La crise financière mondiale est bien arrivée en Thaïlande, mais surtout par le biais d’une chute spectaculaire des exportations. La Thaïlande paye donc en ce moment au prix fort son ouverture sur les marchés extérieurs. Mais cela ne veut pas dire que les caisses sont vides, loin de là. Ce serait même plutôt le contraire :  il y a beaucoup de liquidités à placer, mais par n’importe où.
Tandis que le monde entier se lamente sur le manque de crédit et de liquidités, les émissions d’obligations par les grosses entreprises thaïlandaises battent des records depuis le début de l’année. Alors que certaines grandes entreprises américaines et européennes se retrouvent au bord de la faillite parce qu’elles manquent de cash, pour financer leurs activités ou rembourser leurs dettes, certaines sociétés d’Asie du Sud-Est semblent défier le monde du crédit. Pour preuve, la croissance exponentielle des émissions d’obligations de sociétés thaïlandaises depuis le début de l’année 2009.

En Thaïlande, les entreprises ont à ce jour levé 2 milliards de dollars à travers l’émission d’obligations sur le marché, en forte augmentation  depuis le début de l’année.

Les grosses entreprises thaïlandaises comme PTT, recourent de plus en plus aux obligations pour se financer

Ces sociétés empruntent dans leur propre pays, et le plus souvent dans leur devise, en profitant de l’excès d’épargne en Asie, et de la recherche d’ un rendement supérieur au taux de base bancaire.

Actuellement, les taux d’intérêts sur les dépôts bancaires  sont tombés à un niveau proche de zéro, ce qui oblige de nombreux épargnants et les investisseurs à rechercher des alternatives.

En ce moment le taux d’épargne sur les “saving account” en Thailande est tombé  à 0,5 % seulement, et celui sur les dépôts à terme dépasse rarement les 1,5%. C’est pourquoi les investisseurs sont à la recherche de nouveaux placements qui peuvent garantir un rendement plus élevé, tout en privilégiant les investissements moins risqués que les actions, en baisse de 50% en moyenne sur les marchés asiatiques depuis le début de la crise. Les obligations de sociétés  émises  sur le marché intérieur offrent ce type de redements, avec un risque limité. Les fonds communs de placement ont également mis en place de nouveaux fonds à investir dans des obligations d’entreprises, car le rendement des obligations d’État est très faible. Par exemple, le rendement d’une durée de cinq ans des emprunts d’État se situe à 2,4 pour cent, alors que beaucoup d’obligations émises par des entreprises rapportent au moins 5 %.

Les banques centrales un peu partout en Asie, ont réduit les taux d’intérêt pour encourager les banques à prêter de l’argent aux entreprises après le resserrement du crédit mondial qui a commencé l’année dernière. Mais au lieu de s’adresser aux banques, les entreprises préfèrent s’adresser aux investisseurs institutionnels et aux particuliers par le biais des obligations.

“Je dirige une institution qui possède sept milliards de baht en cash, et nous avons un gros problème pour savoir  où placer cet argent. Nous ne savons pas où mettre des liquidités pour gagner un minimum d’intérêts sur nos réserves.”,

a déclaré Narongchai Akrasanee, président de la Thailand Export-Import Bank.

Les investisseurs thaïlandais qui ont acheté des obligations de  PTT (société d’énergie et d’exploitation pétrolière majoritairement détenue par l’État thaïlandais) pour 15 milliards de baht ou 423 millions de dollars  d’obligations le mois dernier pourront gagner 5 % sur les cinq prochaines années.

Les analystes estiment que les sociétés  “blue chip”  (sociétés les mieux cotées sur le marché) trouvent qu’il est plus facile d’émettre des obligations, car elles ont des parts de marché stables, des  revenus fiable et une bonne note des agences de notations de crédit.  La Thai Bond Market Association estime que les émissions obligataires locales d’entreprises pourraient atteindre les 7 milliards de dollars cette année, légèrement en hausse par rapport à l’année dernière.

Bien que le marché ait été jusqu’à présent très réceptif  aux demandes des entreprises locales,  le ralentissement économique mondial pourrait réduire leurs recettes, et à terme leur notation de crédit, rendant plus difficile ou plus coûteux pour eux de lever des fonds sur le marché obligataire  pour l’avenir. Les difficultés économiques prolongées rendent les investisseurs hésitant à investir dans des obligations d’entreprises. Le risque de solvabilité est toujours présent et  les investisseurs qui s’inquiètent du risque de défaillance, pourraient repousser les décisions d’investir dans des obligations de sociétés à faible notation.

Parmi les sociétés qui prévoient d’emprunter sur le marché obligataires on trouve notamment  Kasikornbank (banque) pour 170 milliards de baht ($4.74 billion) , Asian Property (promoteur immoblier) pour 4 milliards baht sur une durée de 10 ans, Major Cineplex qui prévoit d’emprunter 1.5 milliard baht sur cinq ans pour financer son développement. Le promoteur immobilier Sansiri  prévoit d’émettre 3 milliards de baht sur 10 ans sur le marché domestique et à l’étranger.  Advanced Info Service  (AIS), le plus gros opérateur de téléphonie mobile en Thailande a prévu aussi d’emprunter 15 milliards de  baht ($425 million) en baht et d’autres de vises d’ici 2013.

You May Also Like

12 milliards de canettes

Selon le dernier classement Forbes, Chalerm Yoovidhya, co-propriétaire de Red Bull, est à la tête de la famille la plus riche de Thaïlande cette année, devançant pour la première fois les frères Chearavanont du groupe CP.