Quelle effervescence diplomatique en Thaïlande : coup sur coup le royaume aura vu défiler dans la même semaine le président des États-Unis nouvellement réélu Barack à Obama, et le premier ministre de la république populaire de Chine Wen Jiabao.

Le royaume a vu défiler dans la même semaine le président des États-Unis nouvellement réélu Barack à Obama, et le premier ministre de la république populaire de Chine Wen Jiabao. Photo: mfa.go.th

Symbole du renouveau diplomatique du royaume, ou simple hasard du calendrier ? Presque au même moment les deux grandes puissances mondiales ont renouvelé leurs dirigeants,et choisi  de visiter la Thaïlande .

Deux jours après la réélection de Barack Obama, le Parti communiste chinois a ouvert son XVIIIe Congrès et la nomination de Xi Jinping au poste de secrétaire général devait être annoncée à la clôture du Congrès.

À voir l’empressement des grands de ce monde à visiter Bangkok on pourrait presque croire que la Thaïlande est devenue une sorte de pays test pour jauger l’influence des grandes puissances mondiales que sont la Chine et États-Unis.

Bangkok – Washington: une alliance ancienne forgée dans la guerre contre le communisme

L’alliance entre la Thaïlande et les États-Unis  remonte à la guerre du Vietnam pendant  laquelle Bangkok a servi de base arrière aux troupes américaines, lui évitant ainsi de basculer dans le communisme comme ses voisins le Vietnam, le Laos et le Cambodge. Depuis on a souvent décrit la Thaïlande comme une sorte de porte-avions américain en Asie dénué de tout scrupule.

Mais aujourd’hui la diplomatie thaïlandaise fait preuve d’une certaine subtilité jouant avec adresse la rivalité sino-américaine en tentant de s’imposer comme une sorte de puissance régionale au sein de l’Asean.

Bangkok n’a pas hésité beaucoup avant de renouveler le traité militaire d’assistance mutuelle qui le liait depuis 1962 avec les États-Unis. Car la Chine exerce une sorte de fascination mêlée de méfiance par sa puissance économique et militaire. En revanche la Thaïlande a fait preuve d’un enthousiasme mesuré pour rejoindre le TPP, le traité trans pacifique de libre échange dont l’initiative revient entièrement aux Etats Unis. Autrement dit la question est remise  à plus tard, peut être beaucoup plus tard, car lorsqu’il s’agit d’économie et de commerce, le regard de la Thaïlande est nettement tourné dans l’autre sens: vers l’Est.

Chine – Thaïlande: des relations ancestrales et des intérêts économiques convergents

En trente ans la population urbaine de la Chine a grossi de près de 500 millions d’individus, un Chinois sur deux vit aujourd’hui en ville. Selon les économistes, la Chine s’apprête à prendre le fameux “tournant de Lewis”, qui marque d’après l’économiste Arthur Lewis la raréfaction de l’offre de main-d’œuvre bon marché venue des campagnes.

La Chine achève en ce moment ce qui pourrait être la révolution industrielle la plus rapide de l’histoire de l’humanité.

La situation de la Thaïlande, même si elle relève d’une tout autre échelle, n’est pas très différente : en 30 ans le royaume est passé d’un pays agrarien sous-développé à une puissance économique régionale de revenu moyen supérieur selon la classification du FMI. La Thaïlande n’est plus depuis longtemps ce pays carte postale où on cultive du riz et on trouve surtout des bars et des plages : à la fin de l’année 2012 le royaume aura produit plus de 2 millions d’automobiles, davantage que la France…

Comme en  Chine la croissance économique thaïlandaise s’est traduite par une transformation massive de la main-d’œuvre agricole en main-d’œuvre industrielle. Aujourd’hui  elle doit se soucier de la demande intérieure, car elle ne pourra éternellement miser sur la demande américaine et des pays développés.

Son regard se tourne naturellement vers la Chine et les pays de l’Asean. En 2011 la Chine est devenue l’un des partenaires commerciaux les plus importants de la Thaïlande avec un commerce bilatéral évalué à 65,4 milliards de dollars.

2 million de touristes chinois en Thaïlande ?

Selon les dernières statistiques de l’Office thaïlandais de l’investissement (BOI), la Chine est le deuxième pays source d’investissements directs étrangers en 2011, après le Japon. Les entreprises chinoises ont demandé à participer à plus de 180 projets d’investissement au cours des cinq dernières années, d’une valeur d’un investissement total de 4,15 milliards de dollars.

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En 2012 la Chine devrait devenir le premier pourvoyeur de touristes de la Thaïlande avec un nombre de touristes chinois susceptibles d’atteindre les 2 millions d’individus contre 1,7 millions en 2011. Une croissance exponentielle qui ne peut que se poursuivre au regard des données économiques en provenance de Chine.

Selon la dernière étude publiée par le Boston Consulting Group, en 2030 plus d’un milliard de chinois seront classés comme appartenant à la classe moyenne supérieure et se considérer comme riches, devrait atteindre 280 millions d’individus contre 120 millions actuellement. Qui peut ignorer que les pays asiatiques et en particulier la Chine détiennent les clés de la croissance économique de demain ? Certainement pas la Thaïlande dont les liens politico-économiques avec la Chine sont ancestraux à tel point que l’on continue de qualifier de sino thaïlandais l’élite économique et politique qui dirige le pays.