La dernière édition de l’hebomadaire “The Economist” ne sera pas distribuée en Thailande en raison d’un article jugé offensant, qui traite de la question de la succession de la couronne.
Ce n’est pas la première fois qu’une telle censure vient frapper un media qui aborde un sujet proche de la monarchie. En décembre 2008, l’hebdomadaire britannique avait été retiré de la distribution en raison d’un article jugé offensant sur le roi de Thailande. L’article en question, toujours consultable en ligne sur le site http://www.economist.com/ avait pour titre “La Thailande, son roi et sa crise”.
Cette fois l’article incriminé a pour titre “Thailand’ succession: As father fades, his children fight” (La succession en Thailande :alors qu’un père s’efface, les enfants se disputent) et traite de différents scénarios possibles pour la succession de l’actuel monarque.
En Thailande le crime de lèse-majesté est défini par l’article 112 du code pénal en vertu duquel
Quiconque tient des propos diffamatoires, insultants ou qui menacent le roi, la reine ou le régent est passible de trois à quinze ans de prison
. Cet article a été utilisé à plusieurs reprises pour bloquer l’accès à des sites internet jugés trop critiques envers la monarchie. Selon Reporters sans frontières “La législation thaïe sur le crime de lèse-majesté fait partie des plus sévères au monde. Elle empiète régulièrement sur le principe de la liberté d’expression.”
The Economist écrit dans un autre article de ce numéro consacré à la crise politique thailandaise et intitulé “Thailand’s political stalemate” (L’impasse politique en Thaïlande” ) :
La crainte n’est pas seulement que le gouvernement actuel repose sur une approbation royale tacite pour sa légitimité. C’est que la mort du roi risque de supprimer une influence modératrice qui a permis de tenir d’inconciliables différences politiques en échec. Ces craintes sont augmentées par le silence presque total sur la question dans la vie publique. Les lois très sévères sur le crime de lèse-majesté font en sorte que l’avenir de la monarchie est un sujet de commérages privé, mais sans débat public. Notre article qui envisage la succession de la monarchie pourrait ne pas paraître en Thaïlande. Nous le regrettons. Mais discuter de l’avenir de la Thaïlande sans tenir compte de sa monarchie, c’est minimiser une institution nationale importante.
La fin du règne du roi Bumibol Adulyadej approchant, la monarchie devient un sujet de plus en plus sensible. Début janvier 2009, la ministre de l’Information et de la Communication a également annoncé que le gouvernement allait investir 500 millions de bahts (11 million d’euros) afin de mettre en place un filtre national consacré au blocage des sites Internet hébergés à l’extérieur des frontières du royaume, qui porteraient atteinte à la monarchie. Car, depuis décembre 2008, le ministère de l’Information et de la communication a décidé de lutter plus fortement contre le crime de lèse-majesté sur Internet. Plus de 4 000 sites Internet ont été bloqués depuis le début de l’année 2009. Pourtant, de source officielle, seules 4 800 pages Internet auraient été bloquées depuis le mois de mars 2008 pour ce motif. Par ailleurs la Thaïlande reste toujours sur la liste de surveillance de RSF en ce qui concerne Internet.
2 comments
Oui, comme quoi aucune censure ne fonctionne parfaitement…. L’article est en premiere page du site de The Economist http://www.economist.com/
Il y a une petite erreur dans cet article. 500 millions de baht ne fait pas 1,1 million d’euros mais plutôt 11 Millions.
Est il possible de lire cette article “censuré” sur le net?
Un fidèle lecteur et résident de Bangkok.
Rob
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