La nouvelle donne en Thaïlande, et notamment le regain d’influence des militaires avec le gouvernement Abhisit, a affecté la position du royaume envers ses voisins, conduisant en particulier à une amélioration manifeste des relations avec la Birmanie.


Après les élections de novembre en Birmanie, universellement décriées par les gouvernements occidentaux comme ni libres ni équitables, le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva s’est contenté de déclarer que, “une seule élection ne pouvait pas changer la situation en Birmanie du jour au lendemain».

La Thaïlande abordera le nouveau gouvernement sortant de l’élection [en Birmanie] d’une manière ouverte et constructive.
-Abhisit Vejjajiva.

Ces remarques ont été dûment constatées, et appréciées, par la junte birmane.  Même si l’ ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra avait des liens d’affaires étroits avec la junte birmane, Bangkok a toujours maintenu une position pro-occidentale et anti-junte concernant le Myanmar.

La Thaïlande en première ligne

Thitinan Pongsudhirak, directeur de l’Institut de sécurité et d’études internationales à  l’Université de Chulalongkorn, a noté récemment dans un article que le dernier Premier ministre thaïlandais issu du Parti démocrate, Chuan Leekpai, avait eu comme position de principe de ne pas mettre les pieds en Birmanie à la fin des années 1990, en raison du régime oppressif de la junte au pouvoir.

Abhisis than Shwe
Le Premier ministre thailandais en visite en Birmanie rencontre le general Than Shwe (State Peace and Development Council de l'Union du Myanmar - SPDC). Photo : Photographer attached to the Prime Minister of the Kingdom of Thailand : Peerapat Wimolrungkarat / พีรพัฒน์ วิมลรังครัตน์

«L’importance relative des droits de l’homme et de la démocratie comme  fondements de la politique étrangère de la Thaïlande ont été jetés par la fenêtre”

écrivait récemment Thitinan Pongsudhirak.

la Thaïlande entretient depuis longtemps des liens diplomatiques, militaires et commerciaux avec son voisin. La principale source de devises étrangères pour la junte birmane provient des ventes de gaz à la Thaïlande (3 milliards de dollars par an).

Les principaux partenaires commerciaux de la Birmanie, qui est membre de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean) sont en effet la Thaïlande  avec 44% des exportations et 19% des importations, puis la Chine (7% des exportations et 33% des importations), l’Inde (14,5% des exportations), le Japon (6% des exportations) et Singapour (15,5% des importations).

Wikileaks révèle les ambitions nucléaires de la Birmanie

Mais le soutien tacite de la Thaïlande a la junte birmane pourrait poser problème dans le futur, si les ambitions nucléaires de la Birmanie se confirment. Selon certaines sources diplomatiques, la Birmanie serait en train de construire secrètement une usine d’armes nucléaires, avec l’aide de la Corée du Nord. C’est ce que révèlent des notes diplomatiques américaines diffusées par WikiLeaks.

Selon ces télégrammes, le régime de Pyongyang aurait aidé des ouvriers birmans à bâtir un complexe souterrain en béton armé mesurant 152 mètres de long. Un homme d’affaires étranger affirme avoir des barres d’acier renforcé, trop large pour un usage industriel habituel, chargées dans une barge sur le fleuve Irrawaddy. Il fait état de nombreuses rumeurs relatant la construction d’un réacteur nucléaire.

Aussitôt ces informations rendues publiques, le gouvernement thaïlandais s’est fendu d’un démenti embarrassé, mais sa lune de miel avec les généraux birmans pourrait devenir délicate pour un autre allie stratégique de la Thaïlande : les États-Unis.

2 comments
  1. It’s such a disgrace to see a military dictator in uniform with a quasi-democratically elected civilian leader.

  2. .Gouvernement sortant des elections..??

    Qui se ressemble s’assemble !!

Comments are closed.