Ceux qui pensaient qu’un gouvernement militaire serait plus à même de trouver une solution au problème de l’islamisme dans le sud de la Thaïlande ont eu tort. Plus encore, le fait que l’initiateur du coup d’Etat de septembre 2006, le général Sonthi, soit un des rares cadres musulman de haut rang de l’armée, n’a eu aucune influence.
Des écoles incendiées, des professeurs massacrés et les soldats chargés de leur protection décapités : une image bien loin du pays du sourire que fréquentent plus de 15 millions de touristes pas an. Pourtant la guérilla islamiste entre cette année dans sa cinquième année : depuis 2004, plus de 2 800 personnes ont été assassinées dans les trois provinces à majorité musulmane de Pattani, Yala et Narathiwat. Pour le gouvernement et les forces de l’ordre, cette crise est un échec retentissant.
La politique d’ouverture du premier ministre Surayud (nommé en septembre 2006 après le coup d’Etat) en rupture avec celle du gouvernement Thaksin, s’est soldée par un fiasco total : la férocité des attentats commis s’est aggravée en 2007, sans que rien n’indique une quelconque amélioration.
Certes, les musulmans thaïlandais en général et ceux du Sud en particulier n’éprouvent aucune sympathie pour les groupes de rebelles sanguinaires qui disent se battre pour l’indépendance et leur religion. Mais ils ne se sentent pas pour autant proches des forces de sécurité stationnées dans la région pour les protéger. Pourtant comme l’indique Philippe Migaux “En réalité, ce sont bien les populations locales – non musulmans et musulmans modérés, – qui sont les premières victimes du terrorisme moujahidin en Asie du Sud Est, et non les occidentaux comme prétendaient l’avoir inscrit dans l’histoire les auteurs des attentats de Bali” (L’islamisme combattant en Asie du Sud-Est).
Le nouveau gouvernement issu du scrutin remporté par les proches de l’ancien Premier ministre Thaksin devra trouver un plan pour restaurer la paix dans le Sud pour assoir sa crédibilité. Mais le pourra t-il vraiment si le nouveau premier ministre est bien Samak Sundaravej, comme tout semble l’indiquer ? Celui-ci a déjà indiqué qu’il serait le continuateur du défunt TRT de Thaksin, dont la politique dans le sud ne reposait que sur la force.
La répression brutale d’une manifestation antigouvernementale à Tak Bai, le 25 octobre 2004, où 78 hommes avaient trouvé la mort par suffocation dans des camions de l’armée, a depuis lors accentué la méfiance générale vis-à-vis des autorités. Aujourd’hui certains députés musulmans du Parti Puea Pandin et membres de la coalition formée par le PPP, ont déjà indiqué qu’ils ne soutiendraient pas la candidature de Samak s’il ne s’engage pas sur une politique précise dans le sud musulman de la Thaïlande.