Avec la crise financière mondiale actuelle, arrivée des États Unis, le spectre d’une nouvelle crise économique sur le modèle de celle de 1997 hante la Thaïlande.

Les traces de cette crise sont encore très visibles dans le paysage de Bangkok sous forme d’immeubles dont la construction a été arrêtée net en 1997, et n’a jamais été terminée.
Ces “fantômes” (Pii, comme les surnomment les habitants de Bangkok), sont présents un peu partout dans la capitale thaïlandaise sous formes de gigantesques tours inachevées.

Trop chers a démolir, impossible à terminer car trop vieux, ils sont la mémoire de la crise de 1997.

Il y a dix ans, la Thaïlande puis l’Asie du sud-est connaissaient une crise boursière et financière sans précédent. Pendant le printemps 1997 un boom immobilier avait transformé la capitale de la Thaïlande en un immense chantier : les capitaux coulent à flot, beaucoup en provenance de Singapour et de Hong Kong où la crainte de la rétrocession à la Chine provoque des inquiétudes .

Trop de projets, trop vite construits, sans se soucier des besoins réels du marché immobilier ? Bientôt Bangkok compte des milliers de mètres carrés inoccupés. Et aussi beaucoup de propriétaires avec des dettes obtenues par copinage auprès de banques qui se financent elles-mêmes avec des capitaux étrangers en quête de rendement rapide.

Le 2 juillet 1997, la Thaïlande décide de laisser flotter sa monnaie, jusqu’alors ancrée au dollar américain, comme le dollar de Hong Kong : en quelques jours le baht ne flotte plus, il coule. La chute brutale de la monnaie thaïlandaise déclenche une crise sans précédent qui se propage aux pays voisins d’Asie du sud-est et débouche sur une crise généralisée des marchés financiers des pays émergents

Durant l’été 1997, la Thaïlande est en faillite en raison de créances immobilières douteuses et de sa dépendance aux financements étrangers; le sur endettement et l’interdépendance économique ont provoqué l’effondrement des économies asiatiques.

En même temps, les États-Unis connaissent un essor de leur productivité et de leur croissance tirée par les nouvelles technologies. L’année suivante, l’Asie subit une récession et une sévère restructuration bancaire. A l’inverse des services, l’activité manufacturière mondiale stagne, tandis que les États-Unis prolongent leur plus longue période d’expansion en temps de paix. On assiste alors à un parfait cas de découplage.

Dix ans plus tard la situation est exactement inversée : durant l’été 2007, le système financier américain, perclus de créances douteuses, s’effondre tandis que jusqu’à présent l’économie thaïlandaise a fait preuve d’une certaine résilience par rapport à l’effondrement du secteur bancaire américain, les exportations continuant à tirer la croissance.

La Thaïlande veut se rassurer et conjurer les craintes qui ont conduit 10 ans plus tôt à la faillite de son économie. Le ministre du Commerce, Sasomsap Chaiya s’empresse de calculer que

“Même si les investisseurs étrangers vendaient toutes leurs participations détenues en Thaïlande pour un montant de 30 milliards de dollars, cela ne porterait pas atteinte à la situation de notre économie parce que le pays a des réserves de devises qui se montent à 100 milliards de dollars. ”

Une précision sans doute utile pour éloigner les fantômes de 1997.

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Selon le dernier classement Forbes, Chalerm Yoovidhya, co-propriétaire de Red Bull, est à la tête de la famille la plus riche de Thaïlande cette année, devançant pour la première fois les frères Chearavanont du groupe CP.