Le partenariat transpacifique (TPP) a été signé en février 2016 par douze pays de la région Asie-Pacifique, mais sans la Thaïlande.

La Thaïlande avait en première instance refusé de signer le texte. Pourtant, le TPP promettait au pays membres de nombreux avantages économiques importants, comme la suppression progressive des barrières tarifaires sur les échanges entre les pays de la région Asie-Pacifique.

La Thaïlande qui figure sur la liste des membres potentiels du TPP,  a prévu de réexaminer son adhésion au traité et de donner sa réponse au mois de juin, mais cette décision risque de créer de nouveaux clivages au sein du pays.

Plus qu’un simple accord douanier

En effet le TPP va bien au delà d’un simple accord de libre échange destiné à réduire les barrières tarifaires entre les pays membres.

Il comporte aussi des dispositions sur une plus grande ouverture aux entreprises étrangères, la création de brevets pour renforcer la propriété intellectuelle, le droit de l’environnement, le droit du travail, l’accès aux marchés publics, des normes communes pour le commerce électronique et enfin un accord de protection des investissements.

Le TPP a déjà été approuvé par quatre autres  pays de l’Asean, dont fait partie la Thaïlande : la Malaisie, le Vietnam, Brunei et Singapour.  Selon la Banque Mondiale, le traité pourrait augmenter les exportations du Vietnam d’environ 30,1%, du Japon de 23,2% et de la Malaisie de 20,1%.

TPP-VS-RCEP
Les pays du TPP, comparés à ceux du RCEP, l’initiative chinoise concurrente, dont fait déjà partie la Thaïlande.

Économiquement, le Vietnam et la Malaisie sont des pays concurrents de la Thaïlande, sachant que la Thaïlande est la 4ème économie la plus riche d’Asie du Sud-Est selon le Produit Intérieur Brut par habitant, après Singapour, Brunei et la Malaisie, et la 2éme économie de l’Asean selon le classement par la taille du PIB.

Le Partenariat Transpacifique divise le Royaume

Mais cet accord promu par les États-Unis est pour certains secteurs considéré comme un mauvais investissement sur le long terme.

Les agriculteurs thaïlandais craignent de voir le prix de leur récolte et de leur viande baisser à cause de la concurrence des produits importés, venus moins chers après la suppression des barrières tarifaires.

Ils promettent une révolte importante rythmée par des manifestations massives si le gouvernement signe.

En effet, selon le Conseil national des agriculteurs, l’adhésion pourrait provoquer la faillite de petite et moyennes exploitations agricoles dans l’ensemble du pays.

Pour Prapat Panyachatrak, le président du conseil

“ si le gouvernement adhère au TPP, une confrontation sera alors inévitable.” Il a également ajouté que “tous les fermiers étaient prêts à se déplacer pour protéger leur propre intérêt.”

Il a également souligné que le TPP endommagerait la biodiversité, la sécurité alimentaire et même la souveraineté du pays.

Selon Sitthiporn Boorananath, le président de l’association des producteurs de bétail du pays, l’accord de libre-échange entre l’Australie et la Thaïlande (TAFTA) est le meilleur exemple des impacts défavorables que peut entraîner le TPP. Ce traité signé en 2005 entre la Thaïlande et l’Australie avait entraîné une réduction considérable du nombre de bétail.

Des protestations de masse ont déjà eu lieu aux États-Unis, en Amérique latine et en Nouvelle-Zélande. Les détracteurs du TPP déclarent que celui-ci entraînerait des pertes d’emploi dans tous les pays.

Le ministère du commerce thaïlandais tente de rassurer

Le TPP est la plus vaste zone de libre-échange au monde, car à eux seuls les douze pays signataires représentent 40% de l’économie mondiale.

Depuis le coup d’État militaire du 22 mai 2014, l’économie thaïlandaise est toujours en difficulté, les exportations et la demande intérieure sont faibles.

L’adhésion au TPP pourrait être une aubaine pour la Thaïlande et ses entreprises en ouvrant de nouveaux marchés à l’exportation.

Selon la ministre du commerce Apiradi Tantraporn, le gouvernement prévoit dans tous les cas d’accroître la compétitivité du pays par la modernisation des lois et des règlements commerciaux d’investissement même si la Thaïlande ne rejoint pas le TPP.

Et avant de prononcer officiellement leur décision, le ministère du commerce a étudié les conséquences du traité grâce à une étude menée par l’Institut Panyapiwat avec les derniers rapports des États-Unis et les onze autres pays.

Les résultats sont selon eux positifs. Le TPP pourrait attirer de nouveaux investissements étrangers dans le royaume. Une étude menée par l’Institut de technologie de Panyapiwat a estimé que l’économie Thaïlandaise pourrait croître de plus de 0,77% par an grâce au TPP.

Il aidera également à promouvoir la croissance dans les secteurs manufacturiers comme l’automobile, l’électronique, l’informatique, les vêtements et le textile. Et le secteur industriel est un des plus importants dans l’économie Thaïlandaise. En effet, il représente un peu plus de 40% du PIB.

Le ministère a promis d’examiner la question du TPP avec tous les secteurs concernés. Des audiences publiques pour permettre l’expression des préoccupations et des suggestions dans toutes les régions vont être organisées.

 

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