Paetongtarn Shinawatra, la fille de l’ex-Premier ministre thaïlandais Thaksin Shinawatra, évincé lors d’un coup d’Etat militaire en 2006, émerge déjà comme favorite pour le poste de Premier ministre dans un sondage d’opinion effectué en prévision des prochaines élections prévues pour mai 2023.

Pour le moment elle n’occupe qu’un poste subalterne au sein du parti d’opposition Pheu Thai, dont le dirigeant de facto est Thaksin Shinawatra, ancien Premier ministre déposé par un coup d’Etat militaire en 2006.

Mais sa popularité grandissante et sa présence dans plusieurs meetings du Pheu Thai dans les provinces du nord-est de la Thaïlande démontre que la famille Thaksin n’a pas encore renoncé à prendre sa revanche.

Thitinan Pongsudhirak, professeur et directeur de l’Institut de sécurité et d’études internationales de l’Université Chulalongkorn, a déclaré dans une interview à VOA que le parti Pheu Thai était en ce moment seulement en train de tester la popularité de Paetongtarn Shinawatra, mais que quoi qu’il arrive, elle apparait déjà comme le leader symbolique du parti.

La famille Shinawatra Season 3?

Yingluck Nation victory
Yingluck Shinawatra, a été Premier ministre de 2011 à 2014 avant d’être destituée par le coup d’État militaire de 2014

Depuis que Thaksin a été évincé par l’armée en 2006, les partis fidèles à son mouvement ont remporté plusieurs fois des élections générales, mais leurs premiers ministres ont ensuite à chaque fois été destitués par des décisions de justice ou des coups d’État.

Yingluck Shinawatra, la plus jeune sœur de Thaksin a été Premier ministre de 2011 à 2014 avant d’être destituée par le coup d’État militaire de 2014.

Elle a par la suite été condamnée par contumace à cinq ans de prison pour négligence dans le programme de subvention au prix du riz de son gouvernement et a fui la Thaïlande en 2017.

Certes nous sommes encore à plus de 9 mois d’éventuelles élections en Thaïlande, mais Paetongtarn Shinawatra, la benjamine des enfants de Thaksin (36 ans), a été choisie par 21,6% des répondants – juste derrière « indécis », qui a été la réponse de 24% des personnes interrogées.

Quant au parti d’opposition Pheu Thai (pro Thaksin), il est arrivé largement en tête des sondages d’opinion en tant que parti favori de 34,4% des répondants, suivi par « aucun parti » à 24% suivi par le parti d’opposition axé sur la jeunesse Move Forward avec 13,6%.

Une fortune de 4,3 milliards de bahts

Surnommée « Ung-ing » par sa famille, Paetongtarn est née aux États-Unis le 21 août 1986. Elle est mariée à un pilote de ligne professionnel, et le couple a un enfant.

Paetongtarn est à la tête d’une fortune évaluée à plus de 4,3 milliards de baths grâce à son statut de principal actionnaire du promoteur immobilier SC Asset Corporation, coté à la bourse de Thaïlande (SET).

Bien qu’elle n’ait aucune expérience politique, elle est diplômée de la faculté de sciences politiques de l’Université Chulalongkorn (CU), puis a étudié la gestion hôtelière internationale à l’Université de Surrey en Angleterre.

Son compte Instagram (@ingshin21) compte déjà près de 500.000 abonnés

Thaksin go home ?

Thaksin n’a jamais renoncé à rentrer en Thaïlande, même s’il est toujours considéré comme en fuite par la justice thaïlandaise, car toujours sous le coup d’une condamnation à deux ans de prison ferme.

Il communique fréquemment avec les supporters du Pheu Thai en ligne sous son pseudonyme, « Tony Woodsome ». Il a plusieurs fois mentionné son désir de « rentrer chez lui » lors de conversations au Clubhouse avec des membres du groupe CARE, un groupe de réflexion Pheu Thai.

Paetongtarn a également réitéré le souhait de son père de retourner en Thaïlande lors de son discours tenu au cours d’un meeting du parti Pheu Thai de parti à Khon Kaen.

« Il n’a jamais oublié la dette qu’il doit à la Thaïlande. Il n’a jamais oublié les Thaïlandais. Son fort désir est de retourner en Thaïlande et de rembourser la dette de gratitude qu’il doit à son peuple », a-t-elle déclaré.

Mais une nouvelle élection d’un membre de la famille Shinawatra au poste de Premier ministre, la troisième, serait un camouflet pour les élites militaires et royales thaïlandaises et risquerait de plonger la Thaïlande dans un nouveau cycle de manifestations et de repressions.