Les autorités thaïlandaises ont bloqué 2.300 sites web pour avoir insulté la monarchie, et sont en attente de l’approbation du tribunal pour restreindre l’accès à 400 sites supplémentaire, toujours en vertu de la loi de lèse majesté qui protège de manière très stricte la monarchie en Thaïlande.

Un officiel du Ministère des Technologies de l’information et des Communications a déclaré que certains sites avaient aussi été bloqués pour leur contenu pornographique ou en raison de menaces à la sécurité nationale. Mais selon le ministre de l’Information et de la communication (TIC) Ranongruk Suwanchawee « Le blocage de sites Internet qui diffusent le contenu et les images qui insultent la monarchie est l’une des politiques essentielles du gouvernement. »

« Nous avons bloqué plus de 2300 sites internet. Nous nous apprêtons à demander l’approbation du tribunal pour fermer  400 autres sites et nous prévoyons aussi de demander une modification de la loi afin d’augmenter les pouvoirs des fonctionnaires du  ministère de l’Information et de la communication dès la réouverture du parlement ».

Le ministère de l’Information et de la communication a dépensé l’année dernière 45 millions de bahts (1,28 millions de dollars) en achat d’équipements sophistiqués de surveillance sur Internet pour le ciblage et le filtrage automatique de sites web au contenu jugé « inapproprié ». Le ministère demandera aussi aux ministères de la justice, l’intérieur et de la défense de de poursuivre les contrevenants, qui risquent jusqu’à 15 ans de prison en vertu de la loi qui punit les crimes de lèse majesté en Thailande.

Le blocage des sites en vertu des lois très sévères qui protègent le Roi Bhumibol Adulyadej a été critiqué par les groupes de défense des droits d’expression et des organisations de défense de la liberté des médias au cours des derniers mois. L’ONG française  de surveillance et de défense des médias « Reporters sans frontières » a récemment accusé le gouvernement thaïlandais d’utiliser les lois qui protègent la monarchie pour réprimer les opinions dissidentes sur l’Internet.

Wikileaks a publié les listes secrètes de la censure internet en Thaïlande du ministère de l’Information and Communication Technology (MICT). Les 1203 nouveaux sites bloqués cette année sont situés en Australie, Brésil, Canada, République tchèque, France, Allemagne, Hong Kong, Hongrie, Inde, Irlande, Israël, Italie, Japon, Mexique, Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, Pologne, Russie, Corée du Sud , l’Espagne, la Suède et le Vietnam. Un total de 860 vidéos YouTube a été bloqué, bien au-delà de l’obstruction menée par les Censeurs officiels du coup d’Etat militaire en 2006, et plus de 200 pages en miroir de ces vidéos sont également bloqués. Les internautes qui essayent de se connecter sur ces sites voient le message suivant.

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The web site you are accessing has been blocked by the requested of The Communication Authority of Thailand.

Les pages web du critique thaïlandais, Sulak Sivaraksa qui est actuellement en liberté sous caution pour une quatrième accusation de lèse majesté sont également bloquées, ainsi que celles de Matthew Hunt, journaliste, activiste militant contre la censure résidant en Australie.

Le rôle politique éventuel de famille royale est devenu un sujet sensible en Thaïlande depuis l’année dernière, à cause des protestations de la PAD (People alliance for democracy), un groupe qui revendique le soutien de la monarchie. Les troubles causés par la PAD ont contribué et à la chute du gouvernement précédent, considéré comme trop proche de l’ex premier ministre, Thaksin Shinawatra. Officiellement le roi de Thaïlande est resté neutre dans le conflit politique qui oppose partisans et adversaires de Thaksin, mais discuter ou pire encore, mettre en doute cette neutralité est mal accepté par les autorités thaïlandaises.

Le correspondant de la BBC en Thaïlande Jonathan Head est actuellement accusé d’insulte à la monarchie, à cause d’un article publié le 3 décembre dernier dans lequel il s’interrogeait sur les relations entre la monarchie et la PAD, le mouvement de protestation qui a paralysé les aéroports de Bangkok pendant une semaine.

Reporter sans frontières a dénoncé les plaintes déposés contre le correspondant de la BBC
“Cette plainte est la troisième que le lieutenant-colonel Wattanasak dépose à l’encontre de Jonathan Head en 2008. Cet excès de zèle est une mesure d’intimidation que nous condamnons”

a déclaré l’organisation.
Le lieutenant-colonel Wattanasak a déjà déposé deux plaintes contre Jonathan Head, en raison de ses publications sur la monarchie. Selon la loi thaïe, toute plainte déposée exige une enquête formelle de la police, sans garantie d’aboutissement. Reporters sans frontières rappelle qu’au nom du crime de “lèse-majesté”, l’écrivain Harry Nicolaides est toujours emprisonné à Bangkok.
Il a été arrêté le 31 août dernier et ses demandes de libération ont été refusées. Il risque jusqu’à quinze ans de prison pour avoir critiqué l’un des proches du roi dans son livre Verisimilitude.

Le 10 décembre dernier,  l’hebdomadaire britannique The Economist, avait été retiré de la distribution en raison d’un article jugé offensant sur le roi de Thaïlande. Son contenu faisait également référence à une possible implication de membres de la famille royale dans la politique thaïlandaise.

1 comment
  1. la plupart de ces sites n’ont pas des insultes pour la monarchie ,il suffit d’avoir un avis différent de celui des militaires pour risquer d’être interdit ! La Thailande était sur le chemin de la démocratie , maintenant, elle se dirige dans la mauvaise direction, en ce qui concerne la liberté de la presse, comme ses voisins..la Birmanie ,le Laos, Cambodge ,Vietnam et la Chine !

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