Très peu d’hommes ont eu le privilège d’influencer à ce point l’histoire et le devenir de leur pays sur une aussi longue période : le roi Bhumibol fait partie de ces quelques personnalités dont on peut dire que la vie se confond avec l’histoire de son pays.

Pourtant les circonstances historiques n’étaient pas très favorables lorsque le roi accède au trône de la Thaïlande en 1946.

Le royaume se retrouve dans le camp des perdants, et sort affaibli de la seconde guerre mondiale suite à une alliance malheureuse avec le Japon.

Mais à l’issue de la seconde guerre mondiale commence la guerre froide, et les États-Unis ont besoin d’un allié dans la région pour endiguer la menace communiste. Ce sera la Thaïlande.

Un rempart contre le communisme

Pendant la guerre du Vietnam dans les années 1960 et 1970, le roi Bhumibol – toujours habillé en uniforme militaire  – a restauré la monarchie en Thaïlande, contribuant ainsi à stopper la propagation du communisme en Asie du Sud-Est.

Grâce aux alliances de la monarchie et des militaires avec les occidentaux (surtout les États-Unis), la Thaïlande sert de rempart contre les insurrections soutenues par la Chine et l’Union Soviétique dans les pays proches du royaume comme le Vietnam, le Laos et le Cambodge.

Ironie de l’histoire :  le roi a vécu  assez longtemps pour voir les touristes en provenance de Russie et de Chine envahir pacifiquement la Thaïlande.

Une monarchie affaiblie

À sa naissance, le prince Bhumibol n’est pas très bien placé dans la ligne de succession. Son oncle, le roi Prajadhipok, avait été écarté du pouvoir en 1932 dans par un coup d’État dirigé par des officiers révolutionnaires avait abdiqué en 1935.

Comme le roi Prajadhipok (Rama VII) n’avait pas d’héritier en ligne directe, son successeur désigné fut le prince Ananda Mahidol, un jeune neveu éduqué en Suisse, avec son jeune frère, le prince Bhumibol.

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Le retour du roi Bhumibol en Thaïlande vu par le magazine Life en 1950

Mais le Roi Ananda a été retrouvé mort dans son lit le matin du 9 Juin 1946, tué par une arme à feu, apparemment de manière accidentelle.

Le Prince Bhumibol était seulement âgé de 18 ans lorsqu’il a été désigné comme héritier de la couronne  le soir de la mort de son frère.

Le jeune roi Bhumibol était à bien des égards un étranger dans son propre pays : pendant longtemps son thaï n’a pas été aussi bon que son français – langue qu’il maîtrisait parfaitement et qu’il a toujours préféré à l’anglais.

Une enfance américaine

Le Prince Bhumibol est né aux États-Unis le 5 décembre 1927, à Cambridge, Massachusetts, tandis que son père, le prince Mahidol Adulyadej, luttait contre une maladie chronique et terminait ses études de médecine à Harvard.

Le prince Mahidol décédera d’une insuffisance rénale en 1929 : le roi Bhumibol n’a donc quasiment pas connu son père. Il sera élevé par sa mère Sangwan, une roturière d’origine chinoise qui faisait ses études d’infirmière quand le Prince Mahidol l’a rencontrée aux États-Unis.

Le prince Mahidol était le 69e des 77 enfants du roi Chulalongkorn (Rama V) : en 1923 un médecin avait  donné au prince Mahidol moins de deux ans à vivre à cause d’une grave maladie au foie, mais il a eu le temps d’engendrer deux garçons qui sont devenus rois.

Le plus jeune deviendra, un peu malgré lui, un personnage historique. Le roi Bhumibol aura également une sœur, la princesse Galyani Vadhana, décédée en 2008.

Des études en Suisse

Après son accession inattendue au trône, le roi Bhumibol est retourné à l’Université de Lausanne pour terminer ses études.  C’est là qu’il est victime d’un accident de voiture en 1948 qui a failli lui coûter son œil droit.

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Le roi a courtisé la fille de l’Ambassadeur de Thaïlande à Paris , Rajawongse Sirikit Kitiyakara, qu’il épousera en 1950

Pendant sa convalescence, le roi a courtisé une cousine éloignée, fille de l’Ambassadeur de Thaïlande à Paris : Rajawongse Sirikit Kitiyakara.

