Les inondations de la mousson, des typhons et des tempêtes ont semé la destruction et la mort dans la région du Mékong et la région d’Asie du Sud et du Sud-Est, faisant 297 morts en Thaïlande, et de nombreuses victimes aux Philippines, au Japon, en Inde, en Chine, au Pakistan et au Vietman au cours des quatre derniers mois.

Les inondations ne sont certes pas un phénomène nouveau en Thaïlande, et encore moins à Bangkok qui était à l’origine une ville que l’on parcourait en bateau à l’aide d’un réseau de canaux, aujourd’hui ensevelis sous le béton.

Mais avec l’étendue des dégâts qui s’annonce considérable pour l’année 2011 (près d’1% de croissance de PIB pourrait être perdu), la Thaïlande découvre, ou redécouvre, une certaine fragilité de son économie face aux phénomènes naturels, et aussi un certain manque de préparation.

89% de toutes les personnes affectées par les catastrophes de l’année dernière vivaient en Asie.

Le nombre de victimes en Thaïlande est très élevé, près de 300, plus qu’au Cambodge, et beaucoup plus qu’au Vietnam, deux pays que l’on regarde souvent avec une certaine condescendance vu du royaume. On a peine à croire que toutes les zones industrielles d’Ayutthaya sont aujourd’hui sous plusieurs mètres d’eau, comme si un tel incident n’était pas évitable, ou au moins prévisible. Ce d’autant plus que les mises en garde des organismes internationaux n’ont pas manqué ces derniers temps.

L’Asie, un continent durement éprouvé par les catastrophes naturelles

Selon un récent rapport publié par la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), la région Asie-Pacifique représente 85% des décès liés aux catastrophes naturelles qui surviennent dans le monde et 38 % des pertes économiques mondiales dues aux catastrophes naturelles.

Disaster report BAD
Deux rapports publiés par l'UNESCAP et la Banque Asiatique de développement se penchent sur l'Asie et les catastrophes naturelles

En 2010, les catastrophes en Asie et dans le Pacifique ont touché plus de 201 millions de personnes. Sur les 373 catastrophes enregistrées, 22 se sont produites en Chine, 16 en Inde et 14 aux Philippines. Quatre-vingt-neuf pour cent de toutes les personnes affectées par les catastrophes l’année dernière vivaient en Asie.

Les catastrophes naturelles auraient fait 30 millions de réfugiés climatiques en Asie et dans le Pacifique l’an dernier, rapporte de son coté la Banque asiatique de développement (BASD), pour qui le pire serait encore à venir. Avec la hausse du thermomètre mondial, les évènements météorologiques extrêmes devraient en effet continuer d’augmenter en fréquence et en intensité, en particulier dans cette zone du globe.

Les catastrophes naturelles ne s’arrêtent pas aux frontières

Selon les experts des Nations Unies, les deux tremblements de terre consécutifs qui se sont produits au Japon et au Myanmar et qui ont fait plus de 27 000 morts et des milliers d’autres blessés cette année, ont souligné les besoins criants de la région en matière de préparation aux catastrophes.

« Les catastrophes naturelles ne s’arrêtent pas aux frontières créées par les hommes, et c’est là une raison suffisante pour encourager la coopération régionale en matière de réduction des risques de catastrophes »,

a déclaré à l’IRIN Krasae Chanawongse, président du Centre asiatique de préparation aux catastrophes (ADPC), à Bangkok.

Carte des inondations en Asie du sud-est. Source: http://www.unocha.org/

Plusieurs études tracent un lien entre une augmentation des pluies de la mousson et une hausse des concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone, estime l’Institut indien de météorologie tropicale.

« Les codes du bâtiment, la solidité des écoles et des hôpitaux et l’emplacement des centrales électriques sont des éléments importants. Nous avons besoin de politiques d’aménagement du territoire qui tiennent compte des risques »,

a dit Sanny Jegillos, coordonnateur régional du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), lors d’une réunion régionale organisée par l’ADPC qui a eu lieu récemment à Bangkok. Les changements climatiques, la rapidité de la croissance économique et de l’urbanisation et la construction anarchique rendent la région particulièrement vulnérable, a-t-il ajouté.

