Le voyage en Asie du président des États-Unis, Barack Obama, fera certainement date dans l’histoire des relations entre les deux continents. Même si Barack Obama a décidé de ne pas passer par la Thaïlande, il a bien tracé les grandes lignes d’une nouvelle politique américaine à l’égard du continent asiatique. La rupture avec l’administration précédente est sensible, car elle met fin à une quasi décennie d’incompréhensions, dominée par des objectifs sécuritaires.

Le président sortant George W. Bush aura consacré beaucoup de temps, et d’argent, a sa «guerre contre le terrorisme», entrainant un cout élevé,  y compris pour ses alliés stratégiques en Asie du Sud-Est, dont la Thaïlande fait partie. Bangkok aura été un allié réticent des campagnes militaires américaines, en fournissant un petit nombre de troupes à la coalition des volontaires en Irak, tout en permettant l’accès des avions américains a ses base aériennes pour la campagne d’Afghanistan. La Thaïlande a aussi participé aux aspects les plus discutables de cette guerre en prêtant ses bases aux missions secrètes de la CIA, où des agents du renseignement thaïlandais ont travaillé avec leurs homologues des États-Unis.

Évoquant les relations des États-Unis avec leurs alliés traditionnels en Asie, notamment la Corée du Sud, le Japon, les Philippines et la Thaïlande, M. Obama a indiqué :

” Ces alliances continuent à constituer la pierre angulaire de la sécurité et de la stabilité qui ont permis aux nations et aux peuples de cette région de poursuivre l’opportunité et la prospérité”.

M. Obama a également affirmé souhaiter voir les États-Unis jouer leur rôle dans tous les projets d’intégration en cours en Asie. “Nous somme également persuadés que la croissance des organisations multilatérales peut faire avancer la sécurité et la prospérité de la région”, a-t-il déclaré.

“Je sais que les États-Unis se sont désengagés d’une grande partie de ces organisations ces dernières années, donc permettez moi d’être clair : ces jours-là sont passés. C’est ici (en Asie) que nous réalisons la majeure partie de notre commerce et achetons un nombre important de nos biens. C’est ici que nous pouvons exporter nos propres produits et créer des emplois chez nous en retour”

Barack Obama a souligné son désir de voir les États-Unis s’impliquer davantage dans les instances internationales asiatiques, comme l’Association des nations du Sud-Est asiatique (Asean) dont la Thaïlande est la seconde économie, ou le Forum de coopération Asie-Pacifique (APEC). Obama a symboliquement été le premier président américain à participer à un sommet de l’APEC à  Singapour.

Avec Barak Obama, la diplomatie américaine se dirige vers une présence accrue en Asie du Sud-Est

Le voyage d’Obama fait suite à la visite d’ Hillary Clinton en Indonésie et en Thaïlande, et vient juste après celui de Kurt Campbell,  secrétaire d’État adjoint, la semaine dernière  en tant que représentant des États-Unis pour engager des pourparlers avec la Birmanie. En comparaison, Condoleezza Rice n’avait assisté qu’à deux des quatre réunions de l’ASEAN de son mandat à la tête de la diplomatie américaine.

Rappelant qu’il était né à Hawaï et qu’il avait grandi en Indonésie, Barack Obama s’est présenté comme le premier président américain issu du Pacifique. Il a estimé que les États-Unis et la zone Asie-Pacifique étaient “plus étroitement liés que jamais par le passé”.

Sur le plan économique, Barack Obama a réitéré son appel à une croissance mondiale plus équilibrée :

“Nous devons d’abord renforcer notre reprise économique et mettre en œuvre une croissance qui soit à la fois durable et équilibrée. Nous ne pouvons pas revenir aux mêmes cycles de croissance et d’éclatement de bulle qui nous ont menés à la récession mondiale. Nous ne pouvons poursuivre les mêmes politiques qui ont conduit à une croissance aussi déséquilibrée”.

Mais sur le plan économique, la Thaïlande reste fortement dépendante des exportations vers son principal partenaire commercial, les États Unis. La crise, devrait logiquement aboutir a une certaine remise de ce modèle de croissance car cette fois le mauvais vent est arrivé en provenance des États Unis. Le modèle de croissance mondiale des années Bush reposait sur des excédents en devises des pays asiatiques, et un déficit commercial et un endettement américain croissant des États-Unis.

Les politiques américaine et asiatique étaient devenues dangereusement complémentaires. La consommation et les déficits commerciaux des Américains trouvant leur contrepartie dans l’accumulation des réserves et des excédents commerciaux des pays asiatiques. Mais la transition vers un modèle qui donne une plus large place au marché intérieur sera sans doute plus facile pour des pays comme la Chine ou l’Indonésie que pour la Thaïlande.

Le commerce a contribué de manière significative à la croissance dans la région Asie-Pacifique, mais il y a des signes de protectionnisme rampant avec le ralentissement économique, a prévenu le président sud-coréen Lee Myung-bak.

Barack Obama a  pourtant tenté de faire renaître l’espoir de créer une région Asie-Pacifique de libre-échange en annonçant que les Etats-Unis cherchent à rejoindre un petit groupe considéré comme un précurseur d’un accord plus large autour du Pacifique. Les Etats-Unis devrait participer au Trans-Pacific Partnership, rejoignant le Chili, la Nouvelle-Zélande, Singapour et Brunei, dans un accord de partenariat commercial. L’objectif à plus long terme est d’étendre cet un accord à tous les 21 membres de l’APEC, surnommée la Zone de libre échange de l’Asie-Pacifique.

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