L’Asie fascine avec sa croissance, son dynamisme économique et commercial : en quelques décennies un continent s’est extrait de la pauvreté, et parfois de la misère, pour devenir la fabrique du monde.

 

Les femmes figurent parmi les principaux bénéficiaires de cette évolution, et certains pays d’Asie affichent les taux les plus élevés de femmes dans les postes de direction.

La Thaïlande figure  parmi les pays qui ont la plus forte proportion de femmes dans les emplois de direction (senior management), en seconde position après la Russie. Le rapport 2012 de Grant Thornton (Women in senior management) montre que 40% des postes de cadres supérieurs thaïlandais sont aujourd’hui occupés par des femmes, un pourcentage qui est aussi sensiblement plus élevé que la moyenne des pays de l’Asean (32%)

Lire aussi 40% des cadres supérieurs thaïlandais sont des Thaïlandaises – thailande-fr.com

Tous les regards sont en ce moment tournés vers l’ essor de l’Asie. La Chine, autrefois rejeté comme un pays pauvre et arriéré, est maintenant la deuxième plus grande économie du monde. L’Inde, avec son énorme population, ses prouesses scientifiques, et sa vitalité entrepreneuriale, est un autre puissant moteur de la croissance asiatique.

Les femmes dans les postes de direction
Les femmes dans les postes de direction: en tête les Philippines, la Russie et la Thaïlande

Ajoutez à cela le Japon et les performances économiques en Corée du Sud, et le dynamisme du Sud-Est de l’Asie, et vous avez une image qui émerge :la richesse, une confiance croissante, et le leadership mondial.

Pourtant relativement peu de femmes en Asie réussisent à occuper des emplois de cadres supérieurs en Asie. Les  normes sociales en Asies sont défavorables aux femmes : la sélection sexuelle et les avortements aboutissent à un déficit de naissance de environ 1,3 million de filles par an en Chine et en Inde.

Les femmes ont bénéficié du développement économique de l’Asie.

Selon le rapport 2011 du Forum économique mondial (Gender Gap Report 2011), la croissance a réduit l’inégalité des sexes dans de nombreux pays. Les femmes ont fait  des progrès en matière de santé, l’éducation, d’opportunité économique et d’accès au  pouvoir politique, dont elles peuvent tirer parti pour leur futur.

Les facteurs familiaux et dynastiques ont contribué à propulser les femmes aux plus hauts postes politiques. En effet, l’Asie a eu plus de femmes chefs d’Etat que toute autre région dans le monde. La réussite économique de certaines femmes, cela crée une dynamique de changement dans la perception du rôle des femmes, leur statut et leurs  capacités.

Les indicateurs de leadership des femmes en Asie, montrent que les Philippines, l’Australie et la Nouvelle-Zélande sont toujours parmi les pays les plus performants.

Avec l’ajout de paramètres économiques et professionnels – tels que les femmes occupant des postes de cadres supérieurs, les taux de promotion, la rémunération et l’égalité des salaires – ces pays sont rejoints par Singapour, la Mongolie, la Thaïlande et la Malaisie.

L’Asie du Sud comprend trois des cinq premiers pays en termes d’autonomisation politique pour les femmes (Sri Lanka, le Bangladesh et l’Inde). Les pays d’Asie du Sud se distinguent aussi en termes de femmes au parlement (le Népal et le Pakistan), de femmes ministres (Bangladesh), et de femmes leaders dans des gouvernements régionaix (l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh).

Mais accéder au pouvoir politique par le biais des liens familiaux et dynastiques n’est pas un signe de l’égalité entre les sexes.

Et, tandis que l’action positive a augmenté de façon significative la représentation politique des femmes, les faibles gains de pouvoir politique doivent encore se traduire en avantages réels pour les femmes en général.

De plus, tandis que le développement a bénéficié aux femmes, la relation entre développement humain et le leadership féminin n’est pas directement proportionnelle.

Certaines des économies asiatiques avec les meilleurs classements du développement humain, comme le Japon et la Corée du Sud, sont parmi les pires en termes de présence des femmes dans les postes de direction, d’égalité des salaires, de rémunération, et d’émancipation politique. Singapour et Hong Kong, , affichent des retards importants en matière d’intégration politique des femmes, en dépit d’un indice de développement humain élevé.

De nombreuses femmes – 70% au Japon, 53% en Chine, et 46% à Singapour – n’arrivent pas à passer de postes d’employés aux postes de direction. Les femmes ont besoin de davantage de soutien pour faciliter leur choix de poursuivre une carrière, sans abandonner leurs rôles en tant que mères.

