Alors que les arrivées touristiques sont en net recul dans le royaume, et que la crise financière venue des États Unis encourage les ménages à économiser sur leur dépenses de voyage et de loisir, la Thaïlande bénéficie d’un avantage important par rapport à ses concurrents: son système de santé. Paradoxalement, la crise économique pourrait attirer davantage de touristes médicaux soucieux d’économiser sur leurs dépenses de santé.

Avec une médecine de qualité, un accès rapide aux soins et des prix abordables, la Thaïlande attire un nombre croissant d’étrangers qui conjuguent vacances avec soins hospitaliers, dentaires ou chirurgicaux. Peu connue à l’étranger, l’histoire du système de santé Thaïlandais a bénéficié de circonstances historiques très favorables: le père de l’actuel souverain, le Prince Mahidol de Songkla, a obtenu son MD (Medical Doctor) de la Harvard Medical School au début du siècle dernier et a encouragé depuis longtemps l’établissement de liens étroits entre la formation des médecins américains et thaïlandais.

Jusqu’à présent le secteur du tourisme médical en Thaïlande avait régulièrement enregistré des taux de croissance annuels à deux chiffres. Depuis 2002, le nombre de patients étrangers dans les hôpitaux thaïlandais à plus que doublé passant de 620.000 à 1,45 millions l’année dernière. Mais pour la première fois cette année la tendance pourrait s’inverser, au moins à court terme.

L'entrée du Bumrungrad Hospital à Bangkok

Selon une étude publiée par Tesco Securities, le secteur hospitalier doit s’attendre à une baisse de fréquentation d’environ 10% en 2009 en Thaïlande, à cause du recul des entrées touristiques. Mais les grands hôpitaux de Bangkok ont presque tous déjà annoncé des mesures pour relancer le secteur de la santé et compenser les facteurs négatifs que sont la crise économique et la mauvaise image laissée par les conflit politique du mois de décembre. Le Bangkok general Hospital et le Samitivej ont annoncé des baisses entre 30 et 50% sur le prix des chambres jusqu’au mois de mars. Le groupe Samitivej, qui a enregistré une hausse de son chiffre d’affaire de 18% sur les 11 premiers mois de 2008, s’attend cependant à une année plus difficile en 2009, car 38% de ses patients sont des étrangers (aussi bien expatriés que touristes).

Selon Kenneth Mays, directeur du marketing au  Bumrungrad Hospital

En 2008 nous allons avoir une croissance de notre activité à un seul chiffre: entre 5 et 10% probablement contre 10 à 15 % les précédentes années. La baisse est surtout sensible sur le secteur proprement touristique, c’est à dire les touristes qui ont besoin d’un soin pour une raison accidentelle.

L’année dernière, le Bumrungrad a enregistré 440000 consultations sur des patients étrangers, mais il n’est pas toujours facile de faire la différence entre un étranger expatrié qui vient consulter parce qu’il vit en Thaïlande, ou un touriste qui a eu un accident, et un vrai “touriste médical” qui fait le voyage spécifiquement pour se faire soigner.

Les consultations des patients en provenance de l’Europe et des États Unis sont en baisse, mais les visites en provenance du Moyen Orient sont stables. Typiquement notre clientèle en  provenance des pays du golfe fait le voyage expressément pour se faire soigner. Nous souffrons du climat politique c’est certain, quand à l’influence de la crise économique, c’est encore trop tôt pour faire un bilan. Certains pensent qu’il y aura un impact négatif, car la récession encourage les gens à rester chez eux, mais d’autre pensent que c’est la volonté d’économiser sur les dépenses de santé qui sera prédominante.”

commente Kenneth Mays.

Mais sur le long terme, les prévisions économiques concernant le tourisme médical restent très optimistes: le rapport Asian Medical Tourism Analysis (2008-2012) prévoir une croissance annuelle moyenne de 16% sur le secteur pour les cinq prochaines années. Or la Thaïlande occupe une place de leader en Asie, suivi par Singapour et l’Inde, les Philippines et la Malaisie. Au dela du prix bien inférieur aux équivalent occidentaux, c’est aussi la qualité de l’accueil qui fait la différence.

