Sur la petite île de Koh Tan, accessible par Koh Samui, une quinzaine de volontaires s’est rassemblée pour nettoyer la plage principale de l’île, sur laquelle le breton Yves Baccon, dit « Papa » a établi son bar « Au bout du monde » il y a 33 ans de cela.
« Papa », le loup de mer de Koh Tan
Le dénommé Yves Baccon, se faisant appeler « Papa » est arrivé sur Koh Tan il y a 33 ans où il a créé son restaurant « Au bout du monde » bordant une plage paradisiaque, en effet aux allures de bout du monde.
Les drapeaux bretons, pirates et thaïlandais dont les lambeaux attestent la longévité, sont fièrement plantés sur la plage, précédant le personnage et ses racines.
Navigateur endurci et aventurier rebelle, il s’est échoué à Koh Samui après avoir fait le tour de l’archipel à pied. Arrivé en Thaïlande « parce qu’[il] ne connaissait pas », il n’est pas resté bien longtemps dans la capitale : « J’avais besoin des îles, d’espace, d’horizons. », justifie le vieux loup de mer.
Enraciné dans son île et sa culture, ayant atteint la Thaïlande à l’époque où même le nom du pays était peu connu en Occident, Papa se revendique comme un dissident, un contestataire divergent. « C’est vrai que j’étais un peu rebelle, et je le serai toujours dans ma vie », dit-il fièrement.
« L’opposition, c’est ce qui a toujours permis au fil des siècles de faire avancer les choses. Une chose que les gens oublient : quand il y a un berger et des moutons, les moutons ont toujours peur du loup. Mais à la sortie, celui qui va égorger les moutons, c’est bien le berger », dit-il sur le ton du marin habitué à raconter ses anecdotes.
Il enchaîne les histoires et les blagues, tel l’aventurier pour lequel la vie de baroudeur n’a plus de secret.
Yves vit dans le calme de l’île, plutôt méconnue du fait de sa petite taille. Située au sud de Koh Samui, elle abrite 25 habitants annuels. Sans électricité, l’île est préservée du tourisme de masse, et ses décors paradisiaques sont conservés.
Ici comme généralement en Thaïlande, la vie se fait à l’extérieur ; les petites cabanes aménagées sont monnaie courante. « J’ai tellement l’habitude d’avoir vécu dehors, c’est devenu naturel ».
Faire des touristes les acteurs de leur séjour
Papa a créé l’agence de tourisme Samui Evasion pour faire découvrir sa région par des excursions à taille humaine. Il veut faire connaître Koh Samui et ses environs à sa clientèle, plutôt concernée par des familles plutôt aisées.
« J’ai envie de grandir, déjà ; j’ai envie de vivre. », répond Papa en premier, lorsqu’on le questionne sur ses projets sur l’île.
Il envisage de construire, sur son terrain de plus de 4000 m², un village à caractère écolodges qui inclura une ferme agricole (verger, potager, jardin pharmaceutique, jardin botanique, à huiles essentielles…) et une ferme maritime, dont les clients s’occuperont.
Telle est la devise de Papa, lorsqu’il évoque sa vision novatrice du tourisme de demain. Son but ? Faire partager des expériences authentiques à ses clients, qui profitent de leurs vacances pour se retrouver autour d’un partage en famille.
Il profite de ses nombreux contacts, sa communauté, sa famille, pour l’aider dans ses projets. « Il n’y a que par le partage que tu peux faire les choses, tu ne peux pas faire les choses tout seul, dans ton coin, jamais. », expose-t-il.
Garder la plage propre
D’habitude, les plages les plus fréquentées sont propres, ou à peu près : il faut bien préserver l’image d’une Thaïlande paradisiaque pour les touristes, sans nuages et sans plastique.
Mais depuis que la pandémie a frappé, les opérations de nettoyage se sont raréfiées, laissant les plages touristiques désormais pleines de déchets venant de la mer, qui s’échouent au fil du temps.
Lundi 24 mai pourtant, à l’initiative de Papa et de touristes motivés pour rendre à la plage sa splendeur, une petite quinzaine de volontaires s’est retrouvée sur Koh Tan.
37 gros sacs poubelles, ramenés à la décharge de Koh Samui, ont été remplis de détritus, sans compter les déchets en verre. Les végétaux comme le bois, les algues ou les branches de palmiers ont été brûlés.
Il a fallu 4 heures aux bénévoles, vivant ici ou seulement de passage à Koh Samui, originaires de Thaïlande, France, Finlande, Autriche, Slovaquie ou encore de Tahiti, pour nettoyer le gros des épaves. Amenés sur Koh Tan sur un long tail (« longue queue »), bateau traditionnel thaï, l’équipe a joyeusement rassemblé le plastique qui jonche l’île, ramené par les tempêtes et les marées.
Plusieurs nettoyages annuels pour rendre sa beauté à la plage
A l’heure de la pandémie et de toutes ses conséquences, dont la plus faible cadence de nettoyage des endroits touristiques, la plage est sale. Pleine de détritus non dégradables en tout genre.
Outre la présence évidente de bouteilles en plastique, on retrouve un nombre ahurissant de claquettes, de brosses à dent (Severi, un volontaire finlandais, en a trouvées 39), des briquets et de bouchons.
L’absence notable de masques témoigne du temps que les déchets passent dans les mers et océans avant d’être ramenés sur la terre ferme : la plupart de ceux qui ont été ramassés par ces volontaires, étaient au moins vieux d’un an, avant la pandémie et l’invasion des masques.
« Quand je suis arrivé il y a 33 ans, les plages, c’était immaculé conception », décrit Papa. Toujours avec le ton blagueur qui le caractérise, il insiste sur la rareté des déchets, à l’époque :
Il est bien loin, le temps des plages vierges. Désormais, elles doivent être régulièrement nettoyées pour les débarrasser de la pollution plastique, conséquence de sa surconsommation en Thaïlande et en Asie du Sud-Est – certains déchets venant en effet de bien loin.
« Attention, c’est un petit peu aphrodisiaque », plaisante Papa en servant la tambouille des volontaires, pendant la pause du midi. Afin de garder la plage de Koh Tan à peu près propre, Papa organise tous les ans ce genre de nettoyages.
Si le gouvernement et des associations les subventionnent ou mettent la main à la patte une fois par an, ce sont des groupes de volontaires qui contribuent le plus à la propreté de la plage, parfois réunissant jusqu’à 50 personnes, environ une fois tous les 4 mois.
2 comments
Bjr,
On viens tous les ans pour quelques mois à Samui.On a fait une excursion il y quelque année sur ton bateau c’était sympa..
Malheureusement cette année on reste en Bretagne mais ce n’est que partie remise.
Si on avaient été présent en Thaïlande on auraient donnés un coup de main.
Bravo et Kénavo
ma doué beniged! un breton! bravo papa et peut etre a un de ces quatre en thailande
“khun pen khon dee” kob khun
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