Malmenée par la Cour Constitutionnelle ainsi que par la commission nationale anti-corruption (NACC) les jours de l’actuelle Première ministre, Yingluck Shinawatra, à la tête du gouvernement  semblent comptés. Pour autant le Pheu Thai, et l’Union pour la Démocratie contre la Dictature (UDD) ne renoncent pas à soutenir leur leader.

Alors que Songkran avait marqué une trêve dans l’agitation politique de part et d’autres, les pro-gouvernementaux de l’UDD et du Pheu Thai ont mis à profit cette accalmie pour visiter plusieurs représentations diplomatiques, dont l’ambassade de France en Thaïlande.

Les trois des principaux leaders de l’UDD, Jatuporn Promphan, Tida Tawornsreth et le Dr Weng Tojirakarn, ont ainsi été reçus par l’ambassadeur de France, M.Thierry Viteau.

Nous recevons des représentants d’organisations politiques de toutes les tendances, aussi bien du Pheu Thai comme M.Jatuporn, que du Parti Démocrate comme M.Abhisit.  Notre but est de prendre connaissance du point de vue de chacun, et d’informer le mieux possible les services du Ministère des Affaires étrangères.

Ensuite par principe nous n’intervenons pas dans les affaires intérieures du pays : notre position (en accord avec celle de l’Union Européenne) consiste à réaffirmer notre attachement au dialogue pacifique et au respect des institutions démocratiques.

Une démarche en direction de plusieurs pays

Mais le cas de l’ambassadeur de France en Thaïlande n’est qu’un exemple parmi d’autres de la stratégie d’internationalisation du conflit engagée par l’UDD depuis plusieurs mois.

En effet  le mois dernier la Première ministre en personne avait rencontré Mark Kent,  l’ambassadeur du Royaume-Uni. Le 4 avril, l’ambassadeur d’Australie était reçu en entretien par Kwanchai Praipana, leader UDD de la région d’Udon Thani.

« Les diplomates étrangers veulent évaluer l’esprit de combativité des chemises rouges dans leurs fiefs du nord et du nord-est »

avait analysé une source diplomatique dans les colonnes du Bangkok Post le 17 avril dernier.

Ce même leader UDD avait également reçu la visite de diplomates Japonais et Américain suite à une attaque armée à son encontre le 8 février dernier. Autant de signes de l’intérêt des pro-gouvernements pour leurs soutiens extérieurs en ces temps d’incertitudes.

L’UDD nous a fait savoir qu’une révocation de l’ensemble du gouvernement par la Cour Constitutionnelle ne serait pas acceptée, et conduirait à une nouvelle mobilisation, plus importante que celle du 5 avril dernier

précise une source proche des milieux diplomatiques.

Mais les recommandations de la communauté internationale, y compris celle du secrétaire des Nations-Unies Ban Ki-Moon en février, n’ont pour l’instant pas eu de réelles conséquences sur l’évolution du conflit.

Un sentiment d’incertitude

Il y a sentiment d’incertitude qui est partagé par d’autres membres de la communauté diplomatique. On est toujours en attente de décisions majeures qui sont sans cesse reportées. La perspective d’un nouveau scrutin semble aussi assez incertaine, puisqu’on parle désormais du mois de juillet.

Du coup les relations entre nos deux pays sont un peu distendues : compte tenu du caractère intérimaire de l’actuel gouvernement, ils est peu probable d’avoir des visites de haut niveau de membres du gouvernement français comme en 2013.

ajoute M.Viteau

L’Ambassade France informe aussi de manière régulière les Français inscrits au consulat (environ 10.000) par le biais de SMS et de courriels, lorsque la situation est susceptible de présenter un danger pour les résidents ou voyageurs en Thaïlande.

Ces informations sont également reprises par le site de conseils aux voyageurs du Quai d’Orsay (http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/thailande-12322/) pour informer les quelques 30 à 40.000 touristes français qui se trouvent en moyenne en Thaïlande.