Une des surprises de cette année c’est finalement le peu de conséquences qu’a engendré l’instabilité politique en Thailande sur la croissance économique. Globalement les perspectives restent bonnes à Bangkok et dans la région, même si le futur gouvernement devra rapidement rassurer les investisseurs.

Dans l’ensemble de la région la comparaison avec 1997 est saisissante : en une décennie la situation est exactement inversée. En 2007 la crise est partie des Etats Unis, et le dollar semble parti dans une spirale baissière sans fin. Aujourd’hui la BOT achète des dollars à tour de bras (les réserves ont atteint 100 milliards de dollars le mois dernier) pour empêcher le Baht de monter trop haut…. En 1997 c’était évidemment le contraire : la crise partie de l’Asie avait rapidement touché toutes les économies de la région. La Banque de Thailande était alors obligée de vendre des dollars pour tenter de sauver la parité fixe du Baht par rapport au dollar.

En 1997 un boom immobilier sans précedent enflammait Bangkok : jour et huit on voyait des ouvriers travailler sans relâche sur les chantiers qui envahissaient la capitale, alimentés par des capitaux très spéculatifs. Aujourd’hui encore, des squelettes d’immeubles abandonnés en 1997 sont visibles dans la capitale, attendant un éventuel repreneur, ou la fin d’un imbroglio juridique entre débiteurs.

Il y a dix ans, des milliers de mètres carrés étaient construits (à l’époque on anticipe aussi un exode massif en provenance de Hong Kong) avec des crédits souvent obtenus par copinage auprès de banques elles-mêmes financées grâce aux capitaux étrangers volatils et en quête de rendement rapide. Le tout dans un marché financier libéralisé et surtout sans contrôle.

Aujourd’hui la situation est davantage sous contrôle, avec un change flottant qui tourne à l’avantage de la monnaie thaïlandaise : le Baht est plutôt sous évalué et la BOT ne sait pas vraiment quoi faire des 100 milliards de dollars de réserves qu’elle a engrangé pour limiter la hausse de sa devise. Même le roi suggère qu’il est temps pour l’armée de faire des emplettes en profitant de la force du Baht.
Globalement les autorités s’attendent à ce que l’économie thaïlandaise conserve son élan de croissance, mais il est possible que des facteurs exogènes dont le climat, les prix pétroliers internationaux et un ralentissement de la demande intérieure et internationale ainsi que de l’investissement privé constituent des obstacles à une croissance soutenue.

La Thaïlande continue d’appliquer un régime d’investissement étranger généralement assez libéral. Les listes négatives restreignant les niveaux d’investissement étranger direct dans certaines activités sont demeurées inchangées. Mais la réforme de la loi sur les investissements étrangers, reste peu claire. Certaines dispositions législatives font actuellement l’objet de modifications qui visent à empêcher les investisseurs étrangers de recourir à des actionnaires prête noms (nominee) ou aux droits de vote préférentiels pour prendre le contrôle de sociétés thaïlandaises dans les secteurs soumis à restrictions. Les investisseurs américains ne sont pas concernés : ils bénéficient d’un traitement préférentiel car, en vertu d’un traité datant de 1966, ils sont exonérés de la plupart des restrictions à l’investissement étranger direct.

L’administration installée par l’armée a subi plusieurs revers après le coup d’Etat. Les investisseurs, notamment à l’étranger, ont été déboussolés par une série de mesures destinées à contrôler les capitaux entrants (la Bourse de Bangkok avait chuté de 15% en décembre) et à restreindre la participation des étrangers au capital de certaines entreprises. A noter que le candidat du Parti Démocrate pour les prochaines élections, s’est engagé à revoir cette réforme pour favoriser le retour des investisseurs étrangers. Des rumeurs on fait état récemment du départ de nombreux projets japonais vers le Vietnam, jugé plus stable.