C’était la dernière trace du passé que la Chine n’avait pas encore complètement réussi à éliminer : c’est désormais chose faite avec la fin des messes célébrées par l’église catholique de Hong Kong à la mémoire des 10 000 victimes massacrées à Tiananmen.

Il n’y pas eu de commémoration ce samedi 4 juin, ni dans les églises, ni ailleurs, dans une ville qui compte pourtant près de 500 000 catholiques. Les organisateurs ont expliqué ne pas vouloir enfreindre la loi sur la sécurité nationale entrée en vigueur il y a deux ans à Hong Kong.

L’an dernier, l’Église avait malgré tout défié les autorités en organisant sept messes dans sept paroisses différentes. Mais elle avait subi des menaces et des intimidations, avec notamment des banderoles déployées devant les paroisses en question.

Avec cet ultime tour de vis sur le peu de liberté qui subsistait à Hong Kong, l’univers orwellien construit par les censeurs chinois est désormais parfait.  1984 est aujourd’hui la seule réponse possible à 1989 pour le néototalitarisme de Xi Jinping.

Désormais il ne reste qu’une seule liberté en Chine : celle de consommer et de se taire. Ceux qui ont l’audace de critiquer l’ordre établi par Xi Jinping n’ont pas d’autres choix que l’autocritique ou la disparition.

Depuis des décennies, les autorités chinoises ont trouvé un moyen de se débarrasser de ceux qui dérangent : les faire disparaître. Il existe de multiples exemples connus. Mais c’est là la partie émergée de l’iceberg car pour la plupart, ces disparitions sont inconnues du grand public et donc de l’étranger, écrit Pierre-Antoine Donnet, ancien journaliste à l’AFP et auteur de nombreux ouvrages consacrés à la Chine

La fin des illusions pour l’occident

Disparitions, répression et censure généralisée à Hong Kong, menace d’invasion sur Taiwan, accusations de génocide dans le Xinjiang : le Parti communiste chinois qui vient de fêter ses 100 ans d’existence affiche un bilan prometteur.

Et ce n’est sans doute qu’un début car en promettant de « fracasser la tête et répandre le sang » (selon les termes de Xi Jinping) de tous ceux qui voudraient « l’intimider », la Chine a définitivement enterré les illusions occidentales sur une corrélation entre ouverture commerciale et libéralisme politique.

En fait, la corrélation entre ouverture commerciale, libéralisme économique et libéralisme politique est totalement infirmée par le cas chinois.

Au contraire, avec l’entrée de Pékin à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en 2001, la dictature communiste s’est renforcée, et s’est même lancée dans l’expansion de ses propres normes techniques, juridiques et idéologiques dans les pays partenaires de ses « routes de la soie ».