Malgré plus de 35°C dans les rues de Bangkok, le parti d’opposition au gouvernement (PDRC) a une nouvelle fois organisé une vaste mobilisation dans les rues de la capitale thaïlandaise ce samedi 29 mars.

Des revendications inchangées

Annoncé par Suthep Thaugsuban suite à l’annulation des élections législatives du 2 février dernier, cette manifestation réclamait une nouvelle fois le départ de Yingluck Shinawatra de son poste de Premier ministre.

Elle a aussi été l’occasion pour le PDRC de réaffirmer sa volonté de boycotter les prochaines élections si des réformes n’interviennent pas au préalable.

« Je suis venu ici (devant le Parlement) pour annoncer que nous allons nous battre jusqu’au bout pour ramener le pouvoir au peuple, et nous n’allons pas laisser ce pouvoir au Parlement jusqu’à ce que des réformes nationales soient  mise en œuvre »

a déclaré Suthep Thaugsuban.

Le parlement destination de la marche du PDRC ce samedi 29 mars_Crédit_CUZIN Flavien
Le Parlement destination de la marche du PDRC ce samedi 29 mars_Crédit_CUZIN Flavien

Le rassemblement qui a réuni des milliers de personnes dans les rues de Bangkok marque le retour des rassemblements de rue, ces derniers ayant été interrompus depuis la fin de l’opération « Bangkok Shutdown » le 28 février dernier.

Une ambiance festive

Plusieurs cortèges étaient au départ de la manifestation dans divers lieux stratégiques de la capitale. La majorité des manifestants sont partis du parc de Lumpini, où les supporteurs du PDRC sont réunis depuis plusieurs mois dans un vaste camp à ciel ouvert.

C'est une foule heureuse et joviale qui défilait_Crédit CUZIN Flavien
C’est une foule heureuse et joviale qui défilait_Crédit CUZIN Flavien

Deux cortèges se sont formés au départ du parc de Lumpini aux alentours de 9 heures. L’un empruntait l’avenue Ratchaburi puis longeait ensuite les shoppings mall de Central World et Siam Center, le second prenait l’avenue Phaya Thai.

Les deux cortèges se sont ensuite rejoints pour converger, quelques kilomètres plus loin, devant le Parlement ainsi qu’au siège du gouvernement, destination finale de la marche.

Comme à l’habitude, la manifestation s’est déroulée dans une ambiance « bonne enfant », chansons et distributions gratuite de nourriture rythmant ainsi la marche. Quelques groupes de manifestants s’étaient aussi déguisés (danseurs chinois, ou encore chasseurs traditionnels thaïlandais) donnant un faux air de carnaval au défilé.

Un imposant service d’ordre

Le staff sécurité de la manifestation reste en alerte pour prévenir des violences potentielles_Crédit CUZIN Flavien
Le service de sécurité de la manifestation reste en alerte pour prévenir des violences potentielles_Crédit CUZIN Flavien

Alors que des précédents rallyes avaient été entachés par des violences et des tirs de grenades, la journée de samedi s’est déroulée dans une atmosphère sereine, sûrement due à l’important dispositif de sécurité (PDRC, armée, police) déployé pour l’événement.

Si aucun incident n’est venu perturber le rallye principal, deux coups de feu ont été signalés dans le rallye mené par Luang Pu Buddha Isara (au nord de la ville), lui-même victime d’une tentative d’attaque au couteau dans la journée.

Des avis partagés sur l’efficacité de la marche

Après quatre mois de crise, la question de l’efficacité de telles manifestations se pose inexorablement, d’autant que même si les manifestants étaient nombreux ce samedi, leur nombre n’a cessé de décroître aux fil de la crise politique.

La ferveur et la conviction restent tout de même vives chez une part importante des manifestants, convaincus que le rallye peut apporter une pression supplémentaire sur le gouvernement et ainsi mener à un changement dans le jeu politique.

« Je suis convaincue que nous arriverons à faire partir Yingluck du gouvernement »

témoigne l’ambassadrice thaïlandaise du Tibet durant la manifestation.

Certains manifestants demeurent tout de même plus sceptiques sur la portée réelle de l’événement devant la faible réaction du gouvernement.

« Je ne pense pas que cela (cette manifestation) change quoi que ce soit. Pour moi, le seul moyen pour que la situation évolue est que l’armée intervienne »

nous fait part un manifestant.

Démonstration de force de la part du PDRC, cette énième manifestation ne semble pour autant pas mettre davantage de pression sur le gouvernement.

De son côté l’UDD, qui soutient le gouvernement, a également planifié une journée de mobilisation le samedi 5 avril, signe d’une opposition toujours aussi irréconciliable entre les deux partis.

2 comments
  1. ** De plus, le manque d’éducation de la population ne lui permet pas de faire les bons choix au bons moments et se laisse guider par de belles promesses de leurs dirigeants ou des étrangers.

    ***

    Vous vous prenez pour qui de dire cela ! vous vous croyez supérieur ? Un discours a la suthep et cie !

  2. Il est clair que sans moyen de blocage plus important (sur l’économie, par exemple), les manifestants n’auront pas gain de cause. Les actions ne sont pas assez fortes pour pouvoir être entendues par des gouvernants protégés et qui profitent du système de corruption généralisé.

    La moralisation passe souvent par des moments difficiles, cruels et par une forme de retour à des valeurs d’effort. De plus, le manque d’éducation de la population ne lui permet pas de faire les bons choix au bons moments et se laisse guider par de belles promesses de leurs dirigeants ou des étrangers. C’est de ce nouveau dynamisme, violent et gênant pour certains d’entre nous, car cela nous empêche de profiter sans vergogne et sans gêne de ce parc d’attraction géant qu’est devenu ce pays, dont a besoin ce pays qui se laisse envahir par une vision trop libérale et consumériste.

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