Le nouveau Ministre des Affaires étrangères de la Thaïlande, M. Kasit Piromya a promis une nouvelle approche dans le conflit qui déchire le sud de la Thaïlande depuis maintenant cinq ans. M. Kasit a déclaré que le gouvernement prévoit de nommer un nouvel organe civil pour gérer la majorité musulmane du sud. Jusqu’à présent c’est l’armée qui a été chargée de rétablir l’ordre dans les quatre provinces du sud en proie aux attentats islamistes.
On estime qu’aujourd’hui le nombre de morts dans le Sud a atteint les 3500 depuis le 4 janvier 2004, lorsqu’un un camp militaire de la province de Narathiwat avait été attaqué par des rebelles séparatistes. C’est le bilan provisoire de la guérilla qui oppose les séparatistes musulmans, au gouvernement de la Thaïlande dans les provinces du sud, proches de la frontière avec la Malaisie.
Les gouvernements successifs ont tous échoués dans leur recherche d’une solution politique au conflit qui s’est intensifié depuis le début de l’année 2009. Le gouvernement devrait lancer un nouvel effort pour lutter contre l’insurrection séparatiste du sud musulman, mais cette dois en changeant de politique, puisque les militaires devront répondre de leurs initiatives devant un organe civil.
M.Kasit a également promis que les soldats reconnus coupables de violations de la loi seraient traduits en justice. «Le nouvel organisme sera sous supervision politique”, a t-il ajouté. Cette nouvelle administration rendra les militaires subordonnés à un organisme civil, pour la première fois depuis que la violence a éclaté en 2004 entre les rebelles séparatistes et l’armée.
Le gouvernement de Thaksin Shinawatra (2001-2006) avait adopté une politique de fermeté dans le Sud, fermant les yeux sur des violations répétées des droits de l’homme, dont le terrible bilan de Tak Bai, le 25 octobre 2004, où 78 hommes avaient trouvé la mort par suffocation dans des camions de l’armée après avoir été arrêtés dans une manifestation. Les familles des victimes ont été indemnisées depuis, mais à condition de ne pas engager de poursuites contre les responsables militaires de cette tragédie.
La police thaïlandaise a aussi officiellement ouvert une enquête sur la mort en détention d’un imam, toujours dans le sud musulman de la Thaïlande. Cinq officiers de l’armée font l’objet d’une enquête par la police militaire après qu’ils étaient impliqués dans la mort récente et apparemment sous la torture, d’un imam des provinces musulmanes du sud.
Les musulmans de Thaïlande forment une minorité estimée à 2,3 millions de personnes dans un royaume de 65 millions d’habitants. La majorité d’entre eux vivent dans les trois provinces les plus sud du pays qui correspondent à peu près à l’ancien sultanat de Pattani, rattaché au début du siècle dernier à la Thaïlande, alors le Siam, à la suite d’un accord avec les Britanniques. Le Sultanat de Pattani, qui comprenait outre le Pattani actuel, les provinces de Narathiwat et Yala ainsi qu’une partie de la province de Songkia, a été annexé au début du vingtième siècle par le gouvernement royal thaïlandais. Environ 80 % des habitants de la région sont musulmans et malais de souche et parlent le dialecte bahasa.
L’un des objectifs des dirigeants de cette insurrection semble être la “purification ethnique” de cette région, c’est a dire de chasser les non-musulmans du Sud. Les attentats individuels qui visent toujours des bouddhistes – sont parfois suivis de décapitations – visent à créer un climat de terreur chez les bouddhistes.
Pratiquement depuis le début de l’annexion, des groupes armés appelant à l’indépendance opèrent dans la région. Le 4 janvier 2004, un groupe armé non identifié a attaqué une base de l’armée royale thaïlandaise dans le district de Cho Airong, dans la province de Narathiwat. Quatre soldats ont été tués et environ 400 armes ont été volées. Les groupes armés à l’origine de ces attaques ne les revendiquent pas, aucune exigence politique n’est formulée. Il ne semble pas non plus y avoir de volonté quelconque d’engager des pourparlers avec le gouvernement.
Le 12 mars 2004, Somechai Neelapaijit, avocat musulman de renom qui représentait certaines des personnes arrêtées en relation avec les violences et avait lancé une campagne en faveur de la levée de la loi martiale dans le sud du pays, a « disparu » à Bangkok. Son sort n’est toujours pas connu et Amnesty International est préoccupée par l’absence de progrès au niveau de l’enquête. Sa « disparition » a eu un profond effet sur l’action d’autres défenseurs des droits humains ayant participé à la campagne dans le sud du pays. Ils ont le sentiment de n’avoir aucun recours face aux menaces auxquelles ils sont confrontés.
2 comments
Les propos ci contre, que vous tenez, sont sans fondements: “L’un des objectifs des dirigeants de cette insurrection semble être la “purification ethnique” de cette région, c’est a dire de chasser les non-musulmans du Sud.”
Je peux pour ma part dire que cette “insurrection” vise à créer un climat de terreur et de chaos chez les musulmans, dû notamment à la répression de l’armée. Mais c’est aussi pour le moment sans fondement.
“Environ 80 % des habitants de la région sont musulmans et malais de souche et parlent le dialecte bahasa.”
Bahasa signifie “langue”, le dialecte parlé lui s’appelle “Yawi”, on peut dire que les malais du Sud parlent le “bahasa Yawi” (comme les malaisiens parlent le “bahasa malaysia” et les indonésiens le “bahasa indonesia”).
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