Près de 600 morts dans les pays du delta du Mekong

Des inondations dues à des pluies plus abondantes qu’à l’accoutumée ont fait près de 600 morts dans les pays riverains du Mekong: 297 en Thaïlande, le pays le plus gravement touché, où les autorités luttent encore pour protéger Bangkok,  247 au Cambodge et 43 au Vietnam, selon des sources officielles.

Au moins 43  personnes sont mortes dans des inondations survenues dans le delta du Mékong, dans le sud du Vietnam, qui ont touché 60 000 maisons et plus de 6 000 hectares de risières, a rapporté le site internet d’actualités VNExpress.

Selon des experts hydrographiques locaux, il s’agit des inondations les plus graves depuis neuf ans au Vietnam.

Au Cambodge, 247 personnes, ont peri lors des inondations les plus graves depuis plus de dix ans, a indiqué Keo Vy, porte-parole du Comité national de gestion des catastrophes. Plus de 350.000 hectares de rizières ont été submergées et plus de 270.000 familles affectées.

L’Asie doit jouer un rôle plus important dans la réponse humanitaire aux catastrophes naturelles

Selon un haut responsable des Nations Unies,  l’Asie peut et doit jouer un rôle plus important dans la réponse humanitaire aux catastrophes naturelles ou humaines majeures.

« L’époque où le système humanitaire international était dominé par quelques pays et quelques organisations humanitaires occidentales est révolue »,

a dit Valerie Amos, la Secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordinatrice des secours d’urgence, aux personnes présentes à la quatrième réunion régionale sur le renforcement des partenariats humanitaires (Regional Humanitarian Partnership Meeting) le 12 octobre à Shanghai. Elle a également noté que la richesse et le pouvoir relatifs des nations se déplaçaient de l’ouest vers l’est, et du nord vers le sud.

  • Le nombre de personnes menacées par le changement climatique en Asie et le Pacifique est plus important que dans toute autre région dans le monde. Il s’agit notamment de plus de 60% des 4,2 milliards d’habitants de la région qui dépendent de secteurs sensibles au climat comme l’agriculture, la foresterie et la pêche pour une grande partie de leur subsistance.
  • En 1975-2006, l’Asie et le Pacifique a été la région la plus touchée par les catastrophes dans le monde, avec environ 89% des personnes touchées par des catastrophes, 57% du total des décès et 44% des dégâts économiques. Avec environ deux tiers des catastrophes naturelles liées aux conditions météorologiques, le changement climatique pourrait amplifier la vulnérabilité de l’Asie et le Pacifique.

Si les pays de la région ont démontré qu’ils étaient mieux préparés qu’il y a 10 ou 15 ans à faire face efficacement et rapidement aux catastrophes, « les progrès ont malheureusement été inégaux à cause du manque de fonds, d’expertise et de technologies auquel sont confrontés certains pays », a dit Oliver Lacey Hall, chef de la branche régionale du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Bangkok.

Population exposée aux dangers liés au changement climatique.

Pays200020052009
Inde100.171.03528.041.0008.991.000
République populaire de Chine23.173.00083.024.742154.163.799
Philippines6.230.269213.05713.599.635
Viet Nam5.027.505851.8173.607.820
Cambodge3.448.000600.000178.000
Thaïlande3.351.950822.770200.000
Tadjikistan3000000632723322
Bangladesh273963811630004886678
Afghanistan258000034156102500
Pakistan2200000752307379000
Mongolie1521000.779106
Sri Lanka775000145000395000
L’Indonésie5424372053127025
Laos450000.128796
Népal5000031600175000
Malaisie85003060010875

Source:  Namrata Chindarkar, BAD, 2010.