Plus de 1000 agents des parcs nationaux ont pris position autour du  “Temple des tigres” dans la province de Kanchanaburi vers 9 heures ce lundi, et à compter de midi ont commencé le retrait des animaux.

Le Tiger Temple situé à Sai Yok, quartier de Kanchanaburi est censé posséder 147 tigres. Mais bientôt le temple de Wat Pha Luang Ta Bua devrait retrouver son nom original car les moines dresseurs ont dû se résoudre à les laisser partir.

Le Wat Pha Luang Ta Bua, dit Temple aux tigres, était devenu une attraction pour touristes, qui venaient du monde entier pour se faire photographier en train de côtoyer les félins.

Mais le “Temple des tigres” était au centre d’une polémique depuis la publication en 2008 d’un rapport  de l’association de défense des animaux Care for the Wild International (CWI).

Selon l’association, ces tigres ne seraient pas des animaux sauvages secourus par des moines, mais des animaux achetés au marché noir pour être élevés et revendus.

Plus grave encore, une enquête du National Geographic publiée en janvier 2016 accusait les responsables du temple de trafic d’animaux en direction du Laos.

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Selon le National Geographic, plusieurs tigres auraient disparu du Temple pour alimenter le marché noir de la consommation humaine

Le mois dernier, le photographe Steve Winter et moi sommes allés au temple pour se pencher sur un incident qui a eu lieu il y a un peu plus d’un an. Selon nos sources, à la fin de décembre 2014, trois tigres mâles adultes ont disparu du temple.

écrivent les journalistes du National Geographic

Puis, en Avril, les autorités gouvernementales se sont rendus au temple et ont confirmé que les tigres ont été portés disparus. Ils ont également découvert que 13 tigres n’avaient pas de micro-puces, et ont trouvé la carcasse d’un tigre dans un congélateur.

Les tigres manquant auraient en fait été revendu clandestinement sur le marché noir pour servir de la consommation humaine.

Le vin d’os de tigre (obtenu en laissant tremper un squelette de tigre dans l’alcool de riz) et les peaux de tigres (utilisé comme décoration) sont devenus des symboles de statut convoité parmi les nouveaux riches en Chine.

Une usine à selfie

Voici ce qu’un de nos journalistes avait déjà constaté en 2014 au cours d’un reportage sur place :

Après avoir laissé 600  baht au comptoir et acheté un t-shirt car le temple impose d’avoir les épaules couvertes, rendez-vous dans ce lieu tant convoité : un endroit peu accueillant, qui paraît être laissé à l’abandon, aucun affichage, aucune indication.

De toute façon ce n’est pas utile, vous n’avez qu’à rejoindre les centaines de touristes en file indienne qui attendent de pouvoir promener un tigre le temps de faire une photo.

Une volontaire hurle « à gauche, ceux qui ne veulent pas marcher avec le tigre, à droite, ceux qui veulent marcher avec et se faire prendre en photo ». Si vous avez choisi la file de droite, c’est parti pour une véritable course.

Le tigre passe de main en main, pendant qu’une volontaire vous mitraille avec votre appareil photo lorsque c’est votre tour.

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Des centaines de touristes en file indienne qui attendent de pouvoir promener un tigre le temps de faire une photo.

Ensuite, on vous amène devant un « Canyon » pour faire des photos plus intimes avec les tigres. Au choix, une formule payante et une gratuite. Pour la séance photo gratuite, suivez une volontaire qui vous prend par la main sans vraiment comprendre ce qu’il se passe.

Le commerce illégal d’espèces sauvages est liée aux mêmes réseaux criminels transnationaux qui font du trafic d’armes à feu, de la drogue, et des opérations de trafic des êtres humains, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, qui estime que cette entreprise mondiale génère 19 milliards de dollars par an.