Longtemps considéré comme une variable d’ajustement de la croissance économique, l’environnement est maintenant devenu une des principales préoccupations du gouvernement thaïlandais. Au centre du problème: la déforestation sauvage des provinces, qui serait en grande partie responsable de l’ampleur des inondations du Centre et de Bangkok l’année dernière.

La Thaïlande perd en moyenne 5 000 km² de zones forestières par an. Entre 1961 et 1998 les surfaces boisées dans le royaume ont diminué de moitié passant de 53% à 26% du territoire thaïlandais (source: wwf.or.th).

La Thaïlande perd en moyenne 5 000 km² de zones forestières par an. Photo: Wikipedia Commons

Les responsables directs de cette déforestation sont principalement les tribus et certains paysans des régions du Nord et le Nord-Est du pays, mais aussi les traficants de bois précieux qui opèrent dans la clandestinité.

A ceci s’est ajouté une urbanisation en forte croissance au cours des dernières décennies. Entre 1985 et 2010, le pourcentage de la population thaïlandaise vivant en zone urbaine est passé de 26,8 à 34%, soit 10,5 millions de citadins supplémentaires. Voir aussi Bangkok: comment construire une ville qui résiste aux inondations? – thailande-fr.com

Le roi de Thaïlande lui même s’est emparé du sujet, demandant des sanctions plus sévères pour les fonctionnaires corrompus qui ferment les yeux sur la déforestation illégale.

Le problème vient de ceux qui sont avides d’argent. Les forêts de bois durs qui sont détruites mettent longtemps à se reconstituer. La responsabilité est celle des fonctionnaires cupides et avides d’argent. Le gouvernement doit protéger les forêts et sévèrement punir ceux qui sont impliqués dans la déforestation.

a t-il déclaré au cours d’une réunion consacrée à la prévention des inondations

Un crime environnemental

A l’occasion du rendez-vous annuel sur les crimes environnementaux d’INTERPOL, l’agence d’investigation environnementale, EIA, a tenu une conférence à Bangkok mercredi 15 février 2012. Cette ONG internationale a voulu relancer le débat sur le problème du « Crime environnemental en Asie ».

Carte de la déforestation en Asie. Illustration: Philippe Rekacewicz, UNEP/GRID-Arendal

D’après les Nations Unies, le crime environnemental est aujourd’hui reconnu comme la troisième forme la plus importante en termes de crime mondial, notamment en raison de la déforestation et des changements climatiques. De nouvelles mesures pour la protection de l’environnement devraient être définies prochainement par le gouvernement thaïlandais, car la déforestation prend des allures inquiétantes et de plus en plus d’espèces sont en voie de disparition.

La protection de l’environnement à l’ordre du jour en Asie

Le commerce illégal d’espèces sauvages à lui seul est estimé  a 10 milliards de dollars en Asie, en seconde place après la drogue et la contrebande d’armes.

De nos jours, les crimes contre l’environnement les plus courants sont le trafic d’animaux sauvages, la déforestation, la production de déchets et le trafic de produits chimiques.

Au centre de la discussion de mercredi, le commerce illégal de palissandre en Thaïlande. Ce bois, généralement situé dans les régions tropicales, est très prisé par certains pays, notamment la Chine. Le directeur adjoint des parcs nationaux de Thaïlande a expliqué l’ampleur du problème, notamment dans le nord-est de la Thaïlande.

« Les bénéfices réalisés par l’exportation de palissandre en Chine sont exorbitants. Un mètre cube de palissandre coûte approximativement 7 000 dollars en Thaïlande, mais peut être revendu à plus de 20 000 dollars en Chine »

Lors de la rencontre, L’EIA a encouragé une fois de plus le gouvernement thaïlandais à enregistrer ce bois de plus en plus précieux sur les listes de la CITES (Convention sur les échanges internationaux des espèces en danger).

Un marché est estimé à plusieurs milliards de dollars

En Thaïlande, malgré l’interdiction nationale et les réseaux de protection régionaux, les forêts sont de plus en plus menacées par la déforestation illégale. Les recherches de l’EIA indiquent que l’abattage a augmenté sensiblement depuis 2007 suite à une forte hausse de la demande de la Chine.

Entre 1961 et 1998 les surfaces boisées du royaumes ont diminué de moitié passant de 53% à 26% du territoire thaïlandais

Les régions forestières du Nord et de l’Est du pays sont les plus touchées par ce commerce illégal.  A une forte demande, s’ajoutent les faibles régulations des échanges internationaux et une corruption endémique des autorités. Ainsi, en septembre 2011, 12 officiers thaïlandais étaient condamnés pour leur implication dans le trafic de palissandre. Un marché noir souvent caractérisé par la violence.

En 2011, 14 bûcherons cambodgiens ont été tués dans le royaume, et plusieurs douzaines blessés par les autorités thaïlandaises. Au delà des prix très attrayants proposés par les importateurs internationaux, la corruption de certains officiels facilite les étapes de l’exportation. Certains ports thaïlandais dans la région de Chang Rai exportent directement vers la Chine, mais généralement, la marchandise passe d’abord par les pays frontaliers, Laos ou Cambodge, avant d’être transportée au Vietnam, qui l’envoie ensuite par bateaux en terres chinoises.