Bangkok « Cités des anges », la ville  aux mille lumières qui ne dort jamais, aux tours luxueuses dont nulles nuits de tempêtes n’arrivent à entamer la beauté,  aux innombrables shoppings malls  aux dimensions surhumaines.

Autant d’étendards fièrement dressés pour célébrer le miracle économique de l’un des tigres d’Asie du Sud-Est. Mais les tours ne sont pas toutes faites de verres et de lumières dans la capitale du royaume, à l’image des nombreux logements sociaux que compte la capitale.

La face cachée du royaume

A l’instar des grandes mégalopoles mondiales, une part de la population de Bangkok n’a pas la possibilité de résider dans les condominiums de luxes ou autres résidences privées à destinations des classes moyennes aisées. Ils s’entassent ainsi dans des tours de banlieue à l’image de celle de Klong Toey, que le soleil zénithal écrasant de mai métamorphose en quartier fantôme, les terrains de sports collectifs se mutants en de vaste place sans vie.

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La forêt des paraboles multicolores et les uniformes d’écoliers s’imprégnant du soleil sont les uniques signes de gaité dans cet univers de béton gris-noir, entamé par les années et les moussons successives. Derrière les portes métalliques closes, aucun bruit ne filtre, les immeubles sont d’un silence pesant en ce début d’après-midi.

Il faut chercher les zones d’ombres (les parkings à motos, les dessous d’escaliers…) ou bien faire preuve de patience jusqu’en fin d’après-midi afin de voir réapparaitre les autochtones. A cette occasion on découvre des gens accueillants, avec un esprit de communauté riche, semblable à celui des banlieues de l’hexagone il y a 30 ans.

Le lieu devient chaleureux, les femmes se réunissent entre elles et discutent, les hommes de leurs côtés bricolent leurs motos ou jouent au échec.

Une autre image de la Thaïlande

Véritable miroir de la Thaïlande dans toute sa diversité, ces logements sociaux sont un concentré de toute la population du royaume. Qu’ils soient originaires de l’Isan ou du sud de la Thaïlande, la plupart des habitants sont des migrants venus à Bangkok pour fuir leurs régions natales et le manque d’emploi.

Pour certains, installés ici depuis plus de 30 ans, cet univers austère aux premiers abords se révèle être pour eux un lieu de vie quotidien, qu’ils affectionnent et n’échangeraient pour rien au monde.

A l’image de Sui Shangtung, 68 ans, qui est partie de l’Isan il y a de cela 35 ans. Depuis elle tient une échoppe de légumes sur un marché en bas de son immeuble. Veuve depuis bientôt 3 ans, elle ne se voit par retourner dans sa région d’origine.

« J’ai toute ma vie à Klong Toey, je ne retourne dans ma région qu’une ou deux fois dans l’année pour le nouvel an »

nous confie Mme Sui.

Mais les Thaïlandais ne sont pas les seuls à venir tenter leurs chance dans la capitale, les logements sociaux accueillent aussi des migrants du Laos et du Cambodge voisin. Thsogun est l’un d’entre eux.

Cambodgien, il travaille comme employé agricole dans des exploitations d’état.

« Je ne retournerai pas au Cambodge, là-bas il n’y a pas de travail » témoigne t’il.

Il aime ce pays qui lui a donné une chance et un emploi, et il ne s’imagine pas repartir.

De tous horizons, cette multitude de vies constitue l’âme des logements sociaux de la capitale, avec une mixité sociale qu’aucune autre place de la capitale ne saurait concurrencer.

Loin des clichés touristiques

Les logements sociaux dans Bangkok sont une réalité quotidienne pour nombres d’habitants, bien que le phénomène soit méconnu de l’immense majorité des touristes et des expatriés de la capitale. On en compte des milliers dans toute la ville.

Mais ce qui peut paraitre comme un ensemble cohérent, se présente parfois sur le terrain comme une multitude de groupement immobilier aux dimensions et au standing variable. La surface des logements est ainsi assez disparate d’un lieu à l’autre, de 32 m2 à NHA Bon Kai ou plus de 60 m2 à Baan Mankong Suan Phlu. La densité de population est-elle par contre assez constante autour de 4 personnes par logements.

Les espaces libres (non bâti) qui proposent des parcs ou aires de jeux varient aussi en surface du simple au quadruple selon les zones (de 8m2 par habitants à près de 32 m2). Une variété de condition de vie qui est principalement due à la date de fabrication des logements, les anciennes zones de logements sociaux étant moins bien dotées.

Les espaces de logements sociaux dans la capitale du royaume relèvent donc d’une réalité complexe, mélangent de migration nationale et internationale, mais aussi d’une grande variabilité de conditions de vie malgré leurs appellations génériques. Une chose est certaine, Bangkok attire dans la région comme un aimant et les candidats pour y loger sont toujours plus nombreux.

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