Apprendre à parler une nouvelle langue est un défi auquel vous serez confronté tôt ou tard si vous envisagez d’être autre chose qu’un simple touriste en Thaïlande.

Tant mieux car c’est parait-il une excellente façon d’élargir vos horizons et de mieux comprendre le pays où vous êtes.

On dit aussi que l’apprentissage d’une nouvelle langue est susceptible d’améliorer grandement l’état de vos neurones.

Bien sûr, certaines langues sont plus difficiles à apprendre que d’autres – on dit que l’arabe, le cantonais, le mandarin, et le coréen sont parmi les plus difficiles à apprendre pour les occidentaux.

Le thaï est dans une position intermédiaire : une grammaire très simple, mais c’est une langue tonale, un peu comme le chinois, avec cinq tons qui changent le sens des mots.

C’est LA principale difficulté pour les occidentaux : maîtriser les tons qui peuvent changer complètement le sens d’un mot en apparence identique.

Premières impressions

Lorsque vous arriverez en Thaïlande, vous serez un peu perdu par l’abondance de nouvelles informations: des panneaux exigent votre attention dans un script fleuri et compliqué qui ne signifie rien pour vous.

L'alphabet thaï comporte 44 consonnes
L’alphabet thaï comporte 44 consonnes

Les gens vous posent des questions auxquelles vous ne savez pas comment répondre : le chauffeur de taxi veut savoir où vous allez (pai nai ? ) vous ne savez même pas comment commander un repas. La liste est longue.

Au début, tout cela peut sembler assez déroutant. Beaucoup de gens arrivent armés d’un petit carnets de phrases toutes faites, et se heurtent au problème des tons.

Mais après avoir tendu l’oreille attentivement, au bout de quelques mois vous saurez comment demander le prix des choses, demandez à votre ami où il / elle va et leur demander si ils ont faim, ou si ils ont déjà mangé… (les Thaïlandais aiment beaucoup cette question, qui signifie en fait plus quelque chose de proche de “Comment ça va ?”).

Tout semble être composé de petites phrases courtes syllabiques et faciles à décomposer: Gin kao mai (Voulez-vous manger?), Pai nai (Où allez-vous?). Leo Sai (tourne à gauche), leo Kwa (tourne à droite), trong pai (tout droit) etc….

Regardez, ou plutôt écoutez, comme c’est facile avec Ting Tong Thai : le mot “khao” en thaï veut juste dire sept choses différentes….. (et encore Ting Tong a eu pitié de vous et n’a pas mis neuf (9) qui se dit aussi khao, mais prononcé de manière différente …).

https://youtu.be/yTI1hO8mrPQ

Des origines variées

Le thaï fait partie de la famille linguistique Tai-Kadai, qui est arivée du sud de la Chine il y a environ 1000 ans.

La langue thaïe, comme toutes les autres langues, a évolué dans le temps, avec l’adoption de mots originaires du Pali, du sanskrit, du khmer et du chinois.

Au bout d’un moment on est plus à même de déceler certaines influences dans la langue thaïe.

Les noms formels et honorifiques sont souvent dérivée du sanskrit et Pali – comme le nom complet de  Bangkok : Krung Thep mahanakhon amon rattanakosin mahintara ayuthaya mahadilok phop noppharat ratchathani burirom udomratchaniwet mahasathan amon piman awatan sathit sakkathattiya witsanukam prast.

Certains noms de rues de Bangkok comme Viphawadee  ou Srinagarinda ont une saveur indienne. D’autres termes, comme Bai et mai, ont des similitudes avec la nature syllabique du chinois et d’autres langues orientales.

Oeey! Farang pout pasa Thai keng Leow!

Les étrangers qui parlent thaï étaient autrefois une rareté, mais maintenant il y a de plus en plus de “farangs” qui peuvent parler, et même parfois lire et écrire cette langue.

Lorsque vous essayerez timidement votre première phrase de thaï auprès des Thaïlandais, ils seront sûrement (un peu trop) enthousiastes sur votre capacité à parler leur langue.

La romanisation des mot thaïs est pourtant parfois trompeuse : ainsi la bière Singha (la bière du lion) se prononce « sing » et non « singha ».

Alors que le mois d’août (สิงหาคม) qui est le mois du lion dérivé du sanskrit de prononce bien « singha kom ».

biasing - thailande-fr
La romanisation proposée par la marque est trompeuse, car สิงห์ se prononce « sing » et non « singha »

Juste être capable de demander combien coûte quelque chose se traduira parfois par un tonitruant: “Oeey! Farang pout pasa Thai keng Loaw! “(Oh wow! Ce farang à long nez parle thaï comme un pro!).

Vous pensez donc que vous avez maîtrisé cette langue et n’hésitez pas à crâner fièrement au restaurant devant vos amis touristes en passant la commande entièrement en thaï auprès de la serveuse.

Et puis soudain elle vous répond par une phrase longue et compliquée dans la langue vernaculaire et vous n’avez absolument aucune idée de ce que cela signifie.

Ça se complique

Mais les étrangers ne sont pas les seuls qui ont du mal à comprendre, ou à se faire comprendre, en Thaïlande.

Plusieurs dialectes sont parlés dans le pays : par exemple le thaï parlé par un habitant du nord de la Thaïlande, où les gens parlent de nombreux dialectes, y compris un langage proche du laotien, est parfois difficile à comprendre pour un habitant de Bangkok.

Si vous parlez à un homme dans une langue qu’il comprend, vous parlez à sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, qui vous touchez son cœur. – Nelson Mandela

Les Thaïlandais aiment bien taquiner les étrangers avec des énigmes sonores qui font usage des mêmes (ou de mots avec la même consonance) mots qui se différencient par leurs tons.

Quand je suis arrivé à la Thaïlande, un ami m’a demandé pour s’amuser : Krai-kai-kai-gai (Qui vend des œufs de poule ? / ใคร ขาย ไข่ ไก่), qui, quand on le prononce un peu vite, ressemble un peu au son d’un chien en perdition : Kai Kai Kai Kai.

Un autre moins connu mais tout aussi déroutant est : Mai mai mai mai (le nouveau bois peut-il brûler ?).

Dont la réponse est bien entendu : Mai mai mai mai (Non, le nouveau bois ne brûle pas).

Bien sûr, écrit en écriture thaï, chaque “mai”  a un orthographe différent (ไม้ ใหม่ ไหม้ ไหม? ไม้ ใหม่ ไม่ ไหม้), ce qui explique pourquoi apprendre à lire le thaï est très bénéfique pour améliorer son thaï à l’oral.

Le thaï est en fait une langue mélodique et musicale qui ne se prête pas facilement à une approche académique. Comme un petit enfant – qui répète ce qu’il entend autour de lui  – apprendre à parler le thaï est parfois plus facile dans un premier temps par la répétition et l’écoute.