Le gouvernement thaïlandais a approuvé hier une projet de décret royal d’amnistie qui sera soumis à Sa Majesté le jour de son anniversaire le mois prochain, c’est à dire le 5 décembre.  L’opposition a dénoncé le projet comme une mesure prise pour faire bénéficier l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra d’une impunité.

La Premier ministre Yingluck Shinawatra n’était pas présente à la réunion du gouvernement qui a entériné le projet selon le Bangkok Post, et tous les fonctionnaires présents ont été invités à quitter la salle lorsque la question a été délibérée.

Si le décret est approuvé, les condamnés qui ont au moins 60 ans et sont condamnés à moins de trois ans de prison seront admissibles à l’amnistie. M. Thaksin, âgé de 62 ans, a été condamné en 2008 pour abus de pouvoir pour avoir aidé son épouse, Potjaman Na Pombejra à acheter des terrains public sous évalués dans la zone de Ratchadaphisek à Bangkok en 2003. Il a fui à l’étranger avant son procès, et est donc considéré comme fugitif par la justice thaïlandaise.

Exclu de la vie politique par un coup d’Etat militaire en 2006, Thaksin n’a cessé de hanter la scène politique de son pays: dès 2007 son parti a remporté les élections et en 2008 il a regagné le pouvoir par personne interposée une première fois, avec un gouvernement dirigé par son beau-frère (Somchai Wongsawat), et maintenant une seconde fois après avoir imposé sa propre sœur Yingluck Shinawatra au poste de Premier Ministre depuis le mois d’aout 2011.

De fait Yingluck Shinawatra se retrouve dans la délicate position de devoir assumer son héritage familial (elle doit très clairement son élection à son frère, dont elle n’a cesse de se réclamer pendant sa campagne), tout en prenant soin de ne pas apparaître comme une simple courroie de transmission au service de la réhabilitation de Thaksin.

Mais aujourd’hui personne ne sait comment la Thaïlande pourrait gérer le retour de Thaksin, sans risquer de sombrer de nouveau dans les manifestations et la violence. Adulé dans les régions rurales et pauvres du royaume, il est beaucoup moins populaire à Bangkok, ou ses opposants (L’Alliance du peuple pour la démocratie, PAD) ont menacé de manifester si le nouveau gouvernement cherchait à intervenir pour neutraliser sa condamnation à deux ans de prison.