La trêve du ramadan convenue entre le gouvernement thaïlandais et les insurgés séparatistes du sud a été perturbée par des attentats à la bombe vendredi 15 avril, revendiqués par des rebels qui n’étaient pas inclus dans les pourparlers de paix.

Le double attentat a été orchestré dans le district de Sai Buri à Pattani et a causé la mort d’un pêcheur et blessé 3 agents de neutralisation des explosifs et munitions (EOD). 

Kasturi Mahkota, président de l’Organisation Unie de Libération de Patani (PULO), a déclaré que les deux explosions ont été exécutées par G5, un groupe militant de son organisation.

C’est vendredi, à 3h du matin que la police a été avertie de la première explosion. Un villageois les a alertés qu’une bombe avait explosé près d’un étang dans le village de Moo 8 à Tambon Paen, a déclaré le Pol Col Chaleomchai Phetkat, police du district de Sai Buri.

Sur les lieux de l’attentat, la police a trouvé un dépliant illustré d’une panthère sur lequel un message était écrit en langue malaise : « Daulat tuanku G5 Askar di-raja Patani » interprété comme « Vive le roi, Soldats du roi de Patani ».

La seconde explosion s’est déclenchée à 7 heures du matin, blessant par la suite trois démineurs.

Depuis le début du mois de Ramadan (3 avril 2022 en Thaïlande), le gouvernement thaïlandais et les insurgés séparatistes du sud du Barisan Revolusi Nasional (BRN) avaient convenu d’une trêve qui prendrait fin le 13 mai. 

L’armée tentera de savoir si PULO veut s’engager dans de nouveaux pourparlers, a expliqué le lieutenant-général Kriangkrai Srirak, commandant de la quatrième région de l’armée.

“Les pourparlers ne sont pas assez inclusifs et ça va trop vite”, a déclaré le président de PULO, Kasturi Mahkota

Selon le lieutenant-général Thira Daewa, commandant du corps d’armée de la quatrième région et secrétaire de l’équipe des pourparlers de paix, ces attaques demeurent le symbole de la colère de PULO d’avoir été exclu des pourparlers. 

Un conflit culturel, religieux et nationaliste

L’extrême sud de la Thaïlande, à la frontière avec la Malaisie, est une région à majorité musulmane dans un pays bouddhiste. Là-bas, les autorités trouvent des compromis pour tenter de faire appliquer la loi, mais aussi la charia, la loi islamique qui régit en partie la vie des habitants de Yaha

Cette attaque orchestrée par une nouvelle branche de PULO, met en avant plusieurs constats. 

Le premier constat est celui de la complexification de ce conflit comprenant la multiplication des groupes d’insurgés dont les buts sont parfois différents. 

Le Barisan Revolusi Nasional (BRN) est actuellement le groupe le plus important, il s’agit d’un mouvement indépendantiste islamiste dont l’objectif immédiat est de rendre le sud de la Thaïlande ingouvernable.

Le Runda Kumpulan Kecil (RKK) a été l’un des groupes les plus brutaux et les plus cruels de l’insurrection du sud de la Thaïlande. Il existe très peu d’informations sur la direction et la structure du RKK en raison de sa nature très secrète et non hiérarchique.

La Patani United Liberation Organization (PULO) est un mouvement fondé sur les valeurs nationalistes islamistes de l’édification de la nation de Patani. Son objectif premier était de libérer Pattani de la domination thaïlandaise par tous les moyens, y compris la lutte armée. Le groupe qualifie la présence thaïlandaise à Pattani de « colonisation » et revendique son indépendance.

Cette liste est non exhaustive, le nombre des principaux groupes d’insurgés est souvent comptabilisé à 6 groupes (BRN, RKK, GMIP, BBMP, PULO, Nouveau PULO etc).

Le second constat est celui de l’intensification des violences. Depuis 2003, pas une seule année ne s’est écoulée sans qu’un attentat lié à l’insurrection du sud de la Thaïlande ne touche la zone.

Les années les plus violentes et les plus meurtrières restent les suivantes : 2004, 2006, 2007, 2011, 2012 et 2017. 

Le dernier constat est le résultat des deux constats précédents. La multiplication des groupes d’insurgés, des objectifs et des violences engendre une difficulté croissante pour cerner ce conflit et rendent les négociations très compliquées et aléatoires. 

Ce conflit, duquel ne ressort généralement que la violence des groupes insurgés, cache également un harcèlement physique et mental de la part de l’armée et du gouvernement à l’encontre de présumés insurgés. La commission asiatique des droits de l’Homme accuse l’armée d’avoir battu et torturé des insurgés présumés en leur brûlant les parties génitales avec des cigarettes, en brisant des bouteilles de bière sur leurs genoux et en les enchaînant à des chiens.

En 2007, un groupe de musulmans de Narathiwat s’est sauvé vers la Malaisie affirmant qu’ils fuyaient l’intimidation et la brutalité de l’armée.

1 comment
  1. La Thaïlande n’a qu’à les foutre dehors une bonne fois pour toute et les renvoyer en Malaisie ! Ya une armée en Thaïlande, non?
    Ça sert à ça une armée, assurer l’intégrité du pays, non?

Comments are closed.