Tandis que les partis politiques négocient de possibles alliances au Parlement en fonction des résultats partiels publiés après le scrutin du 24 mars, il faut garder à l’esprit qu’un nouveau gouvernement ne sera pas mis en place avant le mois de juin.

La chronologie comprend un certain nombre d’étapes formelles à respecter qui doivent être mises en place pour assurer une éventuelle transition vers un nouveau gouvernement.

Une élection sans réel gagnant ?

Le résultats des élections manque pour le moment singulièrement de clarté, et pas seulement parce que la Commission électorale n’a pas encore annoncé les résultats définitifs du vote.

L’annonce par l’alliance dirigée par Pheu Thai de son intention de former un gouvernement de coalition avec sept autres partis, qui compte 255 sièges sur 500 à la Chambre des représentants, est tout sauf une déclaration de victoire.

Avec une majorité de cinq sièges au parlement, on est très loin du raz de marée pro démocratie qui aurait pu faire fléchir les militaires.

Crier victoire avec une coalition de 255 députés semble assez prématuré, surtout quand il reste plus de 5% des votes de dimanche qui ne sont pas encore comptabilisés et qui pourraient encore changer le nombre d’élus de cette coalition.

La majorité des Thaïlandais s’est prononcé en faveur des libertés et de la démocratie au détriment du régime militaire en place depuis cinq ans, mais ceci au prix d’une recomposition singulière du paysage politique.

L’armée institutionnalise son pouvoir

Premièrement le camp pro militaire, pro monarchiste, qualifié de” pouvoir des élites de Bangkok” par beaucoup d’analystes politiques a désormais un parti et une représentation politique digne de ce nom.

Le parti Phalang Pracharat, qui milite pour le maintien de la junte militaire au pouvoir, est le parti qui obtenu le plus de voix : près de huit millions. Mais son ascension s’est largement faite au détriment du Parti Démocrate d’Abhisit Vejjajiva qui encaisse sa plus mauvaise performance historique.

En d’autres termes les électeurs ont fait le choix de la clarté : voter pour un parti qui soutient ouvertement l’armée et son chef le général Prayuth, qui gouverne le pays depuis cinq ans, plutôt que de s’en remettre à un parti censé les représenter, mais qui n’a jamais fait de choix tranchés en leur faveur.

Thaksin n’est plus intouchable

Deuxièmement le Parti Pheu Thai pro Thaksin n’est plus intouchable : il remporte certes une victoire assez nette au Parlement par le biais du scrutin majoritaire, mais très loin de ses performances précédentes qui lui assuraient, comme en 2011, une confortable majorité sans avoir même besoin de chercher à former une coalition.

Là aussi il s’est produit un profond changement avec l’apparition du parti Future Forward, crée il y a peine un an et qui devient le troisième parti politique de Thaïlande.

La précipitation avec laquelle le parti Pheu Thai s’est rendu devant les medias pour annoncer un gouvernement de coalition, avec une majorité très étroite de cinq sièges est surtout un signe de nervosité.

Palang Pracharat dispose de 7,9 millions de voix à l’échelle nationale, contre 7,4 millions pour le Pheu Thai. Le nombre de votes non comptés restant est d’environ 1,6 million. Cela signifie que Palang Pracharat peut encore avoir plus de députés élus dans le collège des 150 députés élus à la proportionnelle.

il en va de même pour le Parti démocrate et Bhumjaithai. En revanche, Pheu Thai avec son grand nombre de députés de circonscription ne bénéficiera que très peu, voire pas du tout, des votes attribués à la proportionnelle.

You May Also Like

Pourquoi la Malaisie et la Thaïlande veulent-elles rejoindre les BRICS ?

Les BRICS, dont le nom remonte à un rapport de Goldman Sachs en 2001, ont longtemps lutté pour trouver un objectif économique ou géopolitique, car ses pays membres ont peu de points communs, hormis le fait d’être grands et non occidentaux.