La Thaïlande mesure aujourd’hui l’importance de sa dépendance par rapport aux marchés d’exportations, en particulier vers les Etats Unis, une économie empêtrée dans une profonde récession, et dont la monnaie commence à poser problème. Cette nouvelle donne incite la Thaïlande à se tourner vers un modèle de croissance plus équilibré.
A l’issue du sommet bilatéral, qui s’est tenu la semaine dernière à Washington, la Chine et les Etats Unis se sont engagés à adopter des politiques économiques visant à assurer une “croissance plus durable et plus équilibrée à l’avenir”. Une piste de reflexion qui ne peut être que bénéfique pour un pays comme la Thaïlande qui a construit son modèle de croissance “à la chinoise” avec un fort développement des exportations, combiné avec une devise plutot faible et un marché intérieur sous évalué.
La Chine a été le principal bénéficiaire des investissements étrangers directs au cours de la dernière décennie, et pourrait bien devenir à son tour une source d’investissements pour les pays de la région ASEAN. Le gouvernement chinois propose maintenant un soutien aux entreprises locales qui souhaitent investir à l’étranger, et a également manifesté son intérêt pour investir en Thaïlande.
Ce n’est pas un hasard : le Board of Investment (BOI) a ouvert cette année un deuxième bureau à Pékin, et un troisième bureau en Chine à Guangzhou est prévu pour le troisième trimestre de cette année.
Forte de ses réserves de devises phénoménales (plus de 2 000 milliards de dollars), la Chine est devenue le principal créancier de la planète. Pas seulement des Etats-Unis. Alors que la République populaire de Chine s’apprête à célébrer ses soixante ans, Pékin est, à nouveau, rappelleraient les historiens, au centre du monde et la crise ne peut qu’accentuer cette tendance.
La crise actuelle trouve une de ses causes dans les déséquilibres majeurs observés entre les Etats-Unis et la Chine. Les Américains consomment trop et n’épargnent pas assez, les Chinois, au contraire, ne consomment pas assez et épargnent trop.
Le monde espère que le moteur de la consommation américaine va redémarrer, mais avec un gouvernement qui entretient un déficit d’une ampleur inconnue et des consommateurs déjà très endettés, il est peu probable que l’acheteur américain redevienne le moteur de la croissance dans la prochaine décennie.
Indirectement la Thailande a fait les frais de ce déséquilibre car sa croissance repose en grande partie aussi sur les exportations vers les Etats Unis. Trois cents hommes d’affaires chinois de Chine continentale, Hong Kong, Macao et d’autres pays se sont joints à des représentants de 500 entreprises thaïlandaises au cours du “Thai-Chinese Business Forum” qui s’est tenu à Pattaya, du 27-28 Juillet 2009, pour discuter de commerce et d’investissement entre la Thaïlande et la Chine.
L’événement vise à générer environ 20 milliards de baht en échanges commerciaux et investissements entre les deux pays. Malgré la récession économique mondiale, les investissements chinois en Thaïlande Conseil de l’investissement ont augmenté de 181% dans la première moitié de 2009.
M. Chanchai Chairungruang, le ministre de l’Industrie de la Thaïlande et le président du forum a déclaré à cette occasion :
<«Avec une population de 1,3 milliards de dollars, la Chine a le plus grand marché intérieur. Environ 200 millions de ces consommateurs ont un pouvoir d’achat élevé. Le pays offre de grandes possibilités pour les grandes entreprises thaïlandaises, ainsi que les petites et moyennes entreprises. Nous pensons que c’est une fructueuse occasion d’élargir le commerce et l’investissement de coopération entre la Thaïlande et la Chine. “
La plupart des hommes d’affaires chinois présents au séminaire étaient des investisseurs potentiels. Cinquante entreprises sont de grandes sociétés telles que New Hope Group, le plus grand fabricant d’aliment de la Chine; Merlin Group, l’un des top producteurs de produits chimiques; Huaqi Information (Singapore) Limited, un fabricant de produits numériques et de boîtiers d’ordinateurs, Beijing Pharmaceutical Group ,la troisième plus grande entreprise pharmaceutique chinoise, et Tang Frères, la plus grande entreprise chinoise d’exploitation en Europe de l’Ouest de supermarchés en France.
Le Dr. Atchaka Sibunruang Brimble, Secrétaire Général du Board of Investment (BOI), a ajouté:
«L’économie chinoise devrait croître de 8% cette année au milieu de ralentissement économique mondial. L’investissement de la Chine continue à attiver en Thaïlande. Selon les statistiques du BOI au cours des 30 dernières années, il y a eu plus de 277 projets chinois de promotion des investissements en Thailande. Pour le premier semestre de 2009, 10 projets en provenance de Chine ont d’ores et déjà été soumis au BOI pour des mesures incitatives. La valeur des investissements chinois a doublé par rapport à la même période de l’année dernière.
Reste que les défis sont nombreux pour la Chine, si elle ne veut pas être à son tour rattrapé par la crise. Elle doit passer d’une économie d’épargne à une économie de consommation et stimuler la demande intérieure.
Le Fonds monétaire international (FMI) vient de publier un rapport qui suggère que la Chine devrait fournir une sorte de filet de sécurité pour ses citoyens, leur donner un meilleur accès aux soins de santé, par exemple, ce qui les aiderait à augmenter leurs dépenses. La Thaïlande est en fait confrontée aux mêmes types de problèmes, mais à une échelle différente : elle pourrait bien s’inpirer des reflexions du FMI, car elle doit doit elle aussi partir à la reconquete de son marché intérieur si elle veut diminuer sa dépendance aux exportations.