La Thaïlande et les États Unis entretiennent depuis longtemps des relations privilégiées, et ce quelque soit le parti du président au pouvoir aux États Unis. De fait l’élection de Barak Obama à la tête de la première puissance mondiale ne devrait pas sensiblement affecter les relations entre les deux pays. Mais dans un contexte de crise mondiale, ce nouveau tournant de la politique américaine pourrait avoir des répercussions sur les relations commerciales entre la Thaïlande et les États Unis.

Les États Unis sont en effet le principal partenaire commercial de la Thaïlande (légèrement surpassés depuis cette année seulement, par le Japon), et les industriels thaïlandais craignent qu’une présidence démocrate puisse signifier des mesures plus restrictives en matière d exportations vers les États Unis. En 2007 les exportations thaïlandaise à destination des États Unis ont représenté 19,2 milliards de dollars, soit 12.6% du total des exportations de la Thaïlande (152 milliards de dollars). Pendant le même période la Thaïlande n’a importé des États Unis que 9,5 milliards de dollars. La balance commerciale des États-Unis envers la Thaïlande est donc largement déficitaire, et une administration démocrate (réputée plus soucieuse des équilibres que la précédente) pourrait éventuellement revenir sur une attitude libérale envers le commerce extérieur. Sans aller jusqu’à parler de protectionnisme, les négociations en cours pour la signature d’un FTA (Free Trade Agreement) entre les deux pays pourraient marquer le pas.

Barak Obama, nouveau président des États Unis

En 2007 les relations commerciales entre les deux pays ont déjà été sous tension a cause de l’ajout de la Thaïlande par les États Unis sur leur “liste de surveillance” des pays soupçonnés de ne pas respecter les règles de propriété intellectuelle dans le monde. Cette liste ne comprend que 9 pays (la Chine, le Venezuela, la Russie, Égypte, Argentine, Chili, Israël, Liban, Turquie, Ukraine) et cette classification a été considérée comme injustifiée par le gouvernement thaïlandais.

La Thaïlande est cependant toujours susceptible de demeurer sur la “US-Priority Watch List (PWL)”, étant donné les incertitudes sur sa politique d’octroi de licence obligatoire. Selon un rapport de l’International Intellectual Property Alliance (IIPA) les pertes commerciales dues à des infractions au droit d’auteur en Thaïlande à s’élevent a 219,7 millions de dollars par an.

C’est un autre point de friction important entre la Thaïlande et les États Unis qui est sans doute à l’origine de ce classement: la production de médicaments génériques sous licence obligatoire. Pendant la période ou les militaires ont occupé le pouvoir, la Thaïlande a pris la tête du mouvement en faveur des licences obligatoires, en autorisant la production de médicaments contre le Sida et en élargissant cette dérogation aux traitements contre le cancer. Une décision qui fait débat aujourd’hui, car le nouveau gouvernement estime que cette autorisation n’est pas justifiée, car elle risque d’être couteuse en représailles commerciales.

Mais les liens historiques sont anciens entre la première puissance mondiale, et son principal allié dans la région du Sud Est asiatique. La Thaïlande est devenue un allié officiel des États-Unis avec la signature de l’Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE) en 1954 dont le siège se trouvait a Bangkok. L’organisation était alors un des instruments de la politique américaine contre l’expansion du communisme en Asie du Sud suite à la guerre d’Indochine. Par la suite, la Thaïlande passera un accord secret avec les États-Unis en 1961 et enverra des troupes au Vietnam et au Laos et autorisera les États-Unis à installer des bases aériennes dans l’est du pays, d’où décolleront les bombardiers B-52 qui bombardent le Nord Vietnam.

Les États Unis et la Thaïlande ont développé des relations très privilégiées surtout depuis la guerre du Vietnam. Un traité signé en 1966 (toujours en vigueur) entre les deux pays, autorise les entreprises américaines à opérer en Thaïlande sans devoir respecter la plupart des restrictions qui s’appliquent aux autres pays en vertu du FBA (Foreign Business Act). Les investisseurs américains peuvent notamment créer des entreprises en Thaïlande en restant majoritaires dans le capital, ce qui n’est pas autorisé pour les ressortissants des autres pays.