En Thaïlande, la campagne électorale reste toujours dominée par les médias traditionnels: affiches aux bords des routes, journaux, radio ou meetings dans les provinces reculées. Mais les élections de 2011 marquent une étape importante dans le recours à internet et aux réseaux sociaux. Pour la première fois, les partis politiques et les candidats ont investi massivement la toile pour enrichir leur communication vers les électeurs.

La Thaïlande compte aujourd’hui quelques 20 millions d’utilisateurs internet, un outil en voie de démocratisation rapide dans la société thaïe. Les principaux partis politiques l’ont bien compris et commencent à investir la toile afin de gagner en visibilité. Plateforme ouverte et peu chère, un compte Twitter ou Facebook permet de se faire une bonne promotion à peu de frais.

La domination de Facebook

le premier ministre, Abhisit Vejjajiva, leader du parti démocrate, est le plus « aimé » sur Facebook. Sa page personnelle compte plus de 680 000 fans

Facebook avec ses 10 millions d’utilisateurs, soit un internaute sur deux, a acquis en Thaïlande une base d’intervenants assez large et à travers tout le Royaume.

Avec Facebook les partis politiques peuvent créer une page en leur nom, et au nom des principaux dirigeants à des fins électoralistes.

Les partis politiques utilisent principalement ce réseau social comme centrale médiatique en proposant des vidéos, des photos, des dialogues en direct avec les têtes de listes ou encore présentent leur programme plus en détails.

Les principaux partis permettent même de suivre en live streaming les conférences ou meetings de leurs candidats à travers le pays. Jeudi soir, 24 000 personnes ont ainsi suivies en direct via Facebook le discours du premier ministre sur le parvis de Central World.

Abhisit le plus “aimé”

Le marketing politique bat son plein sur la toile et tout est bon pour courtiser les utilisateurs. Ainsi, que ce soit sur la page d’Abhisit ou de Yingluck, si vous cliquez sur le live streaming, le bouton « j’aime » s’activera automatiquement et l’information s’affichera sur votre mur personnel.

Actuellement, c’est Abhisit leader du parti Démocrate, qui mène la bataille sur internet: il est le plus « aimé » sur ce réseau social. Facebook correspond sans doute mieux au profil de l’électorat Démocrate, plutôt classes moyennes et urbanisé. La page personnelle d’Abhisit Vejjajiva compte plus de 680 000 fans alors que sa principale concurrente, Yingluck Shinawatra, dépasse difficilement les 150 000 aficionados.

Arrivée plus tard dans la course, Yingluck Shinawatra, dépasse difficilement les 150 000 aficionados.

Cet écart s’explique entre autres par le fait que la page Facebook d’Abhisit Vejjajiva est assez ancienne alors que la sœur de Thaksin n’a crée la sienne qu’à la mi-mai, juste après avoir été intronisée tête de liste du Pheu Thai.

Sur le plus grand réseau social du monde, les principaux partis thaïlandais ont aussi leur parodie. En effet, des individus s’amusent à créer des pages des principaux partis afin de caricaturer gentiment les clichés que colporte chaque famille politique.

Twitter peine à decoller

Le réseau social Twitter, dans un genre assez proche de Facebook, est plus spécialisé. Les politiciens l’utilisent principalement pour envoyer de petites phrases personnelles ou des commentaires réguliers et en temps réel sur leur campagne électoral.

Ce site internet est moins populaire chez les thaïs avec seulement un million de membres. Moins riches en informations, cette plateforme est plus utilisée par des spécialistes tels des journalistes, des analystes ou les fans qui veulent tout connaître de leurs héros politiques.

Facebook et Twitter ne sont pas encore une véritable priorité pour les partis politiques. De plus, ils ne maîtrisent pas encore assez les codes et le vocabulaire adapté pour littéralement aller chercher des voix via ce nouvel outil communicationnel. En somme, pour ces élections tout du moins, ces pages internet sur ces réseaux sociaux prêchent principalement aux convaincus.

Les réseaux sociaux utilisés via un but politique peuvent même déclencher des polémiques. Récemment, un commentaire de l’actuel premier ministre sur sa page Facebook a déclenché une vive réaction de Chumpol Silpa-archa, leader du Chartthaipattana party, l’un des six partis de la coalition gouvernementale.

Le commentaire du premier ministre suggérait qu’il n’avait eu d’autres choix que d’inclure ces partis dans son gouvernement, sous-entendant qu’il aurait préféré s’en passer. Après avoir lu ce commentaire, Chumpol n’a pas apprécié. La polémique a duré quelques jours avant qu’il admette que l’incident était clos.

Des blogs menacés de censure

La Thaïlande dispose aussi d’une large palette de blogs. Privilégiant une approche alternative par rapport aux médias traditionnels, ils ont l’avantage de fournir un point de vue différent, et parfois plus distant de l’establishment politique.

Poster Bangkok
L

Malheureusement, de par son statut plus indépendant voire vindicatif, le blog est plus facilement confronté à la censure par les autorités qui bloquent rapidement l’accès aux sites qui ne leur plaisent pas.

Il n’y a pas que les candidats qui doivent s’intéresser au monde du web. La commission électorale (EC), et c’est un fait nouveau dans l’histoire politique thaïlandaise, doit s’y confronter. Notamment, la commission doit s’atteler à surveiller les contenus publiés et tenter d’éviter autant que faire se peu les tricheries ou les abus qui peuvent se passer sur la toile.

Loin de ne vouloir que surveiller, la commission électorale entend bien aussi participer. Pour mettre en avant son travail, l’EC a décidé d’ouvrir un compte Facebook et Twitter afin de permettre aux citoyens de rester informer constamment sur leurs derniers avancements.

Le grand intérêt de l’usage de ses réseaux sociaux par des formations politiques est sans conteste la possibilité de dialogue et d’échanges constants entre les chefs de file et leurs partisans.

Malgré tout, l’émergence de ce nouveau type de communication politique de devrait pas changer à court terme le rôle prépondérant des médias traditionnels, notamment par le fait du nombre limité de personnes qui peuvent avoir accès à ces sites.

1 comment
  1. “les autorités qui bloquent rapidement l’accès aux sites qui ne leur plaisent pas” Franchement, lorsqu’on regarde de près ces sites, c’est l’écoeurement au premier regard (voir no-po-cho USA !!!!)

    Si ce n’était que “ne plaisent pas”, cette fermeture serait effectivement “grave”, mais c’est un débordement de haine, d’appels au meurtre et à toutes forme de supplices imaginables (y compris mauvais sorts etc etc) qu’on ne retrouve chez nous que sur les sites néo-nazis et racistes !
    Et ces sites-là sont aussi bloqués chez nous …

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