La zone de libre-échange entre la  Chine et six pays de l’ASEAN (la Thaïlande, l’Indonésie, Brunei, les Philippines, Singapour et la Malaisie), entrée en vigueur depuis le 1 janvier 2010, couvre 13 millions de kilomètres carrés, et compte 1.9 milliards d’individus. Elle est censée faciliter les coopérations dans de nombreux domaines, tels que l’agriculture, l’informatique, et les investissements pour le développement de la sous-région du Grand Mékong.

Selon Zhang Kening, le conseiller commercial du département international du ministère chinois du Commerce, et Warawudh Chuwiruch, de l’Ambassade de Thaïlande en Chine, elle va dynamiser la croissance économique des deux parties, ont-ils déclaré lors d’une conférence de presse tenue à Beijing, le 29 décembre.

Selon Warazudh Chuwirudh, la zone de libre-échange Chine-Asean favorisera les échanges mutuels en matière de commerce de produits et de services, ainsi que d’investissements. La Chine et l’Asean comptent plusieurs industries complémentaires qui permettront de stimuler réciproquement les croissances économiques des deux parties, a rappelé Zhang Kening, en soulignant que l’établissement de la zone de libre-échange Chine-Asean encouragera également davantage les investissements bilatéraux.

La Chine et six pays de l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) – la Thaïlande, l’Indonésie, Brunei, les Philippines, Singapour et la Malaisie -se sont engagés à supprimer, à compter du 1er janvier 2010, la quasi-totalité des droits de douane appliqués sur quelque 7.000 groupes de produits et de services, totalisant près de 90 % de leurs échanges. La baisse généralisée des tarifs douaniers représente une opportunité pour les agriculteurs thaïlandais, premier exportateur de riz de la région, et producteurs importants de fruits exotiques très prisés par les 1,3 milliard de consommateurs chinois.

Les échanges commerciaux entre l’Asean et la Chine ont enregistré une croissance rapide ces dernières années, passant de 59 milliards de dollars en 2003 à 112 milliards de dollars en 2008, depuis le lancement du processus de construction de la zone de libre-échange en 2003. Pendant le même temps le commerce intra Asean est lui passé de 260 à 458 milliards de dollars.

La Chine a joué un rôle déterminant dans la mise en place d'une zone de libre échange avec l'ASEAN

La Chine a joué un rôle central dans la mise en place de cette initiative avec un fonds pour promouvoir le développement des infrastructures au sein de l’ASEAN, dont le fonds Chine-ASEAN de 10 milliards de dollars sur la coopération en matière d’investissement, et un crédit commercial de 15 milliards de dollars comprenant des prêts préférentiels à hauteur de 1,7 milliard de dollars.

La Thaïlande entend bien profiter de l’entrée en vigueur de ce nouveau marché pour développer ses investissements. Le Board of Investment (BOI) a ouvert dès cette année un troisième bureau en Chine à Guangzhou sous l’égide du Ministère de l’Industrie, pour encourager l’investissement direct étranger en Thaïlande. Depuis le début de la crise politique en Thaïlande, le Japon principal investisseur étranger, a diminué ses engagements de 60%. Le principal partenaire commercial de la Thaïlande, les États-Unis, tardent à sortir d’une crise mondiale qu’il a lui même déclenché. Sa monnaie, le dollar, inspire une défiance croissante sur les marchés, où elle subit une concurrence croissante de l’Euro et du Yen.

A terme c’est bien la question de la place du yuan et du dollar dans le système monétaire mondial qui est posé, face aux incertitudes qui minent la position dominante du dollar.  On peut penser qu’à moyen terme le déclin relatif du dollar pourra profiter à une plus grande utilisation des monnaies asiatiques par le biais d’une accélération des échanges commerciaux et financiers dans le cadre de l’ASEAN.  La Chine a tout intérêt à ce que le Yuan serve de monnaie de référence dans la région à la place du dollar.

A terme c’est aussi l’intégration des pays de l’ASEAN entre eux qui risque de poser problème : le Cambodge, le Laos, la Birmanie et le Vietnam, intégrés plus tard à l’Asean, bénéficient jusqu’en 2015 d’une clause transitoire destinée à leur permettre de ramener à zéro leurs droits de douane. 2015 est aussi la date butoir fixée pour l’entrée en vigueur d’une « Communauté économique de l’Asean » (AEC) se caractérisant par la libre circulation des biens, des services, des investissements et des capitaux entre les dix pays membres  (Philippines, Indonésie, Malaisie, Singapour, Thaïlande, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie et Cambodge). L’idée étant de constituer un marché attractif et une entité économique, moins dépendante des États-Unis. L’Asean pourrait ainsi se positionner de manière plus favorable face aux géants chinois et indiens.

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