La Thaïlande n’est pas seulement reconnue comme la première destination du tourisme sexuel dans le monde, mais aussi comme « un paradis gay », avec un climat de tolérance et d’ouverture d’esprit pour les minorités sexuelles

La mondialisation et le dynamisme du capitalisme ont engendré une expansion de la circulation des capitaux, des marchandises, des technologies, de l’information et des services. En Europe, des femmes du « tiers-monde » remplacent des Européennes dans des domaines tels que des travaux domestiques et l’industrie sexuelle.

Le terme kathoey, d’un usage courant aujourd’hui, désigne une catégorie identitaire de genre, socialement reconnue dans la société thaïlandaise

La demande pour ces activités de « soins » dans les pays développés constitue un facteur d’attraction qui motive les gens à émigrer (Agustin, 2003). Ce contexte de mondialisation et de flux transnationaux favorisent aussi des rencontres et des échanges interpersonnels. Ceci ouvre une nouvelle perspective au domaine de rencontre sexuel ou affectif et au marché matrimonial et rend ainsi réalisable le fantasme d’exotisme à portée de main.

La Thaïlande, un paradis de la tolérance?

La Thaïlande n’est pas seulement reconnue comme la première destination du tourisme sexuel dans le monde, mais aussi comme « un paradis gay », avec un climat de tolérance et d’ouverture d’esprit pour les minorités sexuelles (Jackson, 1999). Il existe, dans la conception thaïlandaise de sexe et de genre, une catégorie particulière qui participe à cette réputation et en dévient « une spécialité thaïlandaise », les kathoey qui sont des personnes transgenres homme vers femme (male-to-female ou MTF), appelées aussi sao-praphet-song, ou « femmes de second type ».

Le terme kathoey, d’un usage courant aujourd’hui, désigne une catégorie identitaire de genre, socialement reconnue dans la société thaïlandaise. Il peut englober les personnes suivantes :

1) un homme efféminé qui ne se travestit pas ;

2) un homme qui se travestit occasionnellement ou de manière permanente ;

3) un homme qui se travestit occasionnellement ou de manière permanente, qui prend des hormones féminines ou qui commence sa transition, sans pour autant envisager une opération de changement de sexe à l’avenir ;

4) un homme qui a subi une opération de réassignation de sexe ;

5) un homme qui est attiré par un autre homme (Matzner, 2001).

Le mot kathoey est donc très polyvalent et peut être employé dans des contextes très divers. Dans les années 1960, les homosexuels masculins thaïlandais ont emprunté à l’anglais le mot gay pour se désigner et se distinguer des kathoey. Ceci a bouleversé la pensée identitaire et a engendré la redéfinition des catégories de sexe et de genre, notamment celle de kathoey.

D’une part, la sexualité et l’homosexualité ont constitué une base identitaire à laquelle les individus se sont référés et identifiés et, d’autre part, la catégorie de kathoey s’est modifiée et s’est progressivement féminisée pour prendre le sens de sao-praphet-song ou « femme du second type ». À partir des années 1970, le mot kathoey est utilisé la plupart du temps pour désigner les personnes mâles qui adoptent le genre féminin ou qui ont subi une opération de réassignation de sexe (Jackson, 2000 ; Brummelhuis, 1999). C’est cette définition que nous avons retenue pour délimiter la population étudiée dans notre enquête de terrain.

Les kathoey, comme les hommes et les femmes thaïlandaises, cherchent à immigrer vers des endroits qu’elles pensent « meilleurs ». Aller à l’étranger (pai muang nok), plus précisément dans les pays occidentaux, n’est pas seulement le rêve des kathoey mais celui des Thaïlandais en général.

Dans leur esprit, les pays occidentaux représentent un lieu de développement, de modernité, de richesse et d’avancement technologique. Cette image, alimentée par les médias, renforce la vision et la valeur sociale attachée à la vie en Occident. Vivre à l’étranger (yuu muang nok) devient un symbole de supériorité économique, sociale et un privilège (Suksomboon, 2009). Parmi les kathoey, le mythe de l’étranger (muang nok) s’est également répandu comme une terre où l’égalité règne et où les minorités sexuelles seraient mieux acceptées.

Cheera Thongkrajai

Doctorante en anthropologie, Institut d’ethnologie méditerranéenne européenne et comparative (IDEMEC, UMR 6591), Aix-en-Provence, France –

Référence

Cheera Thongkrajai, « Transgenres thaïlandaises en Europe », SociologieS [En ligne], Dossiers, Amours Transi(t)s. Transactions sexuelles au prisme de la migration, mis en ligne le 27 janvier 2012. URL : http://sociologies.revues.org/3849

2 comments
  1. Bonjour
    merci pour votre commentaire, mais veuillez lire mon article en entier. l’article sur cette page a été coupé, raccourci et modifié, à mon insu. alors il ne reflète pas du tout mon point de vue sur le sujet et mes motivation et l’intérêt de ma recherche. celui qui a modifié mon article n’a présente que des morceaux de textes copié et collé dans l’ordre qu’il voulait. alors cet article ne veut rien dire sauf montrer des idées partielles, donc des stétérotypé, ce qui peut être l’attention de celui qui a fait ça et le webmaster de c site. rien a voir avec ma recherche de mon doctorat.

    Je vous demande de le retirer ou soit vous le mettre en entier mon article. car ceci porte atteint au droit de l’auteur. vous devrez mettre un lien pour que des lecteurs puissent le lire en entier aussi.

    Merci

  2. Bravo encore un article qui fait le cliché de la Thaïlande! Pourrait on en dire autant de la France après avoir visité le bois de Boulogne, Pigalle, le Marais, le cap d’Agde, les boites échangistes et saunas etc…?

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