Jusqu’où peut-il aller trop haut ?  Un dollar à 30 bath   ? La question ne se pose même plus, c’est quasiment chose faite.  Tous les indicateurs économiques de la Thaïlande sont maintenant redevenus nettement haussiers, et atteignent même des plus haut historiques.

Le SET à 1000 point, le dollar à 30 baht, une croissance de 7 % ou plus, 15 millions de touristes en 2010 : la Thaïlande n’en finit plus de surprendre par son dynamisme et ses capacités de récupération. Les indicateurs boursiers et économiques n’en finissent plus de grimper vers des sommets qui semblaient bien improbables il y a peine six mois. La Bourse de Thaïlande (SET) a  terminé à 923,19 points vendredi, son niveau le plus élevé depuis 13 ans et huit mois ou décembre 1996. Le SET est en hausse de 6,7% depuis la fin du mois précédent et de 24,32% depuis le début de l’année, la plus forte hausse de tous les indices boursiers de la région.

Stimulée par la forte liquidité de l’économie mondiale, et par des entrées massives de fonds, la présence des investisseurs étrangers se renforce en Thaïlande. Elle reflète la forte croissance économique, et des valorisations encore relativement faibles des actions locales, selon  Yunyong Thaicharoen, de l’Institut de recherche du marché des capitaux à la Bourse de Thaïlande.

Le baht vers ses plus hauts depuis la crise de 1997

Le baht se négociait hier autour de 30.80 pour un dollar américain, comparativement à 33,15 baht en janvier. Une de hausse de 7,6% depuis le début de l’année, la plus élevée dans la région derrière le ringgit malais.

Cependant la hausse de la devise thaïlandaise pourrait poser problème, si elle se poursuivait à ce rythme,  pour une économie encore très dépendante de ses exportations (environ 65% du PIB). Les chefs d’entreprises thaïlandais ont intensifié leurs appels en direction du gouvernement, et réclament maintenant des mesures pour réduire l’impact de la hausse du baht, selon Payungsak Chartsutthipol, le président de la Fédération des industries thaïlandaises (FTI).

La hausse du baht profite en effet aux industries qui ont un contenu d’importations élevé (le secteur automobile par exemple), et aux entreprises qui ont besoin de rembourser des prêts. Mais certains exportateurs, comme dans le secteur du textile, sont confrontés à une réduction de leur compétitivité.

Il reste que les ventes aux États-Unis et en Europe ont augmenté de 37% le mois dernier, et les ventes vers la Chine ont augmenté de 26%.  Certaines entreprises japonaises ou américaines, en particulier dans le secteur automobile, reviennent en Thaïlande en provenance de Chine afin d’éviter les grèves, et les hausses de salaires. Selon le Yomiyuri Shimbun le salaire annuel d’un ouvrier chinois de Honda se situe entre 4500 et 5500 dollars en Chine, soit 25 a 30% de plus qu’ en Thaïlande.

Encourager l’adoption de nouvelles technologies

A terme la hausse de la devise thaïlandaise pose la question du modèle de croissance de la Thaïlande: celui ci ne peut pas indéfiniment reposer sur l’avantage compétitif que procure une main d’œuvre peu chère, comme le montre l’exemple de la Chine. La Thaïlande occupe seulement  la 38e position au dernier classement 2010-2011 du Forum économique mondial (WEF), et a perdu 10 places depuis 2006, principalement en raison des turbulences politiques internes.

La Thailande doit d’ urgence améliorer son cadre institutionnel, et intensifier ses efforts pour améliorer la santé et l’éducation, et encourager une plus large adoption des nouvelles technologies pour générer des gains de productivité.  Ces efforts viendront ensuite étayer le potentiel d’innovation du pays, qui deviendra de plus en plus important, car il se déplace vers un stade plus avancé de développement économique.

a déclaré le WEF dans son rapport. On peut difficilement être plus clair concernant les défis qui attendent la Thaïlande. Car dans le cadre d’une économie qui évolue vers une main d’œuvre plus qualifiée et des gains de productivité, la hausse de la devise locale sera beaucoup plus facile a absorber pour l’économie locale.

Olivier Languepin

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