La Premier ministre Yingluck Shinawatra a de nouveau insisté pour que la Thaïlande continue son programme de soutien gouvernemental au cours du riz, en dépit d’un vote du Sénat demandant de suspendre temporairement le programme.

Corruption, chute des exportations en raison des cours trop élevés, difficultés de stockage et au final inefficacité notoire du programme en faveur des riziculteurs : le gouvernement thaïlandais est resté sourd à toutes les critiques et a décidé de renouveler son soutien au cours du riz pour la prochaine récolte.

Rice exports
Avant la mise en place du programme de soutien au cours du riz, la Thaïlande était le premier exportateur mondial de riz, avec environ 10 millions de tonnes vendues chaque année

Les agriculteurs thaïlandais continueront donc de pouvoir vendre leur récolte de riz au gouvernement au prix de 15,000 baht par tonne (40% plus cher environ que les cours mondiaux) alors que les centres de stockage sont déjà tous pleins à craquer avec la précédente récolte, et que le gouvernement envisage maintenant d’utiliser les hangars désaffectés d’aéroport pour stocker du riz.

Exportations en chute libre et corruption généralisée

Un groupe de 68 sénateurs a demandé à la Cour constitutionnelle une injonction de suspendre les ventes de riz G-to-G (Gouvernement à gouvernement),  fortement critiquées par d’anciens membres du gouvernement et des universitaires en raison de son manque de transparence. Selon les chercheurs du TDRI (Thailand development research Institute) le système de soutien artificiel au cours du riz nuit aux exportations et conduit à une corruption généralisée.

La politique de subventions mise en place par le Premier ministre Yingluck Shinawatra a déjà coûté au gouvernement environ 260 milliards de baht (8,4 milliards de dollars) et un autre budget de 400 milliards de baht a été approuvé pour les douze prochains mois.

Le prix du riz décidé arbitrairement par le gouvernement thaïlandais est d’environ 45 % au-dessus du prix mondial. Conséquence directe:  au cours des 12 derniers mois, les exportations de riz thaïlandaises ont baissé de 45 %. La Thaïlande produit plus de 30 millions de tonnes de riz par an, et en 2010 a exporté plus de 7 millions de tonnes. En 2011, le volume des exportations a diminué de 3,9 millions de tonnes, et le riz invendu s’entasse et commence à s’abimer dans des silos à travers tous le pays.

Extrêmement coûteuse la politique gouvernementale de soutien artificiel au prix du riz, ne pourra être reconduit éternellement à moins d’une hausse importante et durable des cours mondiaux du riz. Qu’adviendra-t-il alors de la production des riziculteurs qui ne pourra plus être exportée, puisque la Thaïlande a perdu sa première place d’exportateur mondial au profit d’autres pays comme le Vietnam, l’Inde, ou les Philippines.

La décision du Premier ministre Yingluck Shinawatra, l’an dernier d’acheter du riz avec une prime de 40% sur le cours mondial a été motivée par le désir d’aider les producteurs de riz thaïlandais. Ces agriculteurs réclamaient une meilleure redistribution des richesses et un niveau de vue plus proche de celui de Bangkok. Ils sont aussi, et ce n’est pas un hasard, de fervents partisans de son parti, le Pheu Thai: les zones rurales ont massivement voté pour l’élection de la jeune sœur de Thaksin lors du dernier scrutin.

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Selon le dernier classement Forbes, Chalerm Yoovidhya, co-propriétaire de Red Bull, est à la tête de la famille la plus riche de Thaïlande cette année, devançant pour la première fois les frères Chearavanont du groupe CP.