Après deux années marquées par l’attentisme des investisseurs, la Thaïlande a retrouvé des raisons d’espérer en ce qui concerne le secteur immobilier. L’instabilité politique reste une préoccupation, mais elle est désormais mieux intégrée par les acheteurs, qui ont compris qu’après une phase de crise aiguë et dissuasive, les perspectives sur le long terme restent attractives.
Le marché de l’immobilier, notamment le secteur résidentiel , devrait progressivement se redresser en 2010, grâce aux effets des plans de relance du gouvernement. Toutefois, le marché des bureaux, ainsi que des résidences de luxe dans les destinations de villégiature, continueront à rencontrer des difficultés.
Le Directeur général de CB Richard Ellis (Thaïlande) a déclaré que la demande pour des résidences type maisons de villes dans le grand Bangkok entre 2 et 3 millions de baht avait continué de croître, tandis que la demande de copropriétés (condominium) en centre ville à des prix entre 80000 et 150000 baht (entre 1600 et 3100 euros) par mètre carré a été également forte. Mais les appartements en copropriété dont le prix dépasse 150000 baht par mètre carré sont toujours en surnombre, parce que la demande des acheteurs étrangers reste faible.
A Pattaya Cyril Devouassoux (Global Solidor) constate un retour progressif des ventes
“Depuis un mois il y a davantage de demandes, et enfin des ventes. Il y a toujours des questions sur la situation politique bien entendu, mais il y a aussi des opportunités intéressantes à saisir en ce moment. D’autre part il va y avoir une augmentation des prix à partir de mars 2010 avec la fin des réductions exceptionnelles sur les droits de mutations. Au lieu de 0,1%, on va payer 3% : c’est une incitation pour se décider avant.”
L’immobilier à Pattaya bénéficie aussi d’une amélioration de l’image de marque de la station balnéaire la plus proche de Bangkok : les grandes chaines hôtelières américaines sont maintenant présentes avec l’ouverture cette année d’un Holliday Inn sur la partie nord de la plage, et la construction d’un second hôtel Marriott. Hilton a aussi prévu de s’installer a proximité du front de mer, et du magasin Central qui a ouvert cette année. Le problème avec Pattaya, c’est qu’il faut faire le tri dans une offre abondante et dont la qualité est parfois inégale :
“On peut investir à Pattaya sans prendre de risques, mais il ne faut pas y aller les yeux fermés. Nous travaillons avec des promoteurs reconnus et solides et qui tiennent leurs promesses. Certains développeurs commencent des projets alors qu’ils n’ont par un plan de financement précis : ce sont généralement ceux qui proposent des offres très alléchantes en termes de paiements. C’est notre métier de faire le tri et de laisser de coté les projets à risques. Dans la profession tout le monde sait quels sont les entreprises à éviter, mais la presse n’en parle jamais.”
La demande pour des résidences de luxe à destination de loisirs comme Phuket, Koh Samui et Hua Hin reste faible parce que les acheteurs étrangers sont encore prudents et moins disposés à prendre des risques. La demande de bureaux est stagnante, la plupart des entreprises multinationales ayant suspendu leurs plans d’expansion et d’extension de bureau à cause des coupes dans les budgets. Colliers International Thaïlande estime que les exploitants d’hôtels de luxe en Thaïlande continueront à traverser des moments difficiles, avec le nombre de touristes en baisse et le nombre de nouveaux hôtels en hausse. De nombreux hôtels dont la construction a été commencée dans les deux ou trois dernières années seront achevés cette année.
A Bangkok Fabrice Loré de l’agence FiveStars reste raisonnablement optimiste :
Nous avons fait un très bon mois d’aout surtout avec les locations pour des expatriés arrivant à Bangkok. Cela prouve que des sociétés ont continué à recruter malgré la crise. Fin octobre et début novembre nous avons constaté un retour des clients sur la vente avec plusieurs ventes autour de 10 millions de baht. Les gens qui connaissent la région reviennent car ils ont intégré le problème politique : cela fait plusieurs années que ça dure maintenant, et le pays continue à tourner.
Du coté des prix, tout le monde prévoit une reprise de la hausse en 2010, mais pas partout et pour tous les biens
Un appartement bien placé, à proximité d’une station de BTS ou de MRT aura toujours la cote et trouvera toujours preneur. Mais ce sera plus difficile pour certains produits dans l’ancien qui ont mal vieillis. Récemment il y a eu des progrès techniques importants dans la construction, avec des projets très en avance comme Le Monaco qui intègre dès le départ des doubles vitrages, des panneaux solaires pour l’alimentation des parties communes et de l’eau potable dans tout l’immeuble. Petit à petit les normes thaïlandaises vont évoluer vers davantage d’exigence et ça ne peut que faire augmenter les couts de construction.
Bien entendu il ne faudrait pas qu’un retour de l’agitation politique et des violences de rue très médiatisées, viennent remettre en question la confiance des acheteurs. La Thaïlande reste un sujet d’inquiétude pour les analystes financiers, dont ceux de la banque Standard Chartered
“Ce mélange entre un gouvernement faible, de facto non élu, parfois confronté à des violentes manifestations de rue, et un embarrassant ancien premier ministre qui rôde alentour réunit les ingrédients d’une incertitude majeure. Si l’état de santé du roi venait à s’aggraver de nouveau, la situation pourrait se tendre encore davantage et menacer la note de la dette souveraine”
estiment les analystes de Standard Chartered dans leurs perspectives pour l’Asie en 2010.
Olivier Languepin