Ils se sont mariés en 1950 après la crémation longtemps retardée du roi Ananda.

Après le mariage, le couple royal est retourné brièvement en Suisse avant de s’installer définitivement en Thaïlande en 1951.

La renaissance de la monarchie

Lorsque le roi Bhumibol entame véritablement son règne en Thaïlande, le Premier ministre de l’époque est le maréchal Plaek Phibunsongkhram.

Un des principaux officiers impliqués dans le coup de 1932 qui mit fin à la monarchie absolue dans le royaume du Siam.

Entre temps, le Siam était devenu la Thaïlande. Phibunsongkhram ne voyait pas d’un très bon œil la perspective d’une résurgence de la monarchie.

Dans un premier temps, il tente même de limiter le plus possible les apparitions du monarque.

Mais en 1957, Phibunsongkhram est à son tour renversé par un coup d’État dirigé par un autre maréchal, Sarit Thanaraj, qui s’entend bien avec le jeune roi et décide de promouvoir la monarchie.

Des cérémonies royales supprimées par le précédent gouvernement sont rétablies, et petit à petit la dynastie Rama retrouve sa place en Thaïlande.

Un couple très glamour qui représente la Thaïlande

Avec les encouragements de Sarit, le roi Bhumibol et la reine parcourent le monde comme ambassadeurs de la Thaïlande (dont la France en 1960), un royaume peu connu des occidentaux à l’époque, en dehors de sa caricature hollywoodienne dans le film de Walter Lang “Le roi et moi, réalisé en 1956 avec Yul Brynner et Deborah Kerr.

Le film est toujours interdit en Thaïlande pour sa représentation bouffonne du grand-père du roi Bhumibol, le roi Mongkut.

Après la mort de Sarit en 1963,  le pouvoir revient au maréchal Thanom Kittikachorn, qui, avec Praphas Charusathien,  dirige la Thaïlande à travers la guerre du Vietnam.

Le royaume devient alors la base arrière de l’armée américaine : la présence militaire des États-Unis en Thaïlande atteint près de 50.000 hommes.

Une existence consacrée à la Thaïlande

En dehors d’une brève visite au Laos en 1994, le roi n’effectuera pas de voyage à l’étranger après 1967, quand il visita l’Iran, les Etats- Unis et le Canada.

Pendant toute cette période, des années 60 jusqu’au début du 21e siècle, le roi Bhumibol voyage constamment dans son royaume, montrant un intérêt particulier pour les questions de santé, de développement rural, d’irrigation et d’éducation.

Au fil des décennies, des milliers de projets de développement royaux ont été lancés, parfois dans les campagnes les plus reculées.

Bien que les résultats de ces projets n’aient jamais  été formellement évalués, le patronage du roi Bhumibol et son dévouement à son peuple lui ont valu une popularité inaltérable et un immense respect des Thaïlandais.

                                        La descendance du roi Bhumibol

NomNaissanceMariage
Date | Époux
Enfants
La Princesse Ubolratana Rajakanya5 Avril 1951 (65 ans)29 juillet 1981
Divorcé (e) 1998
Peter Ladd JensenPloypailin Jensen
Poom Jensen
Sirikitiya Jensen
Le prince héritier Maha Vajiralongkorn28 Juillet 1952 (64 ans)3 janvier 1977
Divorcé le 12 août 1991
Soamsawali KitiyakaraPrincesse Bajrakitiyabha
février 1994
Divorcé (e) en 1996
Yuvadhida PolpraserthJuthavachara Vivacharawongse
Vacharaesorn Vivacharawongse
Chakriwat Vivacharawongse
Vatchrawee Vivacharawongse
Sirivannavari Nariratana
10 février 2001
Divorcé (e) le 11 décembre 2014
Srirasmi SuwadeePrince Dipangkorn Rasmijoti
La Princesse Maha Chakri Sirindhorn2 avril 1955 (61 ans)Jamais mariée, pas d’enfants
La Princesse Chulabhorn Walailak4 juillet 1957 (59 ans)1982
Divorcé (e) en 1996
Virayudh TishyasarinPrincesse Siribhachudhabhorn
Princesse Adityadhornkitikhun