Pas de revendication, aucune piste sérieuse : depuis la vague d’explosion de jeudi et vendredi qui a frappé  le royaume, les spéculations vont bon train pour savoir qui se cache derrière les poseurs de bombes.

Le gouvernement a immédiatement dénoncé une tentative de semer le chaos, désignant implicitement mais sans la nommer l’opposition anti militaire, qui vient de subir un revers important avec l’adoption par référendum de la nouvelle constitution.

Mais pour le moment aucun indice n’est venu étayer cette accusation jugée peu probable par les experts.

Le gouvernement militaire avait d’ailleurs procédé de la même façon, à tort, juste après les attentats du 17 août 2015.

Les symboles du pouvoir visés par les attentats

Mais certains observateurs font remarquer que la date et le lieu des attentats s’apparentent assez nettement à une attaque contre les symboles du pouvoir de la monarchie. La ville de Hua Hin n’est pas seulement une station balnéaire pour touristes : elle abrite aussi le palais d’été du roi, et les premiers attentats ont débuté quelques jours avant les fêtes d’anniversaire de la reine qui se déroulent chaque année le 12 août

Le général Prayuth qui occupe actuellement le poste de chef du gouvernement depuis le coup d’État de 2014  est d’ailleurs issu du régiment d’élite de l’armée thaïlandaise spécialement chargé de la protection de la reine.

De fait ce sont bien les symboles du pouvoir central qui ont été visés par cette série d’attentats, qui vise aussi à déstabiliser l’industrie touristique du royaume.

Mais pour le chercheur Jean-Louis Margolin, cité par RFI, il est très peu probable que l’opposition ait recours à ce type d’attentat pour attaquer le pouvoir, et la piste de la guérilla séparatiste musulmane dans le sud reste la plus sérieuse.

Le modus operandi des deux explosions successives séparées par un court laps de temps est une méthode fréquemment utilisée dans le conflit qui déchire les trois provinces à majorité musulmane situées au sud du royaume, près de la frontière avec la Malaisie.

Cette méthode permet de faire un maximum de victimes parmi la police et les militaires qui se rendent en nombre sur les lieux de la première explosion.

Si la piste de la rébellion séparatiste du sud musulman se confirme, ce serait la première fois que les terroristes seraient en mesure de s’aventurer en dehors de leur terrain habituel et de cibler des centres touristiques de Thaïlande.

Enfin pour Arnaud Dubus dans Libération, aucune hypothèse n’est à exclure et la piste de groupes extrémistes soutenant la cause des Ouïghours pourrait aussi redevenir d’actualité : la vague récente d’explosions serait alors une répétition des attentats de 2015, quelques jours avant le premier anniversaire de l’attentat meurtrier à Bangkok du 17 août près du temple hindouiste d’Erawan, et qui avait causé la mort de 20 personnes parmi lesquels une majorité des touristes chinois.