Pattaya, à deux heures de route au sud de Bangkok, fréquentée par de nombreux touristes russes, est plus connue pour être un haut lieu de la prostitution et du crime en Thaïlande que pour ses plages, temples et attractions culturelles.

Mais le gouvernement tente depuis quelques années tant bien que mal de changer l’image de marque de Pattaya pour en faire une destination plus familiale, et en rapport avec le tourisme de masse qui se développe en Thaïlande.

Pattaya est en effet la première station balnéaire de Thaïlande par le nombre de touristes qu’elle attire chaque année, entre 7 et 9 millions.

L’organisme public, Dasta, qui a pour but de promouvoir le tourisme durable en Thaïlande a désormais dans sa ligne de mire Pattaya.

Son directeur adjoint, Taweebhong Wichaidit, souhaite faire de la « ville des péchés » une destination touristique familiale.

Selon Taweebhong, Pattaya offrira ainsi aux touristes « plus de perspectives pour les voyageurs thaïlandais et internationaux dans le futur » : d’un côté la cinquantaine de go-go bars et la dizaine de discothèques de la Walking Street, de l’autre, des escapades pittoresques, proches de la nature, à la découverte de la culture locale.

Le Dasta espère promouvoir notamment Baan Chark Ngaew, une communauté chinoise centenaire, et Nong Prue, un village au croisement des cultures chrétienne, bouddhiste et musulmane, selon un article du Bangkok Post

Ainsi, le Dasta souhaite revaloriser Pattaya aux yeux des touristes du monde entier. Elle est la deuxième ville la plus visitée de Thaïlande après Bangkok.

Un objectif difficile à atteindre

Le directeur de l’office du tourisme de Pattaya, Sinchai Watanasartsathorn, a bien conscience que changer le visage de la ville « ne se fera pas du jour au lendemain ».

En effet, ses déclarations sont intervenus après un énième reportage sur « la capitale mondiale du sexe », publié en ligne par The Mirror le 16 février 2017.

Plus récemment Pattaya a encore fait la une de la presse thaï pour avoir hébergé des cours de sexe dispensés par un expert russe : une formation qui n’a pas été du goût de la police thaïlandaise.

53 Russes ont donc été arrêtés la semaine dernière en Thaïlande pendant une session de «sexe-training». Alors que 43 d’entre eux ont été relâchés tout de suite après l’interrogatoire, les autres ont été placés en garde à vue, selon le site Web du journal local Khaosod.

Une longue histoire qui remonte à la guerre du Vietnam

Au début de l’été 1959, un groupe de 500 soldats américains stationnés dans une base militaire à Nakhon Ratchasima ont été expédiés à 150 km au sud-est de Bangkok pour une semaine de repos et de relaxation (R & R).

Pattaya n’était alors qu’un petit village de pêcheurs somnolent avec une longue baie majestueuse parsemée de quelques bateaux, ainsi que de cabanes où vivaient les villageois.

Peu à peu, les soldats américains en garnison dans la région ont eu vent de la réputation de Pattaya.

Quand les soldats ont commencé à arriver en nombre sur la base aérienne de Baan Sattahip, devenue aujourd’hui l’aéroport d’U-tapao, situé à une quarantaine de kilomètres de Pattaya, la ville a vraiment basculé.

En presque cinquante ans, cette villégiature pour les soldats étrangers pendant la guerre du Vietnam s’est muée en haut lieu de la prostitution thaïlandaise pour les touristes sexuels venus du monde entier.

Tandis que le gouvernement du Premier ministre, Prayut Chan-o-cha, s’est engagé, en 2017, à sévir contre la prostitution et à redorer l’image de Pattaya, les ONG locales voient dans cette politique l’occasion pour la société d’accepter la vérité et de résoudre des problèmes tenus sous le boisseau depuis des décennies.

Un rapport de l’Onusida évaluait en 2014 à 140 000 le nombre des prostituées dans le pays. La seule Pattaya en compterait plusieurs dizaines de milliers, même si l’activité est illégale.

La prostitution est illégale en Thaïlande

Les patrons de bar n’emploient officiellement les filles que pour s’occuper des clients et discuter avec eux, et comme danseuses.

Mais ils touchent cependant une commission de l’ordre de 500 à 700 bahts (14 à 20 euros), connue sous le nom de “barfine” (l’amende du bar), chaque fois qu’un client quitte le bar avec une des employées.

Officiellement le “barfine” est destiné à compenser la perte que représente l’absence d’une employée pendant ses heures de présences payées par le bar.

La somme de 500 baht représente environ le prix d’une journée de travail compte tenu des salaires pratiqués dans ce type d’établissements.

Ce qui peut se passer en dehors du bar où a eu lieu la rencontre est ensuite considéré comme du domaine de la vie privée entre deux personnes.

pattaya soi6 - thailande-fr

Depuis les années 1990, le gouvernement et la municipalité travaillent à améliorer l’image de la ville. Elle est d’ailleurs depuis plusieurs années une destination prisée des bangkokiens.

A seulement 150 km de la capitale, elle offre tous les services que les Thaïlandais recherchent pour un week-end en famille : hôtels, restaurants, boutiques. Les alentours proposent aussi de multiples divertissements : parc aquatique, terrain de golf, zoo, aquarium, jardin botanique et le très apprécié sanctuaire de la vérité.

Une réputation entretenue par les médias occidentaux

Les médias occidentaux entretiennent sa réputation de « ville du diable », un « Sodome et Gomorrhe moderne », comme le décrit le tabloid anglais.

Le journal affirme que la ville compte 27 000 travailleuses du sexe dans 1 000 bars et salons de massage, ce qui représente un habitant sur cinq. Le colonel de police, Apichai Krobphet, a aussitôt réagi affirmant que « [la police n’avait] pas d’information sur un nombre aussi élevé de prostituées. »

Le reportage a fait des remous jusqu’au gouvernement. En effet, cinq jours après sa publication, le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha a déclaré qu’il lancerait des raids de police dans de nombreuses maisons closes de la ville.

Le lendemain, les policiers ont découvert lors d’une intervention au Club 4, des travailleuses du sexe vendant dans l’illégalité leurs services aux touristes étrangers.

En 2016, 15 personnes suspectées de proxénétisme et 2 185 de prostitution ont été arrêtées à Pattaya.

Depuis 1960, la prostitution est en effet illégale dans le royaume, bien que tolérée dans la plupart des cas. La loi n’est pas appliquée dans les endroits privés, et les autorités locales ferment bien souvent les yeux pour protéger leurs intérêts.

3 comments
  1. les filles qui n ont pas d autres moyens pour se faire un peu d argent pour survivre pourront dire merci aux journalopes occidentaux d avoir mis encore une fois la m..de quand elles pourront plus nourrir leurs familles . et le gouvernement thailandais pleurera quand il comprendra la perte sans les touristes du sexe

  2. Ce n’est pas comme en France, où il n’y a bien évidemment pas de professionnelle du sexe puisque les clients et les proxénètes peuvent être poursuivis pénalement, mais où on trouve quand même des “bars à hôtesses”, des salons de massage spéciaux, des racoleuses dans les bois de la capitale, etc.
    On m’a même dit qu’un Président avait hissé sa concubine au rang de “Première Dame” avec tous les avantages conférés à ce poste (frais de fonction, employés, etc) sans que les Français n’y trouvent rien à redire ; il est vrai qu’on ne les a pas interrogé sur ce sujet.
    Vous avez dit : hypocrisie ? Vraiment ?

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