Depuis le début du mois de Ramadan (3 avril 2022 en Thaïlande), le gouvernement thaïlandais et les insurgés séparatistes du sud ont convenu d’une trêve qui prendra fin le 13 mai.

Une parenthèse pacifique dans une région déchirée par la violence

« Les deux principaux partis ont convenu de mettre fin aux activités violentes tout au long du mois de Ramadan du 3 avril au 14 mai », a déclaré Anas Abdulrahman, qui dirige la délégation du Barisan Revolusi Nasional (BRN) aux pourparlers de paix qui se déroulent dans la capitale malaisienne.

« Cet accord vise à créer une atmosphère pacifique et prospère pour la communauté de Patani en particulier et un processus de renforcement de la confiance entre les deux parties pour créer la paix »

Anas Abdulrahman, délégation du Barisan Revolusi Nasional (BRN)

Cette trêve apparaît comme un espoir vers ce qui pourrait être une solution plus durable. En effet, l’accord serait en passe d’ouvrir la voie à un accord de paix concret. 

Abdul Rahim Noor, ancien chef de la police fédérale malaisienne, témoigne dans une autre conférence de presse que le gouvernement thaïlandais avait convenu qu’il ne procéderait à aucun raid ni à aucune arrestation pendant le Ramadan.

Un conflit très ancien

Ce conflit prend essentiellement sa source dans la décolonisation de plusieurs pays après la Seconde Guerre mondiale,

Près de la frontière entre la Malaisie et la Thaïlande, trois provinces – Pattani, Yala et Narathiwat – regroupent la majorité des 5% de musulmans de Thaïlande et les 4/5e d’entre eux sont d’origine malaise.

cartethailandesud - thailande-fr

Ces trois provinces appartenaient anciennement au sultanat de Patani, haut lieu de l’Islam en Asie du Sud-Est au XVIIe et XVIIIe siècles.

Mais à la suite d’un traité signé en 1909 entre la Grande-Bretagne et le Siam, la région de Pattani est rattachée à la Thaïlande majoritairement bouddhiste.

Depuis cette date des groupes rebelles malais luttent pour un pays indépendant, ou pour un rattachement à la Malaisie.

C’est à partir de 2004 que la situation se complexifie et que la région voit naître une nouvelle vague de violence. 

Le 4 janvier 2004, le pillage d’une caserne militaire met le feu aux poudres. Une trentaine d’hommes cagoulés tuent quatre soldats bouddhistes et volent 400 fusils d’assaut ainsi que des roquettes dans le camp de Ratchanakarin dans la province de Narathiwat.

Au cours des 18 dernières années, plus de 7 300 personnes sont mortes et 13 000 ont été blessées dans un conflit qui touche les trois provinces les plus méridionales de la Thaïlande : Pattani, Yala et Narathiwat, et qui s’étend aux régions voisines de la province de Songkhla.

Depuis 2004, des groupes armés séparatistes au sud du pays s’opposent au gouvernement thaïlandais 

L’espoir d’un règlement pacifique du conflit

Le mois de Ramadan est un mois durant lequel les familles souhaitent être réunies, davantage durant l’Aïd, fête importante dans l’Islam qui clôture le mois de jeûne.

Les deux parties ont justement échangé sur cette situation afin de faire émerger un mécanisme permettant aux membres du BRN résidant en Malaisie de retourner en Thaïlande et de rendre visite à leurs familles sans crainte d’être arrêtés.

Cette proposition a été acceptée, à condition que les membres se présentent aux autorités thaïlandaises et qu’ils “promettent de ne pas mener des attaques et de ne pas rapporter d’armes à la maison”, affirme Rahim.

Ces différents accords ont été officialisés par un échange de documents signés dont trois principes clés apparaissent clairement : la réduction de la violence, la consultation publique et la solution politique.

Les deux parties se sont accordés à former trois groupes de travail conjoints, chacun composé de trois membres des deux parties, afin de traiter, de lier et d’échanger sur les trois principes clés. 

Thailand, Southern Insurgent Group To Halt Violence During Ramadan (voanews.com)

You May Also Like

Les Dynasties Politiques en Asie du Sud-Est : Quand le Pouvoir Devient une Histoire de Famille

Les Shinawatra en Thaïlande, les Marcos aux Philippines, les héritiers de Suharto en Indonésie : autant de familles qui ont transformé la politique en entreprise familiale, perpétuant un système où le pouvoir se transmet comme un patrimoine.