C’est le bilan provisoire de la guérilla qui oppose les séparatistes musulmans au gouvernement de la Thaïlande dans les provinces du sud, proches de la frontière avec la Malaisie. La police thaïlandaise estime qu’aujourd’hui le nombre de morts dans le Sud a atteint les 3000 depuis le 4 janvier 2004, lorsqu’un un camp militaire de la province de Narathiwat avait été attaqué par des rebelles séparatistes. Le gouvernement devrait lancer un nouvel effort pour lutter contre l’insurrection séparatiste du sud musulman cette semaine et le Premier ministre Samak Sundaravej a annoncé une réunion d’urgence demain vendredi.

Srawut Aree, professeur d’études musulmanes à l’Université de Chulalongkorn, a déclaré à l’AFP que le gouvernement a fait peu de progrès pour atténuer la violence parce qu’il n’a pas réussi à identifier les chefs militaires de l’insurrection. «Le problème, c’est que le gouvernement n’arrive toujours pas à reconnaître les véritables acteurs qui sont derrière les attaques”, a déclaré Srawut.

Le précédent gouvernement de Thaksin Shinawatra (2001-2006) avait adopté une politique de fermeté dans le Sud, fermant les yeux sur des violations répétées des droits de l’homme, dont le terrible bilan de Tak Bai, le 25 octobre 2004, où 78 hommes avaient trouvé la mort par suffocation dans des camions de l’armée après une manifestation. Les familles des victimes ont été indemnisées depuis, mais à condition de ne pas engager de poursuites contre les responsables militaires de cette tragédie.

Ceux qui pensaient qu’un gouvernement militaire issu du coup d’Etat de septembre 2006 serait plus à même de trouver une solution au problème de l’islamisme dans le sud de la Thaïlande ont eu tort. Plus encore, le fait que l’initiateur du coup d’Etat, le général Sonthi, soit un des rares cadres musulman de haut rang de l’armée, n’a eu aucune influence. La violence a même menacé d’envahir Bangkok avec la série d’attentats qui a frappé la capitale le soir du nouvel an 2006. Le gouvernement thaïlandais avait mis en cause à l’époque l’entourage de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra, sans vraiment convaincre, car les principaux auteurs d’attentats en Thaïlande sont les séparatistes du Sud musulmans. Depuis, l’enquête n’a donné aucun résultat, mais la piste des anciens membres du TRT semble manquer de preuves tangibles.

La politique d’ouverture du premier ministre Surayud (nommé en septembre 2006 après le coup d’Etat) en rupture avec celle du gouvernement Thaksin, s’est soldée par un fiasco total : la férocité des attentats commis s’est aggravée en 2007, sans que rien n’indique une quelconque amélioration. Le nouveau gouvernement, formé après les élections de décembre dernier et la victoire du PPP, (dirigé par Samak Sundaravej), ne semble pas avoir une politique bien arrêtée en ce qui concerne le Sud musulman de la Thaïlande. Le ministre de l’Intérieur Chalerm Yoobamrung avait dans un premier temps proposé en février un statut d’autonomie spéciale pour le Sud, mais avait été démenti dès le lendemain par le premier ministre Samak.

Des écoles incendiées, des professeurs massacrés et les soldats chargés de leur protection décapités : voilà pourtant une image bien loin du pays du sourire que fréquentent plus de 15 millions de touristes pas an