans d’autres pays.

Dans la série de Netflix, réalisée en partenariat avec la BBC, Charles Sobhraj est incarné par Tahar Rahim, qui interprète avec brio un personnage séduisant et manipulateur au charisme machiavélique.

Tahar Rahim, un prophète mué en serpent

« Le Serpent » de Tahar Rahim est presque trop parfait avec son sourire glacial et son regard reptilien et envoutant, tout en réussissant à ne presque jamais transpirer dans la chaleur de Bangkok, même lorsqu’il empoisonne, assassine et dépouille ses victimes.

Avec ces chemises impeccablement repassées, ses pantalons en tergal pattes d’éléphant et son baratin mystico-politique déblatéré sur un ton sentencieux, il fait un peu penser à un Travolta devenu tueur en série et disciple dégénéré de Franz Fanon.

Charles Sobhraj, dit «Le Serpent» lors de son arrestation en Inde
Charles Sobhraj, dit «Le Serpent» lors de son arrestation en Inde

Car “Le Serpent” n’est pas seulement motivé par l’argent: il qualifie aussi de “colonisateurs” les touristes qu’il assassine et n’hésite pas à revendiquer ses crimes comme une sorte de revanche sur ses humiliations passées en tant qu’enfant issu d’un couple indo-vietnamien.

« Le Serpent » restera sans doute comme une des meilleures prestation de Tahar Rahim dans la droite ligne du “Prophete“, un rôle pour lequel il avait obtenu le César du meilleur acteur en 2010.

Pour un peu on jurerait qu’il a travaillé son regard fixe et condescendant en permanence pour imiter celui d’un reptile qui cherche à hypnotiser sa proie.

Le Serpent est aussi « une réussite dans l’ambiance seventies qu’elle arrive à mettre en scène ». « Les pantalons pattes def, les cols pelle à tarte, les grosses lunettes… », on pourrait « presque croire qu’il s’agit d’un documentaire » estime le Parisien.

Jenna Coleman, une improbable québécoise

En revanche le choix de Jenna Coleman pour incarner la québécoise Marie-Andrée Leclerc frise l’erreur de casting. On a du mal à imaginer une québécoise alors qu’elle s’exprime dans un français assez approximatif avec un fort accent britannique…

« Le Serpent » est une série réalisée en coproduction avec la BBC

Du coup le couple alterne constamment le français et l’anglais dans ses échanges ce qui rend encore un peu plus étrange le personnage de la maîtresse et complice de Sobhraj, qui finira elle aussi en prison lors de son arrestation à Dehli en 1976.

Incarcérée en Inde en 1976 puis reconnue coupable de meurtre en 1981, elle a été condamnée à la prison à perpétuité. Mais les conditions de détention de Marie-Andrée Leclerc lui avaient attiré une certaine sympathie au Québec.

Les meurtres en bikini

« Le Serpent » hérite d’un nouveau surnom en Thaïlande : « bikini killer ». C’est à Bangkok qu’il se fait passer pour un négociant en pierres précieuses et piège ses futures victimes dont il n’hésite pas à voler l’identité après les avoir assassinées.

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« Le Serpent » hérite d’un nouveau surnom en Thaïlande : « bikini killer »

Le 15 octobre 1975, une jeune hippie américaine de 21 ans, Teresa Knowlton, est retrouvée noyée sur une plage près de Pattaya. L’autopsie démontrera qu’on lui a maintenu de force la tête sous l’eau et une partie de ses biens seront plus tard retrouvés dans l’appartement de Sobhraj à Bangkok.

La victime suivante est un Turc nommé Vitali Hakim dont le corps brûlé est retrouvé sur la route de Pattaya. Puis les corps de deux Hollandais, Henk Bintanja et sa fiancée Cornelia Hemker, sont retrouvés étranglés et brûlés dans une banlieue de Bangkok.

C’est à partir de ce moment qu’entre en scène un jeune diplomate de l’ambassade des Pays-Bas, Herman Knippenberg. Alors qu’il se heurte à l’inertie et au manque de moyens de la police thaïlandaise (trop occupée à combattre le communisme), et à l’indifférence de son ambassadeur il va s’improviser enquêteur et retrouver la trace du Serpent.

C’est grâce à lui que Sobhraj sera finalement arrêté en Inde en 1976, et même s’il réussit à s’évader de prison en 1986, il sera finalement capturé à nouveau au Népal en 2003 où il purge en ce moment une peine de prison à perpétuité.

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