Le gouvernement militaire qui dirige la Thaïlande depuis le mois de mai 2014, s’apprête à injecter 136 milliards de baht dans l’économie sous forme de prêts subventionnés, une politique de relance de la consommation directement inspirée de celles qui avaient assuré le succès de Thaksin.
Passé complètement inaperçu ou presque, car effectué quelques jours après l’attentat du 17 août, le dernier remaniement ministériel décidé par le gouvernement militaire du général Prayut incluait pourtant une surprise de taille.
Somkid : l’inspirateur des “Thaksinomics”, au service de la junte
La nomination de Somkid Jatusripitak, comme vice-Premier ministre, et ministre des Finances : une double casquette qui témoigne de son importance au sein de la nouvelle équipe.
L’ironie c’est que Somkid, aujourd’hui vice-Premier ministre au service de la junte, a été l’architecte des “Thaksinomics” les politiques populistes de relance qui ont stimulé la croissance du PIB pendant les années Thaksin.
Somkid a aussi été l’un des principaux co-fondateurs du parti Thai Rak Thai en 1998, avec Thaksin Shinawatra. Il a longtemps occupé une place importante dans le parti de Thaksin, comme en témoigne sa place de numéro trois sur la liste du TRT aux élections de 2001, derrière Thaksin Shinawatra et Purachai Piemsomboon.
Les difficultés persistantes de l’économie thaïlandaise
La nomination de Somkid est un tournant qui survient alors que l’économie du pays subit une phase négative prononcée : les exportations sont en recul depuis sept mois consécutifs, alors qu’elles représentent environ 60% du PIB.
Le dernier Indice de confiance des consommateurs (ICC) publié pour le mois d’août 2015 est tombé à son point le plus bas sur une période de 15 mois, et les résultats d’une récente enquête montrent une augmentation marquée de l’endettement des ménages thaïlandais.
Relance keynésienne ou populisme ?
Les nouvelles mesures de relance rurales – 60 milliards de baht en microcrédits pour les villages, 36 milliards pour les dépenses de sous-district et 40 milliards pour les petits projets – représentent un renouveau à une plus petite échelle des politiques qui ont fait le succès des gouvernements Shinawatra.
La pilule a sans doute été un peu amère pour les militaires : Somkid est considéré comme le véritable cerveau des politiques économistes populistes qui ont aidé à propulser le parti Thai Rak Thai vers une victoire écrasante aux élections de 2001.
Le TRT avait “gagné en embrassant le populisme sur une grande échelle”, avait alors écrit la Far Eastern Economic Review.
C’est ce type de politique, souvent assez coûteuse pour les finances publiques, qui avait pourtant été vivement critiqué par les généraux lors des deux coup d’Etat de 2006 et surtout de 2014.
À plus long terme, Somkid a déclaré vouloir réduire la dépendance de la Thaïlande à l’exportation : une autre aspiration insatisfaite des années Thaksin.