De l’époque du roi Naraï à aujourd’hui, les femmes thaïlandaises ont progressivement acquis davantage de droits, même si beaucoup reste à faire.

A travers l’histoire du royaume de Thaïlande, les femmes ont toujours tenu une position sociale inférieure aux hommes: tâches ménagères, éducation des enfants, satisfaction des besoins du mari à son retour du travail, gestion du budget familial…

L’influence des enseignements brahmaniques rend évident l’inégalité des statuts de l’homme et de la femme, inégalité qui repose sur les codes hindouistes auxquels se sont ajoutés l’enseignement bouddhiste.

Ceci a entraîné l’adoption progressive du concept patriarcal, basé sur l’autorité du père, et favorisé la polygamie alors que les femmes ne pouvaient avoir plusieurs hommes.

Cela a aussi influé sur le statut des enfants qui étaient soumis à l’apprentissage de leur rang. Selon les normes et lois sociales, les femmes étaient considérées comme propriété de leur mari et soumises à leur domination.

Le souverain Rama IV (1851-1868) introduisit un code juridique qui interdisait aux hommes de vendre leur femme sans leur agrément.

Par ailleurs, une femme pouvait choisir son propre mari après sa majorité. Rama V abolit l’esclavage et donna plus de pouvoir aux femmes. Rama VI se fit l’avocat de la monogamie, mais ceci influença peu les coutumes.

En 1932, la polygamie fut abolie mais beaucoup d’inégalités étaient maintenues dans la pratique, la loi reconnaissant toujours l’homme comme le chef de famille.

La participation de la Thaïlande dans le concert des nations et dans les organisations internationales, après 1945, a poussé le pays à ne plus ignorer les droits des femmes.

Un rôle traditionnel

Les femmes rurales, gérant le ménage, travaillant avec les hommes et participant aux décisions familiales, ont joué un rôle important dans le développement du pays.

Durant la période Ayutthaya, le système de corvée éloignait pour plusieurs semaines les hommes de leurs villages, et les femmes durant cette absence prenaient en charge la famille et développaient de petits commerces afin d’améliorer leur indépendance financière.

Dans le Nord-Est, les femmes sont l’élément fondamental du ménage à travers qui se règle la transmission des biens.

L’influence occidentale a entraîné le développement de la famille «éclatée» et celui de la monogamie, qui est devenue la règle juridique, la polygamie devenant très rare pour des raisons économiques et de succession.

Cette influence a eu aussi pour effet la validation des mariages par des certificats et la transmission aux enfants du nom du père, l’identification d’un chef de famille facilitant le contrôle administratif des populations.

Ceci a renforcé le concept patriarcal de l’autorité, surtout dans les populations urbaines, alors que le système pratiqué est moins rigide en zone rurale.

Les droits et obligations des individus sont définis d’abord à partir du contexte familial, et le rôle des femmes est de transmettre ces valeurs et attitudes à leur famille, en faisant passer à leurs filles la notion de leurs droits égalitaires avec les hommes, même si la perception que le rôle central au domicile familial appartient toujours à la femme.

Les filles réalisent des travaux domestiques non demandés aux garçons, mais elles aident aussi leur père. Les femmes ont des activités sociales, économiques et religieuses, les activités au sein d’une communauté villageoise requérant une coopération et des valeurs communautaires.

Vers une égalité homme/femme

Aujourd’hui, les Thaïlandaises participent pleinement à la vie du pays, ont une meilleure éducation et les lois reflètent ces changements. Ainsi, en 1974, l’équivalence des droits hommes/femmes fut établi, non seulement pour le bénéfice des femmes mais aussi pour aider au développement du pays: droit de choisir un domicile, un emploi et, en 1975, droit des femmes à voyager à l’étranger avec ou sans leur mari.

En 1978, une commission du NESDB (National Economic Social Development Board) rédigea un «Plan de développement de la femme» (Women’s Development Plan, WDP) stipulant le même statut pour tous dans les administrations, la santé, l’éducation, avec des objectifs quantitatifs.

Mais cette commission a davantage un rôle consultatif qu’un rôle de décision et d’exécution doté d’un budget. La Thaïlande est devenue membre en 1985 du CEDAW (Convention on Elimination of all forms of Discrimination Against Women) et a accepté progressivement le principe des opportunités équivalentes qui donne les mêmes chances aux femmes d’accéder à des postes au gouvernement et dans l’administration et à l’éducation…