Une amélioration significative est nécessaire sur le plan des congés parental, des garde d’enfants, des soins aux personnes âgées, ainsi que plus l’égalité des sexes dans les régimes de pension et de retraite.

Les normes sociales et culturelles demeurent l’obstacle le plus important de l’émancipation des femmes en Asie.

Une vaste campagne est nécessaire pour éduquer la population, changer la perception des filles et des femmes, et donner aux femmes une voix plus équitable – à la maison et en public – afin de faciliter leur transition vers des rôles de direction.

L’éducation n’est qu’une partie de la solution. Les programmes d’action positive peuvent accélérer la présence des femmes dans les postes de responsabilité, mais ils prennent du temps pour changer les normes sociales profondément enracinées dans les mentalités. Au fil du temps, cependant, la présence de dirigeants féminins au niveau local peut réduire les préjugés et renforcer les aspirations à la réussite scolaire des jeunes femmes, comme c’est le cas en Inde.

Les gouvernements, en particulier en Chine et en Inde, peuvent intensifier les efforts pour mettre fin à la sélection du sexe à la naissance. Plus de lois – et une meilleure application – sont nécessaires pour réduire la violence domestique contre les femmes, et pour augmenter la marge de négociation des femmes à travers un accès à la propriété plus large, un meilleur accès aux services juridiques et autres soutiens, et une plus grande liberté de mettre fins aux mariages.

Mais il y a des raisons d’être optimiste: au Pakistan et en Indonésie, des exemples encourageants montrent comment les partenariats entre le gouvernement, la police, les groupes de femmes, les juristes et les organisations non gouvernementales peuvent travailler à renforcer la voix des femmes et des organismes, et donc leur potentiel de contribuer plus pleinement à la société.

De plus les gouvernements asiatiques peuvent encourager le leadership féminin dans deux domaines d’activité économique dans lequel les femmes sont déjà très présentes: l’agriculture et de l’entrepreneuriat. Les femmes sont souvent poussées dans ces emplois à faible productivité par la pauvreté. Mais les gouvernements devraient saisir l’occasion pour  poursuivre des politiques qui offrent aux femmes dans ces secteurs un meilleur accès au capital, à la formation professionnelle (par exemple, en matière de budgétisation et de planification financière),à la technologie et aux réseaux.

Le développement économique est corrélé positivement avec l’égalité des sexes. Mais, comme le note la Banque mondiale dans son Rapport sur le développement mondial 2012, l’égalité des sexes est aussi une valeur indépendante, et pas seulement une conséquence de la croissance économique. Les progrès des femmes dans la participation aux études, l’espérance de vie, et l’emploi, sont également accompagnés de problèmes persistants, comme les taux de mortalité excessifs des filles et des femmes dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, les disparités éducatives, l’accès restreint aux opportunités économiques et professionnelles, et le manque d’égalité à l’intérieur et à l’extérieur du foyer.

Les filles en Asie doivent faire face à des obstacles importants à la réalisation de leur potentiel humain depuis leur naissance – en particulier leur potentiel de direction. Il est temps de lever les obstacles. L’autonomisation des femmes en Asie ne sera pas seulement bénéfique pour elles : elle sera bénéfique pour toute la région.

Astrid S Tuminez - thailande-frAstrid S. Tuminez is Vice-Doyen (Recherche)

of the Lee Kuan Yew School of Public Policy

National University of Singapore.

Vishakha_N_DesaiVishakha N. Desai is President of Asia Society.

They have just released Rising to the Top? A Report on Women’s Leadership in Asia.

Copyright: Project Syndicate

You May Also Like

Un tragique accident de bus souligne la crise de la sécurité routière en Thaïlande

Selon l’Organisation mondiale de la santé, la Thaïlande a l’un des taux de mortalité routière les plus élevés au monde.

Les casinos en Thaïlande, un pari gagnant pour le gouvernement ?

En avril 2024, les débats ont été rouverts et penchent en faveur d’une légalisation des jeux d’argents dans le pays. Car en réalité, la loi n’a pas réussi à empêcher les casinos clandestins d’opérer en Thaïlande

La Thaïlande fête l’adoption de la loi sur le mariage homosexuel

La Thaïlande s’est distinguée en devenant le premier pays de l’Asie du Sud-Est à légaliser le mariage entre personnes de même sexe, suite à l’approbation royale mardi de la loi sur l’égalité matrimoniale.

La contrefaçon en Thaïlande : un défi pour l’économie et l’image du pays

Le simple fait de détenir un produit contrefait peut entraîner des sanctions douanières comme la confiscation des produits contrefaits, une amende allant de une à deux fois la valeur de l’objet authentique et un emprisonnement pouvant atteindre trois ans.