Cela  faisait longtemps qu’on ne les avait pas revus : les manifestants qui espèrent réunir 100 000, 500 000 ou un million de personnes dans la rue, peu importe en définitive,  pour  obtenir la démission du gouvernement.

Cette fois il va falloir faire un petit effort supplémentaire car il n’y a pas de couleur de chemise à l’affiche (même si le mouvement est ouvertement soutenu par les chemises jaunes) pour faciliter la mémorisation du mouvement Pithak Siam dirigé par le général Boonlert Kaewprasit.

«Les révolutions font perdre du temps» disait Montherlant, en Thaïlande on pourrait ajouter que les manifestations aussi. Car en fin de compte à quoi a servi toute cette agitation de rue qui a enflammé le royaume depuis 2004. À rien. Thaksin est toujours au pouvoir , comme en 2004 lorsque le mouvement des chemises jaunes a commencé à manifester pour obtenir sa démission.

Le Mouvement Pithak Siam espère réunir suffisamment de manifestants à Bangkok le 24 novembre pour obtenir la démission du gouvernement thaïlandais.

Certes aujourd’hui il ne règne plus que par l’intermédiaire de sa plus jeune sœur, qui même si elle n’a pas démérité à son poste de premier ministre, continue probablement à recevoir l’essentiel de ses consignes de la part de son grand frère.

En Thaïlande manifestations rime souvent avec manipulation.

Quant aux grandes manifestations des  chemises rouges responsables de la mort de 90 personnes en mai 2010, elles ont  elles non plus servi à rien puisque Thaksin qui les avait organisées et financées, est revenu au pouvoir en remportant les élections de manière légale l’année suivante.

S’il avait simplement démontré un peu plus de patience avant de s’acharner à retrouver le pouvoir par la violence de rue,  les terribles affrontements qui ont eu lieu en mai 2010 aurait tout simplement pu être évités.

On ne sera probablement jamais toute la vérité sur ce qui c’est véritablement passé pendant ces manifestations qui ont laissé de profondes cicatrices dans la société thaïlandaise mais face à l’ampleur des réactions qui ont suivi la répression des manifestations, l’ancien gouvernement démocrate avait créé une commission de réconciliation (Commission vérité pour la réconciliation de Thaïlande ou TRCT ) pour tenter de faire la lumière sur les violences perpétrées en mai 2010.

Les conclusions de cette commission dirigée par un éminent juriste connu pour son sérieux et son absence d’esprit partisan n’ont d’ailleurs pas été très appréciées par les dirigeants des chemises rouges. La confirmation de l’existence d’agents infiltrés vient infirmer leur thèse selon laquelle leurs manifestations de plusieurs semaines à Bangkok entre mars et mai 2010 étaient pacifiques. Non seulement le rapport de la TRCT établit un lien entre les agents infiltrés et des personnalités de l’UDD, mais il évoque également des attentats à la bombe et “l’invasion” d’un hôpital.

2010: un massacre voulu par les organisateurs des manifestations

En clair les chemises rouges ont dès le départ organisé des provocations consistant à tirer à balles réelles sur l’armée pour provoquer un bain de sang qui aboutirait à la démission du gouvernement démocrate. Ils ont partiellement réussi puisque le bain de sang a bien eu lieu, mais pas la démission du gouvernement démocrate qui est resté en place un an de plus pour organiser les prochaines élections comme prévu par le calendrier électoral.

Un des principaux mérites de l’actuel gouvernement est d’ailleurs d’avoir soigneusement évité de faire rentrer au gouvernement les anciens dirigeants des chemises rouges qui ont rendu possible cette tuerie.

S’affichant comme de pacifiques défenseurs des droits du peuple opprimé, ils ont en même temps organisé la dissimulation de snipers parmi la population civile pour provoquer l’armée.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les dirigeants des chemises rouges ont cessé depuis longtemps de demander l’intervention d’une juridiction internationale en Thaïlande pour éclaircir cette dramatique période. Si une véritable enquête avait lieu on pourrait facilement trouver que les tueurs infiltrés dans les manifestations (connu sous le surnom de chemise noires) ont bien été armés et infiltrés par la direction des manifestations en utilisant la population civile et pacifique des manifestants comme bouclier humain. Un crime de guerre en droit international.

Indépendamment des erreurs qui ont été commises par l’armée au moment de la dispersion des manifestations et qui ont abouti à la mort injustifiée d’innocents, la responsabilité des 91 décès est maintenant partagée, selon les conclusions de la TRCT.

Il n’y a plus d’un côté les gentils rouges massacrés par l’armée des méchants riches de Bangkok, mais le cynisme absolu des hommes politiques prêts à tout pour reconquérir le pouvoir. Malheureusement en Thaïlande on ne peut que constater que manifestations rime souvent avec manipulation.

3 comments
  1. Excellent article!
    Une bonne piqûre de rappel des évènements précédents, qui expliquent les évènements présents. C’est pas près de s’arrêter… ” le cynisme absolu des hommes politiques prêts à tout pour reconquérir le pouvoir” a de beaux jours devant lui en Thailande.

  2. Euh un sniper avait tué un militaire haut-gradé pro-chemise rouge!Ils se tuaient entre eux?

  3. Qui manipule qui ! Les médias ne nous racontent-ils pas ce que l’ont leurs autorisent et veulent bien qu’ils nous racontent.

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