Dans le hall d’entrée du Samitivej Hospital ou trouve une banque, un Starbucks café, une librairie, un kiosque à journaux, un minimart 7/11 et plusieurs restaurants, fréquentés surtout par les patients et le personnel de l’hôpital, mais aussi par les habitants du quartier. Si il n’y avait pas toutes ces infirmières avec leurs uniformes bleu ciel impeccable, on aurait du mal à se croire dans un hôpital. Pour un Français le choc culturel peut être assez brutal: en Thaïlande vous n’êtes pas un patient mais un client. En promotion : 10% de réduction sur les opérations des yeux (chirurgie Lasik de correction au laser de la myopie) pour les porteurs d’un carte VISA platinum. Pour la fête des mères pensez à un voucher “check-up” d’une journée à partir de 10000 baths (220 euros) avec option IRM en supplément.

Un hôtel cinq étoiles, ou l'hôpital Samitivej à Bangkok ?

Le Samitivej est le vaisseau amiral du groupe Bangkok Medical Service coté à la bourse de Bangkok et qui compte une vingtaine d’hôpitaux en Thaïlande  dont 14 sous la marque Bangkok Hospital, et 3 sous la marque Samitivej. Dès votre entrée vous êtes pris en charge par une assistante médicale qui vous oriente vers le bon service et vous guide dans les démarches administratives. Temps d’attente pour une consultation sans rendez vous : 20 à 30 minutes selon l’affluence. Pendant ce temps on vous offre une boisson, et des journaux sont à votre disposition.
Propreté, espace, lumière et bien sûr sourire de rigueur : attention lorsque vous retournerez dans un hôpital en France, le contraste risque d’être brutal avec l’ambiance “sécu” de la salle d’attente des “urgences”, ou vous attends un personnel surmené et une foule hargneuse qui encaisse plus ou moins bien ses six heures d’attente. La contrepartie de ce confort hors d’atteinte dans les pays riches: une démarche parfois un peu trop “marketing” , qui peut se traduire dans certains cas par des propositions interventionnistes.

Mais dans l’ensemble le niveau de prestation est comparable à celui des hôpitaux européens ou américains, car la différence de prix par rapport aux pays occidentaux n’est pas due à la qualité des équipements ou du personnel, mais aux coûts de personnel. En France les dépenses de personnel représentent de 65 à 75% des coûts de fonctionnement d’un hôpital, et si on compare le salaire d’une infirmière en France et en Thaïlande, il y a un écart de 1 à 10. Résultat des prix défiant toute concurrence, surtout pour les américains ou le cout, non seulement des soins, mes des assurances santé a enregistré une hausse vertigineuse.

Pour les grosses interventions, la différence peut justifier à elle seule un voyage en Thaïlande, comme en témoigne ces chiffres comparatifs (prix en dollars US) donnés à titre indicatifs, mais qui ont été confirmé par nos interlocuteurs dans plusieurs établissements importants de Bangkok.

Opérations                                      États Unis           Inde               Thaïlande            Singapour

Pontage coronarien                          $130,000           $10,000           $11,000             $18,500

Prothèse de hanche                           $43,000             $9,000            $12,000             $12,000

Prothèse genou                                  $40,000             $8,500           $10,000             $13,000

source http://medicaltourism.com/compare-cost.php

Pour le moment les Européens restent peu concernés par cette mondialisation de la santé : moins de 7000 français ont fréquenté le Bumrungrad l’année dernière. Mais le non remboursement des prestations dentaires et de chirurgie esthétique encourage le développement d’un certain nomadisme médical, particulièrement chez les retraités qui sont nombreux à choisir la Thaïlande pour de longs séjours. Mais sur le site http://www.medicaltourisminthailand.com on trouve de nombreux témoignages de patients venus se faire soigner en Thaïlande, et une estimation des couts pour les soins dentaires : 55000 bath pour un implant dentaire avec couronne, 5000 baht pour une couronne seule en céramique….Soit environ 50% moins cher que les prix pratiqués en France.

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