La police thaïlandaise a ouvert une procédure d’accusation de lèse-majesté contre le chef du groupe progressiste Thanathorn Juangroongruangkit, selon un communiqué publié par le bureau du procureur général.

L’avocat de Thanathorn, Krisadang Nutcharat, a déclaré à la chaîne ThaiPBS que la police avait décidé d’inculper son client, également ancien chef du défunt parti Future Forward, en se basant sur le contenu de ses conférences en direct sur Facebook sur la gestion des vaccins par le gouvernement.

L’accusation de lèse-majesté a été initiée par Apiwat Khanthong, chef du comité chargé d’enquêter et d’engager des poursuites judiciaires contre des personnes pour avoir diffusé de fausses informations sur les performances du Premier ministre et de son cabinet.

Une critique de la stratégie vaccinale du gouvernement

Selon la police les propos de Thanathorn Juangroongruangkit contenaient des remarques censées offenser la monarchie, car remettant en cause la stratégie vaccinale du gouvernement.

Cette stratégie repose en grande partie sur la production locale de vaccins AstraZeneca, dont la plupart sont produits par la société thaïlandaise Siam Bioscience, qui appartient à une filiale du Crown Property Bureau, propriété du roi de Thaïlande.

Dans un message publié sur son compte Twitter, Thanathorn a exhorté le public à surveiller de près plus de 1 500 personnes, dont beaucoup font face à des accusations de lèse-majesté.

La lenteur des achats de vaccins par le gouvernement thaïlandais a entraîné un retard important dans le taux de vaccination du Royaume, laissant la Thaïlande à la traîne de nombreux pays – y compris la plupart des autres pays de l’Asean – dans la course mondiale aux vaccins contre la COVID-19.

L’inquiétude des Nations Unies

Des experts des droits de l’homme des Nations Unies ont exprimé leur profonde inquiétude face à l’utilisation de plus en plus sévère par la Thaïlande des lois sur la lèse-majesté pour limiter les critiques à l’encontre de la monarchie.

« Nous avons souligné à plusieurs reprises que les lois sur la lèse-majesté n’ont pas leur place dans un pays démocratique », ont-ils ajouté. « Leur application de plus en plus sévère a pour effet de réduire la liberté d’expression et de restreindre davantage l’espace civique et la jouissance des libertés fondamentales en Thaïlande ». 

La loi thaïlandaise de lèse-majesté, ou article 112 du code pénal, est la plus draconienne du genre au monde. Les accusés risquent jusqu’à 15 ans de prison par infraction, avec des peines consécutives et cumulatives possibles.

Le 19 janvier 2021, Mme Anchan Preelert, une ancienne fonctionnaire de 60 ans, a été condamnée à ce qui est considéré comme la peine la plus sévère du pays en vertu des dispositions sur la lèse-majesté (soit 43 ans de prison ferme), pour avoir publié des clips audio critiquant la monarchie sur sa page Facebook entre 2014 et 2015.

You May Also Like

Pourquoi la Malaisie et la Thaïlande veulent-elles rejoindre les BRICS ?

Les BRICS, dont le nom remonte à un rapport de Goldman Sachs en 2001, ont longtemps lutté pour trouver un objectif économique ou géopolitique, car ses pays membres ont peu de points communs, hormis le fait d’être grands et non occidentaux.