Lorsqu’il a réussi à faire élire sa plus jeune soeur au poste de premier ministre, Thaksin a probablement pensé qu’il avait cette fois définitivement gagné la partie, et que son retour en Thaïlande n’était plus qu’une question de temps. 

D’ailleurs une des premières mesures du nouveau gouvernement n’a-t-elle pas été de lui restituer immédiatement son passeport, et de tenter de faire passer en force une loi d’amnistie écrite sur mesure pour le blanchir de sa condamnation.

La décision de rendre son passeport à Thaksin Shinawatra avait été une première étape vers son retour en Thaïlande. Un sujet très politiquement très sensible, en raison de sa condamnation à deux ans de prison pour abus de pouvoir.

Mais un an plus tard le paysage politique de la Thaïlande semble avoir évolué en faveur d’un compromis qui risque de prolonger l’exil de l’ex-premier ministre un peu plus longtemps que prévu. Ceux qui pensaient que Yingluck Shinawatra, qui n’avait auparavant aucune expérience de la politique, n’était qu’une marionnette destinée à préparer le retour de son frère, suivi de son amnistie, et de la restitution d’une partie de ses biens confisqués par la justice, se sont apparemment trompés.

Le bilan de la première femme à avoir accédé au poste de premier ministre en Thaïlande est peut-être critiquable à bien des égards sur ce qu’elle a fait, mais il est assez remarquable sur ce qu’elle n’a pas fait.

À savoir imposer par la force le retour de son frère en Thaïlande, qui aurait sans aucun doute déclenché une nouvelle vague de contestation, d’instabilité, probablement de manifestations violentes dont personne ne serait véritablement en mesure de prédire les conséquences.

Une sorte de compromis semble avoir été trouvé entre la Première ministre et les membres de l’élite politique et militaire qui ont contribué à la chute de Thaksin. Tout de passe comme si un pacte tacite avait été conclu avec famille Thaksin: les militaires se sont apparemment engagés à ne pas interférer dans les affaires de la soeur, du moment que le frère reste en exil et ne se mêle pas de leurs affaires. Qui a dit que la fameuse culture du compromis était morte en Thaïlande ?

D’ailleurs une des principales conclusions de la Commission Vérité et Réconciliation qui vient tout juste de rendre son rapport, est que  l’ex-premier ministre, si populaire soit-il, doit s’abstenir d’intervenir dans la vie politique en Thaïlande.

 

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  1. Ce n’est pas un compromis mais une obligation de ne pas s’opposer aux membres de l’élite politique et militaire si l’ont ne veux pas suivre le même chemin que Thaksin et d’autres.

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