La combine est d’une simplicité désarmante et elle peut rapporter très gros : étant donné que les voitures de luxe importées sont taxées à plus de 200%, il suffit de les déclarer comme “pièce détachées” à leur entrée en Thaïlande et de faire ensuite comme si elles avaient été assemblées sur place. Facile.

Mais comme dans toute les bonnes combines, il suffit d’un petit grain de sable – en l’occurrence l’incendie d’un camion semi remorque transportant les “pièces détachées” – pour faire dérailler tout le système. Et c’est ainsi que cette évasion fiscale, pratiquée depuis trop longtemps déjà, a défrayé la chronique la semaine dernière suite à l’incendie de plusieurs voitures de luxes à Nakhon Ratchasima.

Voitures de luxe en Thaïlande
L’accident qui a fait dérailler la combine bien huilée des voitures de luxes : ce jour là, près de 100 millions de baht sont partis en fumée.

Tranportées par un semi-remorque, elles cheminaient en direction de Si Sa Ket. Petit hic : aucun propriétaire n’est venu réclamer son bien et la plaque d’immatriculation d’une Lamborghini appartenait à l’un des fils du ministre du Travail thaïlandais.

Environ 90% des voitures de luxe en Thaïlande ont été importées de façon illégale. Chaque semaine, des milliers d’entre elles sont introduites dans le pays pour ensuite stockées dans le port de Laem Chabang.

Selon le bureau des douanes de la région de Chon Buri, 2000 voitures ont été interceptées dimanche dernier dans la zone. Le port du quartier de Si Racha servait au stockage des marchandises dites « dangereuses » de quelques entreprises privées. Lors de la perquisition, certaines pièces de collection avaient disparu : les importateurs les avaient déjà vendues et ce, sans les déclarer ni même s’acquitter des taxes d’importation qui varient entre 200% et 310%.

Les différentes options possibles pour importer une voiture de luxe sans payer les droits de douanes, selon le journal thaïlandais The Nation
Les différentes options possibles pour importer une voiture de luxe sans payer les droits de douanes, selon le journal thaïlandais The Nation

Le port de Laem Chabang n’es pas un cas isolé. Dimanche dernier, le Département des enquêtes spéciales (DSI) a également perquisitionné plusieurs endroits dans le pays, dont Auto Art Service sur la route de Lat Phrao, une salle d’exposition de voitures de luxe dans le quartier de Bang Bon sur la route d’Ekkachaï ainsi que JDP Fibre de Verre dans le quartier de Buddha Monthon. En tout, 126 voitures de luxe ont été saisies. Une Ferrari a également été perquisitionnée au commissariat de police de Chakkrawat.

« Pas moins de 20 milliards de baht ont été perdus à cause de cette fraude fiscale si l’on considère que 8.000 véhicules ont été enregistrés illégalement entre octobre 2000 et mars 2013 », a déclaré Tarit Pengdith, le chef du DSI.

Les entreprises privées ne sont pas les seules à exercer des activités frauduleuses. Pas moins de cinq agences publiques sont également dans le viseur du DSI : 9.962 voitures de luxe sont suspectées d’y avoir été importées illégalement. Parmi elles, 6862 ont été enregistrées, tandis qu’environ 3.000 autres sont en attente d’homologation. Les 100 restantes auraient été importées à plus de 4 millions de bahts, selon Tarit Pengdith.

« Plusieurs hauts représentants de l’État, politiciens et autres célèbres abbés du temple bouddhiste de Samut Prakan sont soupçonnées d’être impliquées dans des activités d’importation d’automobiles illégales », a-t-il déclaré.